GADOIS, dit Mauger, JACQUES (il signait souvent J. Gadois Mogé), orfèvre et marchand, baptisé à Montréal le 22 août 1686, fils de Pierre Gadois*, armurier, et de Jeanne Besnard ; il épousa à Montréal le 21 septembre 1714 Marie-Madeleine Chorel de Saint-Romain, dit d’Orvilliers ; inhumé le 24 novembre 1750 dans sa ville natale.

Jacques Gadois adopta le surnom de Mauger, probablement en souvenir de sa grand-mère, Louise Mauger, épouse de Pierre Gadoys*, premier habitant à recevoir une concession à Montréal. À l’époque de son mariage, célébré en 1714, Gadois était déjà orfèvre, comme l’attestent son contrat et son acte de mariage qu’il signa la même journée. Ces deux documents constituent toutefois les seules preuves permettant d’affirmer que Gadois exerça ce métier. Plusieurs œuvres lui sont attribuées, dont une tasse et un gobelet en argent massif conservés chez les religieuses de la Congrégation de Notre-Dame, à Montréal, et qui portent le poinçon M.G. Quelques autres pièces d’orfèvrerie portent un poinçon semblable : MG/fleur de lys/MG/fleur de lys ; mais rien ne nous permet d’affirmer avec certitude que ces poinçons correspondent vraiment à la marque de Gadois. Il n’est pas rare que de tels problèmes se rencontrent dans l’étude de l’orfèvrerie au xviiie siècle. En effet, aucun document ne nous a transmis l’enregistrement des poinçons d’orfèvres, lacune qu’aurait probablement pu combler l’existence d’une corporation professionnelle en Nouvelle-France.

Gadois vécut à Montréal durant toute sa vie. Selon Édouard-Zotique Massicotte*, il aurait habité, jusqu’à l’incendie de 1721, une maison située rue Capitale, dans le quartier le plus commercial du temps. Vers 1741, si l’on se fie à un recensement effectué cette année-là par la Compagnie des Indes, il était installé rue Saint-Paul. D’autre part, plusieurs documents, tirés de greffes de notaires de Montréal et des jugements et délibérations du Conseil supérieur, nous permettent d’affirmer non seulement que Gadois passa sa vie dans la région de Montréal, mais qu’il y fut marchand durant plus de 27 ans. En effet, Gadois signa, de 1721 à 1748, un grand nombre de contrats dans lesquels il est toujours désigné comme marchand, négociant ou bourgeois de Ville-Marie. Il en est de même pour toutes les causes dans lesquelles il fut impliqué à la même époque. Cela expliquerait en grande partie pourquoi nous ne retrouvons que très peu de renseignements sur sa carrière d’orfèvre. Il est fort possible que Gadois ait délaissé son art très tôt pour ne s’intéresser qu’au commerce. Cependant, un document tiré des livres de comptes de l’église Notre-Dame de Montréal pour l’année 1729 pourrait nous en faire douter : il s’agit d’une liste de pièces d’orfèvrerie portant la signature de Gadois et mentionnant une croix, un Christ et un encensoir. Malgré certaines affirmations contraires, il n’est pas évident que le signataire ait été l’auteur des travaux mentionnés, car Gadois est désigné dans le même document comme « marguillé en charge de leuvre et fabrique de l’église paroissiale de ville marie ». C’est probablement en tant que marguillier et non comme orfèvre que Gadois, dit Mauger, apposa sa signature.

Même si la carrière artistique de Gadois fut très courte, elle ne doit pas être ignorée car l’orfèvrerie n’a connu que de très rares adeptes en Nouvelle-France. Le Musée du Québec possède une cuiller à potage en argent portant son poinçon marqué au chiffre C.H.L.B. avec les armes du chevalier Le Borgne.

Michel Cauchon et André Juneau

ANDM, Livres de comptes, 17241735.— ANQ-M, Greffe de Michel Lepailleur, 21 sept. 1714 ; Registre d’état civil, Notre-Dame de Montréal, 21 sept. 1714.— IOA, Dossier Jacques Gadois, dit Mauger, orfèvre.— Recensement de Montréal, 1741 (Massicotte).— Tanguay, Dictionnaire.— Langdon, Canadian silversmiths.— Gérard Morisset, Évolution dune pièce dargenterie (« Collection Champlain », Québec, 1943).— Traquair, Old silver of Quebec.— Marius Barbeau, Deux cents ans d’orfèvrerie chez-nous, MSRC, 3e sér., XXXIII (1939), sect.i : 183189.— É.-Z. Massicotte, À propos de congés, BRH, XXXII (1926) : 296300 ; L’incendie du vieux Montréal en 1721, BRH, XXXII (1926) : 583608 ; Orfèvres et bijoutiers du régime français, BRH, XXXVI (1930) : 31.— Gérard Morisset, La tasse à quêter, MSRC, 3e sér., XLI (1947), sect.i : 65.

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Michel Cauchon et André Juneau, « GADOIS, dit Mauger, JACQUES (J. Gadois Mogé) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/gadois_jacques_3F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1974
Année de la révision:    1974
Date de consultation:    28 novembre 2024