GINGRAS, ÉDOUARD (baptisé François-Édouard), charron, maître carrossier et inventeur, né le 3 juin 1806 à Québec, fils de Pierre Gingras, marchand, et de Marguerite Gaboury ; le 3 juillet 1827, il y épousa Louise Contremine, dit Jolicœur, et ils eurent 11 enfants ; décédé le 22 septembre 1857 au même endroit.
Septième d’une famille de dix enfants, Édouard Gingras se marie à l’âge de 21 ans en présence de son père et de son frère Léon. Déjà reconnu comme charron à cette époque, Gingras ne tarde pas à ouvrir son propre atelier dans sa ville natale, probablement dans la rue d’Aiguillon. En 1833, il est qualifié de maître charron dans des actes notariés ; il a des employés, dont le forgeron François Ratté qui a commencé l’année précédente et qui restera à son service durant au moins 13 ans.
Gingras a le souci de perfectionner sa technique et d’améliorer la finition de ses voitures. Il importe d’ailleurs plusieurs des pièces qu’il utilise et la preuve en est qu’en 1835 il doit faire face à une poursuite pour avoir refusé des marchandises venues d’Irlande dont il jugeait le prix trop élevé. Gingras travaille consciencieusement et, en tant que maître dans son métier et propriétaire de son atelier, il doit constamment renouveler les lignes des différents modèles qu’il offre à sa clientèle : voitures de promenade, carrosses et traîneaux. Chaque année, la mode change et les techniques se raffinent. Gingras fait preuve d’imagination et d’efficacité. Ainsi, conscient de certains problèmes quant à la suspension des voitures, il fait breveter le 16 septembre 1843 une « Nouvelle méthode pour faire des ressorts pour les voitures ».
En 1839, Gingras était devenu propriétaire d’une maison de pierre de trois étages sise au 36 de la rue Sainte-Ursule, qu’il habitait depuis neuf ans. En 1850, il en acquiert une autre dans la même rue et y installe son équipement. Le recensement de 1851 laisse voir que Gingras emploie dix personnes. Au cours de cette année-là, le Canada, qui participe à l’Exposition universelle de Londres, y envoie, entre autres, trois voitures fabriquées par Joseph Saurin, de Québec, et deux autres construites par Clovis Leduc, de Montréal.
En l’espace de quatre ans, Gingras réussira à rattraper, tant du point de vue de la qualité que du rendement financier, son concurrent Saurin, dont l’atelier de la rue Sainte-Anne donne du travail à 20 personnes. Gingras et Saurin participent tous les deux à l’Exposition universelle de Paris en 1855. Le premier y présente une voiture de luxe à quatre roues et le deuxième, un traîneau de luxe. Le choix de Gingras et de Saurin est à n’en pas douter une preuve de l’excellence de leur travail, puisqu’en 1851 le Bas-Canada compte 584 carrossiers et charrons et le Haut-Canada, 1 789. À Paris, l’auteur d’un ouvrage sur l’exposition vante les véhicules du Canada : « Ces voitures sont d’une forme élégante et la ferrure a surtout été traitée avec beaucoup de soin ; elles font honneur au goût des constructeurs. » Après l’exposition, les voitures de Gingras et de Saurin sont expédiées au Crystal Palace de Sydenham, au sud-est de Londres.
À Québec, la manufacture de Gingras continue de produire des modèles de voitures et de traîneaux, et sa renommée croit sans cesse. Mais Gingras meurt le 22 septembre 1857 après avoir appris, le jour même, qu’il vient de remporter le premier prix à une exposition tenue à Montréal. En plus d’avoir été un maître carrossier soucieux de la qualité de ses produits, Gingras s’est montré capable de mettre sur pied et de faire fonctionner une entreprise commerciale de produits finis de qualité.
Le fils d’Édouard Gingras, Édouard, qui travaillait avec lui, prend la relève de l’entreprise. En société avec son beau-père, Charles Hough, il en accroîtra encore l’importance. En 1871, celle-ci sera de loin la plus grosse manufacture de voitures du comté de Québec. Les 23 employés produiront cette année-là 407 voitures d’été et d’hiver, la plupart montées en argent.
ANQ-Q, CE1-1, 3 juin 1806, 3 juill. 1827, 25 sept. 1857 ; CN1-138, 30 juill. 1835 ; CN1-219, 22 mars 1833, 22 janv. 1845.— APC, RG 31, A1, 1851, 1871, Québec.— AVQ, VII, E, 1, quartier Saint-Louis, 1830–1856.— [J.-C. Taché], le Canada et l’Exposition universelle de 1855 (Toronto, 1856).— Journal of Education for Lower Canada (Montréal), 1 (1857) : 138.
Anne Bernatchez, « GINGRAS, ÉDOUARD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/gingras_edouard_8F.html.
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Auteur de l'article: | Anne Bernatchez |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1985 |
Année de la révision: | 1985 |
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