GOODERHAM, WILLIAM, homme d’affaires et philanthrope, né le 14 avril 1824 à Scole, Norfolk, Angleterre, fils aîné de William Gooderham et de Harriet Tovell Herring, décédé le 12 septembre 1889 à Toronto.
William Gooderham accompagnait son père lorsque celui-ci s’installa à York (Toronto), en 1832. Après avoir fait des études secondaires, probablement dans cette ville, il refusa d’entrer dans l’entreprise de meunerie et de distillerie de son père et alla plutôt s’établir, en 1842, à Rochester, New York, où il entreprit une carrière dans le commerce. Issu d’une famille de tendance évangélique qui appartenait à l’Église d’Angleterre, Gooderham se convertit au méthodisme à Rochester et devint un ardent défenseur de la tempérance. Le 14 avril 1847, il épousa Margaret Bright dont la sœur, Sarah, avait épousé son cousin, James Gooderham Worts, en 1840. Le couple n’eut pas d’enfants.
Vers 1850, Gooderham et son frère James ouvrirent un « magasin général » à Norval, dans le comté de Halton, Haut-Canada. Le commerce s’avéra non rentable et ferma ses portes en 1859. Gooderham entra ensuite, à titre d’associé, à Toronto chez Taylor Brothers, commerçants de grains à Boston, mais lorsqu’il commit des erreurs de jugement coûteuses, l’association fut dissoute. Il échoua également dans diverses autres entreprises et à plusieurs reprises ses parents et amis durent lui venir en aide. L’auteur d’une notice nécrologique parue dans le Toronto World fit l’observation suivante à son sujet : « Sa carrière d’homme d’affaires révèle qu’il mettait sa confiance dans des talents qu’il n’avait pas. »
Au début des années 1870, Gooderham fut néanmoins nommé vice-président et administrateur délégué, et par la suite, en 1873, président et administrateur délégué, de la Toronto and Nipissing Railway Company, dirigée alors par son père et Worts. Il demeura à la tête de la compagnie de chemin de fer jusqu’au moment où de lourdes pertes la contraignirent à s’intégrer à un groupe d’autres compagnies ferroviaires fusionnées sous le nom de Compagnie du chemin de fer Midland du Canada. En 1871, il fut l’un des fondateurs de l’Association d’assurance sur la vie, dite la Confédération, et y représenta les intérêts de sa famille au conseil d’administration jusqu’en 1872. Son état de santé chancelant et la maladie de sa femme forcèrent Gooderham à se retirer graduellement de la gestion active des affaires au début des années 1880.
Deux événements marquèrent la dernière décennie de la vie de Gooderham. En premier lieu, sa maladie et celle de sa femme (devenue invalide en 1875) entraînèrent une nouvelle conversion au méthodisme, puis, en 1881, il reçut quelque $300 000 par voie de succession de son père. Grâce à cette somme d’argent, Gooderham se lança dans la carrière de financier et dans la philanthropie. Il investit de fortes sommes dans l’achat d’actions de plusieurs compagnies et fut élu au sein de leur conseil d’administration. Il siégea au conseil d’administration de la Compagnie du grand télégraphe du Nord-Ouest du Canada, de la Banque canadienne de commerce, de la Compagnie d’assurance de l’Ouest, de la Canada Permanent Loan and Savings Company, de la Toronto General Trusts Company et de la Compagnie d’assurance de l’Amérique britannique. De tous ses investissements, seul celui qu’il fit dans la Central Bank of Canada s’avéra une sérieuse erreur de jugement. Lorsque cet établissement fit faillite en 1888, Gooderham fut nommé l’un des liquidateurs, probablement en raison de son honnêteté reconnue et du fait qu’il détenait un grand nombre d’actions. Vu sa double responsabilité, il perdit plus de $40 000. Néanmoins, à sa mort, sa fortune fut évaluée à environ $450 000.
Après sa nouvelle conversion religieuse, Gooderham embrassa une carrière d’évangéliste qui se poursuivit jusqu’à sa mort. En dépit de sa conduite excentrique, qui allait jusqu’à importuner des étrangers dans les lieux publics pour proclamer la parole de Dieu, il était admiré pour sa générosité envers les organismes religieux. Il subventionna personnellement sept missionnaires de l’Inde, du Nord-Ouest canadien et des îles du Pacifique ; il mit sur pied un groupe de quatre jeunes gens en compagnie desquels il fit régulièrement des visites de prédication dans des salles d’hôpitaux ; il prononça des sermons dans diverses églises protestantes et fit des dons en argent à un grand nombre d’œuvres de bienfaisance. Il fut l’un des membres du conseil d’administration du Toronto Willard Tract Depository, membre du Toronto Général Hospital Trust et président du bureau de la China Inland Mission. En 1888, il fit don d’une somme de $25 000 pour la construction du Toronto Christian Institute. Il mourut l’année suivante pendant qu’il prêchait des pauvres dans un refuge de l’Armée du salut.
Le testament de Gooderham fit sensation. Une loi adoptée en 1887 prévoyait l’union de la Victoria University de Cobourg à l’University of Toronto, mais les négociations traînaient en longueur. Le testament de Gooderham y mit un terme : le testateur léguait $125 000 à la Victoria University à la condition que celle-ci s’installât à Toronto, une somme qui venait s’ajouter aux $75 000 de fonds de dotation permanente. Le rattachement à l’University of Toronto fut proclamé le 12 novembre 1890 et le déménagement, achevé en octobre 1892. En outre, Gooderham léguait $150 000 à des organismes tels que l’Upper Canada Bible Society, la Young Men’s Christian Association et la Young Women’s Christian Association, le Boy’s Home, le Girl’s Home et des foyers pour nourrissons, le Toronto Home for Incurables, la House of Industry, ainsi que l’Armée du salut.
York County Surrogate Court (Toronto), no 7 660, testament de William Gooderham, 18 janv. 1890 (mfm aux AO).— Canada, Statutes, 1871, c.54.— Christian Guardian, 18, 25 sept. 1889.— Globe, 13 févr. 1888, 13, 17–20 sept. 1889.— North Ontario Observer and General Advertiser (Port Perry, Ontario), 17 oct. 1872.— Toronto Daily Mail, 13, 17 sept. 1889.— Toronto World, 13, 19, 20, 22 sept. 1889.— Canadian biog. dict., I : 62–70, 730–732.— Chadwick, Ontarian families, I : 154.— W. H. Higgins, The life and times of Joseph Gould [...] (Toronto, 1887 ; réimpr., Belleville, Ontario, 1972), 202–212.— L. A. Johnson, History of the county of Ontario, 1615–1875 (Whitby, Ontario, 1973).— A. H. Raynar, « The arts colleges : Victoria College », The University of Toronto and its colleges, 1827–1906, [W. J. Alexander, édit.] (Toronto, 1906), 124–136.— G. R. Stevens, Canadian National Railways (2 vol., Toronto et Vancouver, 1960–1962), I : 450–453.
Leo A. Johnson, « GOODERHAM, WILLIAM (1824-1889) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/gooderham_william_1824_1889_11F.html.
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Auteur de l'article: | Leo A. Johnson |
Titre de l'article: | GOODERHAM, WILLIAM (1824-1889) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1982 |
Année de la révision: | 1982 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |