GIARD, LOUIS, médecin et fonctionnaire, né le 1er novembre 1809 à Saint-Ours, Bas-Canada, fils de François Giard, agriculteur, et de Marie-Charles Daigle ; le 22 juin 1840, à Saint-Pie, Bas-Canada, il épousa Lucille Drolet, fille du patriote Joseph-Toussaint Drolet, et ils eurent quatre enfants ; décédé le 4 janvier 1887 à Montréal.
Après des études au séminaire de Saint-Hyacinthe de 1821 à 1830, Louis Giard enseigna, comme ecclésiastique, au collège de Chambly, de 1830 à 1834. Ne se sentant pas appelé au sacerdoce, il quitta l’enseignement et alla, en 1834, à Montréal pour y poursuivre des études en médecine. C’est d’ailleurs à cette époque qu’il collabora à la rédaction du journal la Minerve. En avril 1837, il obtint sa licence et s’installa comme médecin à Saint-Pie.
En 1848, Giard accepta le poste de secrétaire du bureau d’Éducation du Bas-Canada (ancêtre du département de l’Instruction publique créé en 1856), allant ainsi rejoindre l’un de ses confrères, le docteur Jean-Baptiste Meilleur*, alors surintendant de l’Éducation pour le Bas-Canada ; il restera au service de l’éducation jusqu’en 1882, c’est-à-dire durant 34 ans. Giard fut associé de très près aux différents événements qui marquèrent la surintendance de Meilleur : la « guerre des éteignoirs », à la suite de la loi scolaire de 1846, la nomination des premiers inspecteurs et l’enquête de Louis-Victor Sicotte en 1853, qui entraîna le départ de Meilleur. Malgré la démission de celui-ci en 1855, le docteur Giard continua sa collaboration à ses successeurs, Pierre-Joseph-Olivier Chauveau, surintendant de l’Éducation de 1855 à 1867 et ministre de l’Instruction publique de 1868 à 1873, Gédéon Ouimet* (1873–1874) et Charles-Eugène Boucher* de Boucherville (1874–1875).
En tant que secrétaire du département de l’Instruction publique, Giard exerçait surtout les fonctions d’un contrôleur général ; d’une part, il devait distribuer aux différentes commissions scolaires les sommes prévues par le gouvernement au chapitre de l’éducation et, d’autre part, il devait veiller à ce que chaque municipalité prélève, par le moyen de taxes, un montant égal à celui fourni par le gouvernement. De plus, il avait pour tâche d’assister le surintendant dans la rédaction du rapport annuel sur l’état des écoles, sur les dépenses engagées et sur les améliorations suggérées. À ses débuts en 1848, Giard touchait un salaire annuel de £175 et, l’année suivante, ses émoluments furent haussés à £225.
Giard fut surintendant de l’Instruction publique pro tempore du 15 juillet 1867 jusqu’à l’adoption de la loi précisant les fonctions du ministre de l’Instruction publique, le 24 février 1868 ; il réintégra alors la fonction de secrétaire au sein du nouveau ministère. Le 17 décembre 1859, le docteur Giard avait été nommé secrétaire-archiviste du conseil de l’Instruction publique, créé en 1856 en même temps que le département. Il fut désigné, en août 1869, pour partager avec Henry Hopper Miles le poste de secrétaire du conseil de l’Instruction publique. Cette institution venait d’être divisée en deux comités,’l’un catholique (14 membres) et l’autre protestant (7 membres) ; chacun des deux secrétaires assumait les fonctions propres à sa confession. Le conseil prenait la plupart des décisions importantes en matière d’éducation, que le ministère devait par la suite mettre à exécution. Durant les premières années de la Confédération, le conseil adopta plusieurs mesures pour mettre au point une structure scolaire de type confessionnel, uniformiser l’enseignement dans les écoles normales, installer des bureaux d’examinateurs, améliorer le salaire des instituteurs et promouvoir l’enseignement de l’agriculture et des sciences.
En 1875, le ministère de l’Instruction publique fut reconverti en département (Ouimet en sera le surintendant de 1876 à 1895) et le conseil subit une modification importante ; désormais, tous les évêques catholiques dont le diocèse était situé au Québec pouvaient siéger au conseil et diriger l’orientation de l’enseignement. Le comité catholique se trouva donc composé de sept évêques et de huit laïcs, incluant le surintendant, tandis que le comité protestant avait un nombre de membres correspondant à celui des laïcs de l’autre section. On peut supposer que Giard a joué un rôle essentiel dans la réorganisation de ces structures administratives. C’est probablement pour cette raison qu’il adressa, à cette époque, une requête afin d’obtenir une compensation monétaire pour ses nombreuses années de bénévolat au conseil de l’Instruction publique. On ignore cependant si cette démarche eut des résultats.
En septembre 1882, le docteur Giard fut nommé officier d’académie par Jules Ferry, ministre de l’Instruction publique en France, responsable de la laïcisation de l’enseignement dans les écoles publiques. Bien qu’honorifique, ce titre n’empêcha pas les ultramontains de parler de déshonneur national et d’accuser Giard d’appartenir à la franc-maçonnerie. La même année, celui-ci donna sa démission comme secrétaire du département (et probablement du conseil) de l’Instruction publique, en raison de son âge avancé. D’ailleurs, on lui avait donné, dès 1880, un adjoint en la personne d’Oscar Dunn, qui lui succéda et occupa son poste jusqu’en 1885.
Giard collabora aussi au Journal de l’Instruction publique. Rédacteur en chef à partir de 1868, il eut pour assistant Pierre Chauveau, fils du premier ministre. Selon André Labarrère-Paulé, « le rôle de Giard ne paraît avoir été que nominal. Secrétaire au ministère de l’Instruction publique, il [était] une garantie, sans plus. » Il semble que la responsabilité du journal relevait davantage de l’abbé Hospice-Anthelme-Jean-Baptiste Verreau*, principal de l’école normale Jacques-Cartier. Toutefois, l’arrivée du docteur Giard et de Pierre Chauveau à ce journal marqua une période où le contenu allait devenir de plus en plus varié ; ainsi, on peut y retrouver des articles sur la pédagogie et la culture générale, des études sur la colonisation, des biographies et des exercices pratiques d’arithmétique proposés aux instituteurs. Cependant, à la suite du départ de Pierre Chauveau, en 1872, la qualité du journal se détériora ; la partisanerie et les préjugés commencèrent à dicter de trop nombreux articles. Le journal cessa de paraître en 1879.
Louis Giard a joué le rôle d’un fonctionnaire clé dans le domaine de l’éducation et, à plusieurs occasions, il a su influencer les ministres et les surintendants dans leurs choix politiques et les projets de loi à adopter. Il décéda en janvier 1887, à l’âge de 77 ans, chez son gendre, Louis-Wilfrid Sicotte.
J.-B. Meilleur, Mémorial de l’éducation du Bas-Canada [...] (2e éd., Québec, 1876), 354.— Procès-verbaux du conseil de l’Instruction publique (2 vol., Québec, s. d.), I.— Le Canadien, 17 avril 1837, 3 juill. 1840, 23 août 1869, 22 sept. 1874, 5, 15 janv., 8 oct. 1877, 15 sept. 1882, 10 mai 1883, 4, 5 mars, 3 juill. 1886.— La Minerve, 5, 8 janv. 1887.— L.-P. Audet, Hist. de l’enseignement, II : 350s. ; Histoire du conseil de l’Instruction publique de la province de Québec, 1856–1964 (Montréal, 1964) ; Le système scolaire, V.— [Pierre] Boucher de La Bruère, Le conseil de l’Instruction publique et le comité catholique (Montréal, 1918).— André Labarrère-Paulé, Les laïques et la presse pédagogique au Canada français au XIXe siècle (Québec, 1963), 7–35, 83–121.— Georges Côté, « Le département de l’Instruction publique », Contact (Québec), no 11 (oct. 1952) : 63.
Louis-Philippe Audet, « GIARD, LOUIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/giard_louis_11F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1982 |
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