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GAUVIN, CHARLES-ÉDOUARD (baptisé Marie-Joseph-Charles-Édouard), dessinateur, arpenteur, ingénieur civil et fonctionnaire, né le 27 août 1853 à Québec, fils de Joseph Gauvin, marchand, et de Bernardine Gagnon ; neveu d’Ernest Gagnon* ; le 10 juillet 1877, il épousa au même endroit Ann Chaloner, et ils eurent trois garçons et sept filles ; décédé le 10 avril 1935 à Québec.
Charles-Édouard Gauvin étudie d’abord à l’école normale Laval, à Québec, puis fait un stage chez Joseph-Ferdinand Peachy*, architecte, et chez Charles Baillairgé*, architecte, ingénieur et arpenteur. Le 16 avril 1874, il est assermenté et autorisé à pratiquer la profession d’arpenteur provincial.
Gauvin a toutefois commencé sa carrière professionnelle un peu plus tôt en travaillant au bureau de cadastre de la ville de Québec, au département des Terres de la couronne ; il le fait à titre de clerc en 1872–1873, puis de dessinateur en 1874–1875. Le 3 janvier 1876, il obtient un poste de dessinateur et d’arpenteur pour le même département, au salaire annuel de 900 $. Jusqu’en 1878, en tant que dessinateur, il assiste Eugène-Étienne Taché*, commissaire adjoint du département, dans la préparation des plans de l’Hôtel du Parlement à Québec. Les grands projets de construction de voies ferrées, qui caractérisent cette époque, le mobilisent également. Gauvin collabore notamment, en 1879, à la réalisation du tracé du chemin de fer de Québec et du lac Saint-Jean. En 1881–1882, il est aide-ingénieur en chef et assume la direction d’une partie des travaux de construction du chemin de fer Québec central. Au cours de ces années, probablement à titre privé, il pratique aussi son métier d’arpenteur dans plusieurs localités de la province.
Le 29 octobre 1882, Gauvin accède à une charge plus importante en devenant surintendant des arpentages au département des Terres de la couronne, poste qu’il occupera jusqu’en 1910. Sa polyvalence lui vaut d’être associé à divers projets. Ainsi, en 1888, lorsque le commissaire du département, Pierre Garneau*, privilégie la construction de ponts métalliques et que le premier ministre, Honoré Mercier*, pour combler un besoin d’expertise, ordonne l’embauche de l’ingénieur belge Gérard Macquet, c’est à Gauvin qu’échoit la tâche d’assister le nouveau venu dans la préparation des devis et dans la direction des travaux de construction du pont de la rivière Malbaie et du pont Garneau, sur la rivière Chaudière. En 1896, Gauvin prépare un rapport sur le choix d’un emplacement pour le futur pont de Québec [V. Phelps Johnson*] ; il le remet à Edmund James Flynn*, premier ministre de la province de Québec et commissaire des Travaux publics.
Au tournant du xxe siècle, le savoir-faire de Gauvin reste toujours recherché. Les promesses de développement économique liées à la houille blanche et la décision du comité judiciaire du Conseil privé à Londres – qui statue en 1898 que les forces hydrauliques sont une richesse naturelle sous la compétence des provinces – convainquent le gouvernement provincial de la nécessité d’inventorier le potentiel des cours d’eau et de mieux en suivre la mise en valeur. Pour ce qui est entre-temps devenu le département des Terres, des Forêts et des Pêcheries, puis celui des Terres, des Mines et des Pêcheries (et qui deviendra le département des Terres et des Forêts en 1905), Gauvin signe de nombreux rapports sur le potentiel hydroélectrique des rivières, à titre d’ingénieur civil à partir de 1898, puis d’ingénieur des forces hydrauliques à partir de 1907. Comme le service hydraulique n’est créé qu’en 1909, il travaille selon les directives du ministre et est rétribué par le département pour ses travaux d’inspection et d’évaluation du potentiel des rivières.
Gauvin ne se satisfait pas seulement de ses diverses réalisations d’arpenteur et d’ingénieur civil. Assez tôt dans sa carrière, il commence à se préoccuper des intérêts professionnels des arpenteurs. Il est membre de la Corporation des arpenteurs-géomètres de la province de Québec dès sa fondation, le 27 mai 1882 ; il le sera d’ailleurs jusqu’à sa mort, ce qui lui vaudra de devenir le doyen des arpenteurs. Le 7 juillet 1885, cet homme, au caractère affable et fin causeur, accède au bureau de direction de la corporation. Élu secrétaire-trésorier, il assumera ces responsabilités jusqu’au 11 avril 1907.
Vers 1890, Gauvin accepte de préparer un mémoire sur le langage technique des arpenteurs-géomètres francophones. Il se dit particulièrement conscient que les arpenteurs utilisent un grand nombre d’anglicismes, d’expressions et de termes incorrects dans les documents officiels de leur profession. Il affirme aussi souscrire à un mouvement qui, depuis quelques années, se préoccupe d’épurer la langue française et dans lequel sont parties prenantes la presse canadienne-française et différents écrivains. Dans son analyse de la situation, Gauvin attribue le mauvais langage technique des arpenteurs canadiens-français à l’utilisation presque exclusive de textes de langue anglaise pendant leur formation. À l’aide de dictionnaires et d’ouvrages généraux, il étudie le vocabulaire et propose des solutions qu’il présente, en 1893, 1894 et 1896, à l’assemblée annuelle des membres de la corporation. Intitulées « Notre langue technique », ces communications sont publiées dans les rapports annuels de l’association. Gauvin a aussi adhéré à la Société canadienne des ingénieurs civils dès sa fondation, en 1887, par Thomas Coltrin Keefer*.
C’est au service du gouvernement fédéral que Gauvin effectue la dernière partie de sa carrière. Le 1er juillet 1909, il devient secrétaire de la Commission des champs de bataille nationaux (CCBN), nomination entérinée par le gouverneur en conseil le 12 mars 1910. Entre-temps, selon les procès-verbaux de la CCBN, il « agit comme secrétaire », formulation pour désigner un intérim. Sa nomination cause d’ailleurs quelques remous. Ce poste de secrétaire permanent est convoité par Honoré-Julien-Jean-Baptiste Chouinard, qui est déjà l’un des trois secrétaires intérimaires de la CCBN. Ce dernier a été fort actif dans l’organisation des fêtes du tricentenaire de la ville de Québec et dans l’établissement de ce qui deviendra un parc national. Il bénéficie de plus du soutien de la Société Saint-Jean-Baptiste de la cité de Québec. Mais, pendant la séance du conseil d’administration de la CCBN du 15 mai 1909, sir Georges Garneau*, président, annonce le choix de Gauvin. Il justifie sa décision par le fait que Gauvin est ingénieur civil et arpenteur et qu’il saura aider la commission dans son mandat d’acquérir des terrains en vue de créer un parc national. Gauvin occupe ce poste de secrétaire de la CCBN jusqu’au 14 mars 1935, soit moins d’un mois avant son décès, lequel survient au terme d’une maladie sérieuse qui l’affectait depuis le mois d’août 1934.
Au delà de ses fonctions officielles et des nombreux rapports qu’il a écrits, Charles-Édouard Gauvin se distingue encore par ses collaborations à la page réservée aux enfants dans l’Action catholique, l’Almanach de l’Action sociale catholique et l’Apôtre, périodiques de Québec. Dans la notice nécrologique publiée le 10 avril 1935 dans l’Action catholique, on affirme qu’il « était un écrivain distingué et un conteur inimitable ». D’autres ont en outre souligné sa philanthropie et sa grande discrétion. Gauvin a sans doute contribué à la stabilité et au développement de la Corporation des arpenteurs-géomètres de la province de Québec et de la CCBN par sa longue présence, respectivement à titre de secrétaire-trésorier et de secrétaire, pendant les débuts de ces organisations. Il a également occupé le poste de surintendant des arpentages durant de nombreuses années. Aussi, en souvenir de Gauvin, se sont rassemblés à ses funérailles des personnages éminents de la vie publique et du monde professionnel.
Arch. de la Commission des champs de bataille nationaux (Québec), Procès-verbaux de la Commission des champs de bataille nationaux, 1908–1935.— BAnQ-Q, CE301-S1, 30 août 1853 ; CE301-S98, 10 juill. 1877 ; Index BMS, dist. judiciaire de Québec, Saint-Cœur-de-Marie, 12 avril 1935.— L’Action catholique (Québec), 10, 12 avril 1935.— Claude Bellavance, « l’État, la “houille blanche” et le grand capital : l’aliénation des ressources hydrauliques du domaine public québécois au début du xxe siècle », RHAF, 51 (1997–1998) : 487–520.— Corporation des arpenteurs-géomètres de la prov. de Québec, Annuaire ([Québec]), 1934–1935 : 27–28 ; Rapport annuel (Québec), 1888–1898.— Michel L’Hébreux, le Pont de Québec (Sillery [Québec], 2001).— D. [P]. Massell, Amassing power : J. B. Duke and the Saguenay River, 1897–1927 (Montréal, 2000).— J.-R. Pelletier, Arpenteurs-géomètres, un siècle, 1882–1982 (Québec, 1982).— Québec, Parl., Doc. de la session, 1899–1911 (rapports du ministre des Terres, Forêts et Pêcheries, puis du ministre des Terres, Mines et Pêcheries, et finalement du ministre des Terres et Forêts, 1898–1910).
Normand Perron, « GAUVIN, CHARLES-ÉDOUARD (baptisé Marie-Joseph-Charles-Édouard) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/gauvin_charles_edouard_16F.html.
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Auteur de l'article: | Normand Perron |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2015 |
Année de la révision: | 2015 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |