FUTVOYE, GEORGE, rédacteur, fonctionnaire, avocat et officier de milice, né le 13 mai 1808 à Londres ; il épousa Catherine Hedwige Lozeau ; il eut au moins deux fils ; décédé le 29 décembre 1891 à Saint-Jean (Saint-Jean-sur-Richelieu, Québec).
Peu après son arrivée au Canada en 1837, George Futvoye est d’abord rédacteur du Morning Courier de Montréal. Puis, sous le gouvernement de lord Durham [Lambton*], on le nomme inspecteur des écoles protestantes du Bas-Canada, poste qu’il quitte en 1840 pour occuper pendant quatre ans celui de greffier de la ville de Québec. Intéressé au droit, il devient en 1845 le secrétaire de la commission d’enquête sur le département des Terres de la couronne. Par la suite, il dirige la préparation du cadastre des terres du Haut-Canada. Admis au barreau au Bas-Canada le 18 août 1848, Futvoye poursuit néanmoins sa carrière dans la fonction publique. Du 2 mai 1852 jusqu’à la Confédération, il remplit la charge de commis permanent au bureau du procureur général, fonction qui fait de lui un familier des hommes politiques les plus puissants du Bas et du Haut-Canada, car il doit veiller à la coordination et à la cohérence des lois.
Futvoye cumule d’autres tâches administratives. En 1854, il est secrétaire de la commission chargée d’enquêter sur les causes de l’incendie des édifices du Parlement de Montréal [V. James Bruce*] et, en 1862, inspecteur des bureaux d’enregistrement du Bas-Canada. En outre, il participe à plusieurs commissions d’enquête sur l’administration publique et restera toute sa vie membre d’office du Bureau du service civil et du Bureau d’audition [V. John Langton]. En 1867, on le nomme conseiller de la reine, signe évident d’une carrière réussie tant en qualité d’homme de loi que de fonctionnaire parvenu aux échelons supérieurs de la petite fonction publique d’alors. George-Étienne Cartier*, ministre de la Milice et de la Défense à partir de 1867, qui apprécie les talents de Futvoye, en fait son secrétaire et s’apprête à lui confier de hautes responsabilités administratives.
Tout au long des années 1860, le Canada a fait face à des questions épineuses concernant la défense : la crainte d’une invasion américaine à la suite de la défaite des États du Sud en 1865 ; la menace de raids féniens [V. John O’Neill*] ; la perspective du retrait par la Grande-Bretagne de ses troupes et la première rébellion des Métis sous Louis Riel* en 1869–1870. Le gouvernement britannique a alors encouragé fortement la formation d’une organisation militaire canadienne capable de mobiliser une partie de la population. Au milieu des années 1860, la milice volontaire au Bas et au Haut-Canada était nombreuse et dotée d’armes modernes ; quant aux crédits alloués à l’époque de la Confédération, ils étaient suffisants. Les milices volontaires du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse se trouvaient également en bon état. De plus, en 1867, en vertu de l’Acte de l’Amérique du Nord britannique, le Canada a obtenu le pouvoir de maintenir une force armée, tant permanente que volontaire. Aussi pense-t-on à organiser un département qui s’occuperait de toutes les questions de défense. Le 29 mai 1868, Cartier confie à Futvoye le poste de sous-ministre de son nouveau département.
De toute évidence, le nouveau sous-ministre, âgé de 60 ans, ne semble pas intéressé particulièrement par les questions militaires et a peu d’expérience dans le métier des armes. Le grade de major qu’il possède depuis 1865 est purement honorifique et ne relève pas de la milice volontaire, la « vraie », mais de celle de réserve, rarement appelée, qui dénombre tous les hommes en état de porter les armes. Cependant, il découvre rapidement les avantages que procure son nouveau poste puisque, dès le 3 juillet 1868, son fils Isaac Booth reçoit son brevet de lieutenant en premier dans la batterie d’artillerie de la milice volontaire de Saint-Jean, au Québec.
Durant le mandat de Futvoye, la situation de la milice volontaire dégénère lentement mais sûrement, malgré les discours martiaux que Cartier prononce devant les bataillons qu’il visite. L’armement des années 1860 est bientôt périmé avec l’apparition dans l’armée britannique en 1871 de la puissante carabine Martini-Henry ; le matériel désuet de l’artillerie fait même l’objet d’une brochure qui gagne en 1877 un prix du gouverneur général lord Dufferin [Blackwood*]. Les crédits pour le département de la Milice et de la Défense sont considérablement réduits, et en conséquence le nombre de miliciens volontaires décline. En octobre 1871, le gouvernement ne peut lever qu’une minuscule force régulière de deux batteries d’artillerie afin de tenir garnison dans les forts de Québec et de Kingston, en Ontario, et de servir d’école de canonniers pour remplacer les troupes britanniques. Il n’y a également qu’un maigre bataillon d’infanterie à Winnipeg. Ces troupes régulières, appelées milices permanentes, sont aussi mal armées que les volontaires. L’établissement à Kingston du Royal Military College of Canada, approuvé en mai 1874 [V. Edward Osborne Hewett], constitue sans doute la plus belle réussite du mandat de Futvoye. Bien que du point de vue strictement militaire l’utilité de cet établissement soit discutable, il s’agit du premier collège à former des ingénieurs au Canada.
George Futvoye prend sa retraite le 10 janvier 1875, et s’établit à Saint-Jean. Nommé plus tard lieutenant-colonel de la milice de réserve, il meurt le 29 décembre 1891 et son corps est inhumé le 31 dans le cimetière de la paroisse catholique Saint-Jean-l’Évangéliste. Futvoye ne fut guère novateur à titre de sous-ministre. Travaillant dans un domaine peu familier, il resta en retrait et n’aborda pas les grandes questions en matière de défense nationale comme le firent les adjudants généraux Patrick Leonard MacDougall, Patrick Robertson-Ross* et Edward Selby Smyth. Il semble d’ailleurs que ces derniers n’eurent pas l’entier soutien du sous-ministre et que cette situation se maintint jusqu’au tournant du siècle.
AC, Iberville (Saint-Jean-sur-Richelieu), État civil, Catholiques, Saint-Jean-l’Évangéliste (Saint-Jean-sur-Richelieu), 9 janv. 1879, 31 déc. 1891.— AN, MG 26, A : 162488 ; MG 30, D1, 13 : 653–655 ; RG 8, I (C sér.), 184 : 34, 181 ; 604 : 231.— Canada, Parl., Doc. de la session, 1868–1875 (rapport annuel sur la milice).— G. [-É.] Cartier, Discours de sir George Cartier [...], Joseph Tassé, édit. (Montréal, 1893).— L’Événement, 30 déc. 1891.— Gazette (Montréal), 30 déc. 1891.— Volunteer Review and Military and Naval Gazette (Ottawa), 1867–1874.— F.-J. Audet, « Commissions d’avocats de la province de Québec, 1765 à 1849 », BRH, 39 (1933) : 594.— Canada directory, 1857–1858 : 787, 1001.— Cyclopædia of Canadian biog. (Rose et Charlesworth), 2 : 782.— Mariages du comté de Saint-Jean (1828–1950), Irénée Jetté et al., compil. (Sillery, Québec, 1974), 192.— The militia list of the Dominion of the Canada (Ottawa), 1868–1875.— Militia reports, 1868–1875.— Political appointments, 1841–1865 (J.-O. Coté ; 1866), 13.— Political appointments and judicial bench (N.-O. Coté), 130.— P.-G. Roy, les Avocats de la région de Québec, 179.— The year book and almanac of Canada [...] (Montréal), 1868.— John Boyd, Sir George Étienne Cartier, bart., his life and times ; a political history of Canada from 1814 until 1873 [...] (Toronto, 1914), 291–295.— E. J. Chambers, The Canada militia, a history of the origin and development of the force (Montréal, 1907).— Chouinard et al., la Ville de Québec, 3 : 19.— R. H. Davis, The Canadian militia ! its organization and present condition (Caledonia, Ontario, 1873).— C. E. Montizambert, Dominion Artillery Association : prize essay (Québec, 1877) ; Prize essay, on the supply, care, and repair of artillery material, including small arms and ammunition for Canadian militia (Québec, 1877).
René Chartrand, « FUTVOYE, GEORGE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/futvoye_george_12F.html.
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Auteur de l'article: | René Chartrand |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1990 |
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