Titre original :  Photograph Henry Fry, Montreal, QC, 1872 William Notman (1826-1891) 1872, 19th century Silver salts on paper mounted on paper - Albumen process 17.8 x 12.7 cm Purchase from Associated Screen News Ltd. I-70328.1 © McCord Museum Keywords:  Photograph (77678)

Provenance : Lien

FRY, HENRY, courtier maritime, propriétaire de navires, réformateur, fonctionnaire et auteur, né le 5 juin 1826 à Bristol, Angleterre, aîné des dix enfants de George Fry, boucher, et de Charlotte Augusta Goss ; le 9 décembre 1858, il épousa à Montréal Mary Jane Dawson, et ils eurent une fille et six fils ; décédé le 27 février 1896 à Sweetsburg, Québec.

Henry Fry commença sa carrière dans le transport maritime à l’âge de 12 ans, lorsqu’il entra à titre d’apprenti à la société de courtage de Mark Whitwill, à Bristol. Dès l’âge de 19 ans, c’est lui qui affrétait les navires de la compagnie au pays de Galles et, un an plus tard, il se mit à faire régulièrement des voyages d’affaires à Londres. Devenu un associé de la compagnie en 1851, il fit sa première visite à Québec en 1854 pour y représenter la société de Whitwill durant la saison et superviser la récupération et la remise en état de deux bateaux pris dans les glaces. Il s’acquitta si bien de sa tâche que la Lloyd’s de Londres lui envoya un beau chèque. Cependant, comme la guerre de Crimée monopolisait une bonne partie des navires, il eut de la difficulté à en acheter un ou deux, conformément aux instructions reçues, et ne put se procurer, au prix fort, qu’un petit trois-mâts barque. Au retour, comme son associé lui reprochait de s’être mal tiré d’affaire, il acheta la part que Whitwill détenait dans le navire. La saison suivante, il représenta de nouveau ce dernier à Québec ; il y revint en 1856, mais ce fut à son propre compte, à titre de propriétaire de navires, d’agent de transport maritime et de représentant de la Lloyd’s de Gaspé à Sorel. Déjà, il était entièrement-ou partiellement propriétaire de quatre bâtiments et, au fil des 30 années suivantes, il en acheta (seul ou en copropriété) 18 autres, qu’il exploitait lui-même. On peut mentionner par exemple le Devonshire et le Cosmo, construits respectivement en 1860 et 1877 par Henry Dinning*, dont il admirait le travail, ainsi que le Rock City, construit en 1868 par Henry Warner et Lauchlan McKay, frère du célèbre constructeur américain de clippers Donald McKay. Fry commanda tous ces navires pour donner du travail aux charpentiers de Québec pendant des périodes particulièrement difficiles. Mais ceux-ci n’étaient pas les seuls à avoir besoin d’aide. De 1861 à 1864, à la demande de Dinning, il se porta aussi au secours d’Édouard Trahan, bon constructeur qui manquait de capital, en lui commandant quatre bâtiments. Financer les constructeurs de navires n’était cependant pas une habitude chez lui ; il investissait plutôt ses bénéfices dans une entreprise d’exportation de bois, qu’il appelait sa « marotte ». Il passait la plupart de ses hivers en Grande-Bretagne, à s’occuper de ses affaires. En 23 ans, il traversa l’Atlantique 37 fois, en se mettant souvent en route en janvier, soit au moment où les conditions de navigation étaient les plus mauvaises. En 1873, son frère Edward Carey devint son associé et la firme prit le nom de Henry Fry and Company.

Fry exerça de nombreuses fonctions dans le milieu des affaires. De 1864 à 1878, il fit partie du conseil d’administration de la Banque de Québec ; de 1868 à 1871, il fut président du Bureau de commerce. Vice-président de la Chambre de commerce de la Puissance en 1872, il en fut président l’année suivante. Il fit partie du conseil de la Commission du havre de Québec, d’abord en qualité de membre d’office de 1866 à 1868, après quoi, de 1875 à 1879, il y fut l’un des deux représentants élus par les « armateurs ».

D’un côté comme de l’autre de l’Atlantique, les transporteurs maritimes connaissaient bien Fry, tant pour sa position courageuse contre l’enrôlement forcé de marins que parce qu’il avait réussi à faire appliquer de nouveau d’anciennes lois qui interdisaient les pontées en hiver et réglementaient la manutention des cargaisons de grain en vrac. Bon nombre de pertes de vie, soutenait-il, étaient attribuables aux pratiques courantes. Durant toutes ces années où il fut propriétaire de navires, quatre hommes seulement trouvèrent la mort sur les bâtiments qu’il exploitait ; si le nombre des pertes était si peu élevé, c’était, disait-il, parce qu’il interdisait les pontées après le 1er octobre. Ses connaissances et son jugement en matière maritime étaient tels que la Cour de vice-amirauté de la ville de Québec faisait souvent appel à lui à titre d’évaluateur. On ne se surprendra donc pas que Basil Greenhill, ancien administrateur du National Maritime Museum de Londres, en parle comme d’« une figure remarquable de l’histoire maritime du Canada ».

Fry manifestait aussi sa conscience sociale en participant aux affaires communautaires, comme il en a parlé dans ses mémoires. Membre du conseil d’administration de la Quebec High School de 1866 à 1877, il fut commissaire protestant au conseil de l’Instruction publique en 1876–1877. Devenu conseiller consultatif de l’Asile des dames protestantes en 1865, et il fit partie de son conseil d’administration jusqu’en 1877. Président de la Young Men’s Christian Association de 1870 à 1878, il fut membre du comité de direction de la Young Women’s Christian Association de 1875 à 1877. De plus, il fit partie du comité de direction de l’Evangelical Alliance de 1873 à 1877, et de celui de la Bible Society, dont il fut vice-président de 1857 à 1878, en plus d’assumer la charge de commissaire de la Religious Tract Society de 1857 à 1877. Nommé trésorier de la Société littéraire et historique de Québec en 1867, il demeura au conseil d’administration jusqu’en 1872. En outre, il fut trésorier de la Baptist Church de 1875 à 1877 et de la Mission de la cité de Québec de 1870 à 1877.

Henry Fry prenait la plume non seulement pour écrire, mais pour dessiner. « Reminiscences », écrit pour son fils Henry en 1891, est illustré de jolis dessins des navires dont il était propriétaire. Par la suite, il y ajouta « Leaves of my life », série de dessins qui représentent d’autres bâtiments dont il parlait dans ses mémoires. Il écrivit pour la Chambre de commerce de la Puissance un texte sur les pontées et les cargaisons de grain qui fut reproduit en 1873 dans le Nautical Magazine. En 1895, il publia une brochure à Québec, Lloyd’s : its origin, history and methods et, dans le Canadian Magazine, un article intitulé « Shipbuilding in Quebec » dans lequel il demandait au gouvernement de subventionner la construction des navires de métal. Passionné par l’utilisation de la vapeur, il la préconisa tôt, et au cours de ses visites en Grande-Bretagne il se rendit souvent dans des chantiers où l’on construisait des vapeurs. The history of North Atlantic steam navigation with some account of early ships and shipowners – son dernier ouvrage, paru à Londres et à New York en 1896, l’année de sa mort – demeure le livre tout indiqué pour conserver sa mémoire.

Eileen Marcil

L’auteure aimerait remercier monsieur John Fry, de New York, ainsi que Mme Lucy Fry Webster, de Truro, en Nouvelle-Écosse, pour les documents qu’ils lui ont permis de consulter, notamment les « Reminiscences » de Henry Fry.

Fry fut un auteur prolifique, surtout pendant sa retraite, et nombre de ses écrits sont restés à l’état de manuscrits. Outre les ouvrages mentionnés dans le texte, il a publié : Atlantic steam navigation (Québec et Bristol, Angl., 1883), et A biographical sketch of Sir N. F. Belleau from Home Journal, for October 1894 (Québec, 1894).  [e. m.]

AN, RG 42, E1, 1293–1402.— ANQ-M, CE1-109, 9 déc. 1858.— ANQ-Q, CN1-51, 29 avril 1873 ; F2.— Literary and Hist. Soc. Arch. (Québec), L1, B.— Gazette (Montréal), 28 févr. 1896.— Judith Fingard, Jack in port : sailortowns of eastern Canada (Toronto, 1982), 207.— Basil Greenhill et Ann Giffard, Westcountrymen in Prince Edward’s Isle : a fragment of the great migration (Newton Abbot, Angl., et [Toronto], 1967 ; réimpr., Toronto et Buffalo, N.Y., 1975).

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Eileen Marcil, « FRY, HENRY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/fry_henry_12F.html.

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Auteur de l'article:    Eileen Marcil
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
Année de la révision:    1990
Date de consultation:    28 novembre 2024