Titre original :  Archibald Fraser, Edmunston, NB. From Parks Canada, Directory of Federal Heritage Designations > Designations of National Historic Significance.

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FRASER, ARCHIBALD, ouvrier forestier, industriel et fonctionnaire, né le 22 avril 1869 à Aberdeen, Écosse, fils de Donald Fraser et d’Ann Reith ; le 18 décembre 1901, il épousa, probablement à Woodstock, Nouveau-Brunswick, Agnes Dunbar (décédée le 29 juillet 1911), et ils eurent une fille et deux fils, puis le 25 juin 1930, à Londres, Evelyn Whyte, et ils n’eurent pas d’enfants ; décédé le 10 octobre 1932 près de Nictau, Nouveau-Brunswick.

L’ascendance d’Archibald Fraser se constituait de plusieurs générations de forestiers, de scieurs et de marchands de bois. Sans surprise, son père poursuivit cette vocation peu après avoir émigré au Canada ; Archibald et son frère Donald suivraient aussi cette voie. La famille arriva en 1873 dans le cadre d’un projet de colonisation nommé New Kincardineshire, au bord de la rivière Tobique dans le comté de Victoria, dans le nord-ouest du Nouveau-Brunswick, et familièrement appelé la colonie écossaise. Peut-être dans le but de bénéficier d’une concession de terre, Donald Fraser père pratiqua d’abord l’agriculture, dans une région beaucoup plus favorable à l’exploitation forestière qu’agricole. Il retourna bien vite à la foresterie. En 1875 ou 1876, il loua puis acquit une scierie à River de Chute, communauté située sur la rive ouest de la rivière Saint-Jean. À partir de billots achetés aux fermiers de la région, il fabriquait des planches de recouvrement, des bardeaux et autres produits de bois destinés à la vente ailleurs dans les provinces Maritimes et en Nouvelle-Angleterre. L’entreprise prospéra.

En 1883, Archibald, le benjamin des fils Fraser, se joignit au père pour travailler comme bûcheron. Quand Archibald atteignit l’âge de 21 ans, en 1890, lui et son frère devinrent associés dans l’entreprise, qui fut ensuite constituée légalement sous le nom de Donald Fraser and Sons Limited. En 1892, on donna aux jeunes hommes la responsabilité de camps de bûcherons le long de la rivière Odell. Deux ans plus tard, la compagnie fut réimplantée à Fredericton, où Donald père construisit la scierie Aberdeen, que ses fils dirigèrent. À cette époque, l’industrie forestière au Nouveau-Brunswick se composait en grande partie d’un certain nombre de petites exploitations, mais, avec le temps, les Fraser achèteraient beaucoup de ces entités et créeraient un empire qui finirait par dominer la province. En 1898, ils étendirent leurs activités dans le sud-est de la province de Québec en acquérant des concessions forestières et déplaçant une scierie existante de Notre-Dame-du-Lac à la petite ville de Cabano, plus près du point d’approvisionnement. Dès le départ, la nouvelle affaire connut tant de succès qu’elle représenta une base solide pour assurer la croissance ailleurs au Québec et au Nouveau-Brunswick. Elle marqua également le début d’une longue relation entre les Fraser et la Banque royale du Canada, qui finança le projet et dont Archibald devint administrateur en 1928.

En 1902, les Fraser entreprirent une reprise graduelle de la Tobique Manufacturing Company Limited, constituée quatre ans auparavant. Ils étaient liés à l’exploitation forestière le long de la rivière Tobique depuis 1895, année où Donald père avait participé à l’organisation de la Tobique River Log Driving Company ; Archibald, que l’on surnommait Archie, figurait parmi les fondateurs et siégerait vite au conseil d’administration. La Tobique Manufacturing Company Limited se trouvait en mauvaise posture financière, mais possédait des biens immobilisés de grande valeur, le plus important étant une scierie très moderne à Plaster Rock, terminus du chemin de fer de la Tobique Valley Railway Company. Les Fraser acquirent la scierie, rachetèrent les actions de la compagnie et, en 1908, changèrent son nom pour celui de Fraser Lumber Company Limited. Archibald, qui avait dirigé la Tobique Manufacturing Company Limited, passa à de plus hautes responsabilités, laissant son frère s’établir à Plaster Rock. Ce dernier devint le chef du village et son principal bienfaiteur. En 1917, Plaster Rock aurait acquis une telle importance symbolique, sinon réelle, qu’elle servirait de siège social officiel à l’empire Fraser (le véritable centre d’opération se situait à Fredericton).

Un autre développement significatif prit place en 1905 : Donald père amena de nouveaux hommes et investit des fonds pour faciliter la gestion de la croissance, tout en installant fermement la direction et les pouvoirs entre les mains de la famille. Les frères William et Thomas Matheson étaient eux aussi des fils d’immigrants de la colonie écossaise de 1873, et travaillaient pour la Donald Fraser and Sons. Arrivé récemment d’Aberdeen, Andrew White Brebner supervisait des concessions forestières et une scierie au Québec au nom des intérêts de Glasgow. Ces actifs furent bientôt acquis par la F and M Lumber Company Limited (F pour Fraser et M pour Matheson), compagnie fondée en novembre 1905, avec Archibald Fraser pour président. Les Matheson et Brebner passeraient le reste de leur carrière aux plus hauts échelons du conglomérat Fraser, au sein duquel William Matheson, le plus proche associé et collaborateur d’Archibald, exerçait une influence particulière.

La croissance se poursuivit à un rythme rapide sous forme d’intégration horizontale. En 1911, une nouvelle compagnie, la Fraser Limited, fut constituée pour acquérir les propriétés de la James Murchie and Sons [V. James Murchie*] au Nouveau-Brunswick et au Québec. L’année suivante, les Fraser retournèrent à Fredericton, ville qu’ils avaient abandonnée après la destruction de la scierie Aberdeen dans un incendie en 1905, et achetèrent tous les actifs de la Scott Lumber Company Limited et de l’Oromocto Lumber Company Limited. Trois ans plus tard, ils acquirent les terres d’exploitation forestière et la scierie de la Timothy Lynch Company Limited à Nelson (Miramichi), au bord de la rivière Miramichi, dans le nord-est du Nouveau-Brunswick. Dès 1913, ils envisagèrent la construction d’une usine à pâte blanchie au sulfite à Edmundston. La nouvelle usine, la deuxième de la province et la plus grosse, était déjà en pleine activité en 1918.

Edmundston possédait plusieurs atouts pour cette croissance dans l’industrie des pâtes et papiers : de l’énergie hydroélectrique en abondance, de vastes forêts tout près, plusieurs voies de chemin de fer qui y convergeaient et la proximité de la frontière internationale. La situation devint encore plus avantageuse avec l’abolition, en 1913, des tarifs douaniers sur l’importation de pulpe de bois et de papier journal aux États-Unis. En 1912, la Fraser Limited avait obtenu une évaluation fixe de ses propriétés à Edmundston pour une période de 25 ans et, en 1917, elle reçut des avantages fiscaux supplémentaires contre la promesse d’y construire une ou plusieurs usines de pâte et papier. En vertu d’une entente ratifiée par une loi provinciale, la municipalité s’engagea de son côté à fournir l’eau et l’électricité à des taux fixes pour l’exploitation des usines. Avec le temps, celles-ci deviendraient le principal employeur de la ville.

À sa mort, en avril 1916, Donald Fraser père était, disait-on, l’homme le plus riche du Nouveau-Brunswick. Millionnaire, veuf et intestat, il n’avait pour héritiers légaux que ses deux fils. Nommés co-administrateurs de la succession, Archibald et son frère Donald divisèrent simplement les parts du père entre eux et, selon toute apparence, les utilisèrent pour apporter des capitaux à une nouvelle entreprise. Donald père s’était contenté d’établir autant d’entreprises monovalentes que nécessaire pour répondre aux besoins du moment. Mais il manquait aux compagnies une structure unificatrice et Archibald résolut de transformer le tout en une entreprise moderne. Il croyait qu’une seule grande organisation assurerait une gestion et une exploitation plus efficaces, ainsi qu’une meilleure capacité à entreprendre de nouveaux projets et à profiter de possibilités futures. Par conséquent, en juin 1917, la Donald Fraser and Sons Limited, la Fraser Lumber Company, la Fraser Limited et la F and M Lumber Company Limited fusionnèrent pour former la Fraser Companies Limited (FCL), constituée sous la Loi des compagnies fédérale. La nouvelle affaire, capitalisée à 10 millions de dollars, était la plus vaste entreprise de sa catégorie dans l’est du Canada. On reconnut bientôt la prééminence d’Archibald Fraser dans l’industrie forestière en le nommant, en 1918, à la Provincial Forestry Advisory Commission. Créée la même année par le gouvernement du Nouveau-Brunswick de Walter Edward Foster*, cette petite commission parlementaire très influente dictait en grande partie les politiques officielles.

La FCL avait pour but de servir de société mère ou d’entité consolidante à ses filiales actives. La première de celles-ci, la Fraser Pulp and Lumber Company Limited, fut fondée en 1919 pour acheter des terres à bois en Nouvelle-Écosse qui avaient appartenu à Alfred Dickie*. Ces ressources restèrent cependant inexploitées et seraient vendues à des intérêts américains en 1924. L’entreprise continua d’acheter et d’intégrer des affaires de manière soutenue. Également en 1919, Archibald et le siège social se déplacèrent de Fredericton à Edmundston, signe de l’importance grandissante de la ville pour les ambitieux plans de croissance industrielle de la FCL. L’année suivante, une autre filiale, la Fraser Paper Company Limited, fut constituée sous la loi provinciale. La FCL acquit aussi la Dominion Pulp Company Limited, dont les propriétés le long de la rivière Miramichi incluaient deux usines à pâte et de vastes terres forestières. Malgré la surproduction et l’effondrement passager du marché du bois, la FCL construisit quatre nouvelles scieries au Québec et au Nouveau-Brunswick entre 1923 et 1925. Une troisième filiale, la Fraser-Gaspé Company Limited, fut établie pour exploiter des concessions forestières acquises depuis peu et une scierie dans la péninsule gaspésienne, mais ces derniers actifs furent vendus à l’International Paper Company (IPC) en 1928.

Trois années auparavant, la FCL avait acquis la Stetson, Cutler and Company, entreprise américaine de produits forestiers avec de nombreuses filiales, entièrement intégrées mais en faillite, qui possédait des concessions forestières et des scieries au Québec et au Nouveau-Brunswick. L’objectif premier de Fraser consistait à mettre un pied dans l’industrie américaine du papier. La construction d’une usine à Madawaska, dans le Maine, pour transformer le produit de l’usine à pâte d’Edmundston en papier fin (et non en papier journal) suivit rapidement. Un pipeline d’une longueur de un mille transportait la pulpe d’un côté à l’autre de la frontière. Dans les années 1927–1929, la FCL et l’IPC se portèrent acquéreurs moitié-moitié des parts de six compagnies de bois le long de la rivière Miramichi. En 1928, on procéda à la construction d’une autre usine à pâte au sulfite, celle-ci à Atholville, au bord de la rivière Restigouche près de Campbellton, et à l’achat de l’Edward Sinclair Lumber Company, dans les comtés de Northumberland et Gloucester.

Au début des années 1920, le Nouveau-Brunswick avait frôlé l’effondrement financier et le gouvernement libéral de Foster avait promu l’hydroélectricité et l’industrie des pâtes et papiers dans un effort pour stimuler l’économie provinciale. En 1925, la victoire des conservateurs de John Babington Macaulay Baxter* sur le gouvernement libéral de Pierre-Jean Veniot, au pouvoir depuis deux ans, fut déterminante pour l’industrie forestière. Fraser, fervent tory, son pair le magnat du bois Angus McLean et un représentant de l’IPC parvinrent à pousser le nouveau régime à modifier à leur avantage les termes des baux sur les terres de la couronne. Selon l’historien Christopher Stone Beach, à partir de 1930, la FCL était la seule « partenaire de l’oligopole » de l’IPC dans la province. La FCL et ses nombreuses filiales étaient désormais les principaux détenteurs de baux sur les terres de la couronne, et, à elles deux, la FCL et l’IPC contrôlaient l’ensemble de l’industrie. La plus grande productrice de produits de bois à l’est de l’Ontario et l’une des plus importantes en Amérique du Nord, la FCL approvisionnait jusqu’à 50 %, d’après les estimations, de la demande du Nouveau-Brunswick. Le secret de son succès, durant les 15 années où Archibald Fraser en fut président, tenait à la croissance par l’intégration systématique, à la fois horizontale et verticale. La FCL achetait, mais vendait rarement, et ce, uniquement pour financer une meilleure proposition ailleurs. Elle sut bien s’adapter aux conditions changeantes du marché, de l’industrie et des affaires, combinant l’exploitation forestière, l’industrie du bois et celle des pâtes et papiers, tout en absorbant au passage ses concurrents plus petits, plus faibles, plus traditionnels et moins flexibles.

Cette croissance débridée se réalisa cependant au détriment des liquidités. À la fin des années 1920, la FCL était riche en immobilisations, mais pauvre en argent comptant ; aucune offre publique d’actions n’avait été émise avant 1925, et l’entreprise battait de l’aile. En mars 1927, le New York Times annonça une acquisition imminente par l’IPC. Puis, en octobre, le conseil de la FCL fut réorganisé en vue d’une éventuelle fusion avec la Price Brothers Limited [V. sir William Price*] ; le fils aîné de Fraser, Donald Alexander, et John Herbert Price devaient devenir administrateurs. Les deux tentatives avortèrent. Un acte de fiducie omnibus au bénéfice de la Montreal Trust Company sauva la FCL, pratiquement en faillite. En 1930, Archibald avait déjà reconstruit une dernière scierie et semblait envisager une semi-retraite. En avril, il renonça à son poste de directeur général et céda la place à un jeune professionnel de l’industrie, Kellogg Sinclair Maclachlan*. Veuf depuis près de deux décennies, il se remaria en juin ; sa seconde femme, Evelyn Whyte, originaire d’Édimbourg, avait 18 ans de moins que lui. Émigrée à Fredericton après la Première Guerre mondiale, elle travaillait comme sténographe dans le bureau de Richard Burpee Hanson*, dont la firme avait œuvré en tant que solliciteur pour la FCL. Archibald et Evelyn partirent secrètement à Londres, où ils se marièrent dans un bureau d’état civil ; ils séjournèrent au tout nouveau Grosvenor House, l’un des meilleurs hôtels de la métropole, avant de s’embarquer pour un voyage de noces à Paris. Revenir au Canada pour vivre à Edmundston dut être tout un choc pour la seconde Mme Fraser.

Pendant qu’Archibald faisait la belle vie, la crise financière de la FCL s’aggravait. Le krach financier d’octobre 1929 avait provoqué l’effondrement brutal du prix du bois. En outre, la structure administrative de la compagnie était trop lourde au sommet et menaçait de s’écrouler sous son propre poids. Il y avait peu ou pas de capitaux disponibles pour financer la dette accumulée, et la FCL avait contracté une forte dette auprès de ses obligataires. De plus, en tant qu’administrateur de la Banque royale du Canada, la banque prêteuse, Fraser se retrouva dans une situation irrégulière, frisant le conflit d’intérêts. Le conseil fut remplacé ; Maclachlan devint administrateur, mais Archibald et son frère conservèrent leurs postes respectifs de président et vice-président.

Malgré les difficultés, la croissance se poursuivit alors qu’une réduction des dépenses s’imposait. En mars 1932, la Fraser Industries fut constituée au Maine pour assurer la vente des produits de la FCL aux États-Unis. Cet été-là, la FCL et ses filiales existantes – la Fraser Paper Company Limited et la Restigouche Company Limited (cette dernière résultant de la fusion en 1928 des anciennes filiales de la Stetson, Cutler and Company) – furent restructurées. Des fiduciaires avec droit de vote furent désignés pour effectuer la supervision financière. Les paiements d’intérêts sur les obligations furent différés, la capitalisation fut réduite et certaines immobilisations furent liquidées. Mais Fraser ne vivrait pas assez longtemps pour voir si la FCL survivrait. Durant le congé de l’Action de grâces de 1932, il se trouvait avec sa femme dans leur chalet isolé à Nictau. Fraser, qui avait une santé de fer, était en train de chasser le long de la rivière Tobique, quelques milles plus loin, quand il mourut subitement, foudroyé par une crise cardiaque. Une semaine plus tôt, les détenteurs des débentures à Montréal avaient accepté le plan de restructuration de la FCL, étape finale du processus d’approbation.

Fraser fut remplacé à la présidence par Maclachlan, qui conserva le poste de directeur général. La mort d’Archibald, puis celle de son frère Donald en 1940, marquèrent la fin du rôle de la famille dans la direction de la FCL. Il n’y aurait plus de place au sommet pour une troisième génération. D’une certaine manière, la sortie de scène de Fraser en 1932 fut salutaire. Néanmoins, sa mort, parce qu’elle coïncidait avec la période la plus décisive de l’histoire de la FCL, donna naissance au mythe selon lequel il avait sacrifié sa vie pour la compagnie. La crise financière dans laquelle son modèle d’affaire expansionniste avait plongé l’entreprise n’était généralement pas connue à l’époque et les journaux du Nouveau-Brunswick n’en parlaient pas. En 1947, il était devenu une figure héroïque et l’objet de commémorations publiques. En octobre de cette année-là, le Rotary Club d’Edmundston dévoila un cairn édifié à la mémoire de Fraser et de son proche associé, William Matheson. Même si des intérêts privés commanditaient ostensiblement l’événement, celui-ci fut dans les faits une cérémonie d’État : le maire présida l’événement en présence du lieutenant-gouverneur et d’un ministre du cabinet qui représentait le premier ministre, et le juge en chef de la division du Banc du roi de la Cour suprême du Nouveau-Brunswick prononça le discours d’ouverture. L’inscription sur le cairn décrivait élogieusement Fraser comme un pionnier, un organisateur et un bâtisseur. En 1976, la Commission des lieux et monuments historiques du Canada lui accorda le rang de personnage d’une « importance historique nationale ». La plaque à sa mémoire fut installée tardivement, en 2000, devant l’usine de pâte à papier d’Edmundston, qui comptait parmi les plus remarquables réalisations de la FCL.

Archibald Fraser fut-il responsable d’avoir conduit la FCL au bord de la catastrophe ? La question demeure ouverte. Chose certaine, cet homme, en grande partie autodidacte, qui avait tracé sa voie lui-même et dont les talents résidaient davantage dans la gestion que l’administration, disposait de peu de compétences en matière de finance et de gouvernance d’entreprise, à une époque où la survie d’une compagnie dépendait dune telle expertise. En 1927, la structure et l’organisation de la FCL ne correspondaient plus aux besoins d’une entreprise aussi énorme, sophistiquée et complexe. Pendant 13 ans, Fraser avait partagé son temps et son énergie entre la gestion et l’administration. Cela constituait un exercice d’équilibrisme impossible qui l’empêchait d’accorder toute l’attention requise au plus important de ses deux postes, la présidence. Le monstre qu’il avait créé le submergea tout simplement. La FCL survivrait, intacte, jusqu’en 1974, et par procuration jusqu’au xxie siècle sous le nom de Twin Rivers Paper Company. Malgré le quasi-effondrement de son empire vers la fin de sa vie, Fraser était indubitablement un homme d’affaires visionnaire, au même rang que les entrepreneurs Howard Perley Robinson*, Kenneth Colin Irving* et les frères McCain, G. Wallace F.* et Harold Harrison*. La FCL devint l’entreprise dominante du Nouveau-Brunswick grâce, en grande partie, à sa gestion.

Barry Cahill

Les papiers personnels d’Archibald Fraser n’ont pas survécu, mais on trouve beaucoup de renseignements sur ses activités commerciales à partir de 1917 aux APNB, Fraser Company Limited fonds (MC444), et au Centre de documentation et d’études madawaskayennes (CDEM), campus d’Edmundston, univ. de Moncton (N.-B.), fonds Fraser Companies, Limited (41). Du matériel connexe est conservé au CDEM, fonds Nicole Lang et la compagnie Fraser (81). Un témoignage commandé par l’entreprise à Mary B. Reinmuth, secrétaire au Fraser Paper à New York, est particulièrement intéressant. Préparé en collaboration avec le fils aîné de Fraser, Donald Alexander, il combine histoire familiale et histoire corporative, et reflète l’accès privilégié de Reinmuth non seulement à de l’information orale précieuse, mais également à des dossiers de compagnies précédentes, ainsi qu’à des papiers personnels et familiaux aujourd’hui disparus. Un exemplaire dactylographié du récit intitulé « The Fraser story » [1949] (Aroos. MS 4) se trouve à la Blake Library, Special Coll., Univ. of Maine at Fort Kent. On peut le consulter sur le site Web de Patrimoine canadien, « Toucher du bois : la forêt au cœur du patrimoine social et culturel madawaskayen en Acadie » : www.toucherdubois.ca (consulté le 2 sept. 2014), qui contient aussi nombre d’autres documents liés à l’évolution des compagnies de Fraser. Nous remercions sincèrement Nicole Lang, professeure titulaire d’histoire à l’univ. de Moncton (campus d’Edmundston), pour son aide dans la préparation de notre biographie.

APNB, RS141A1b, F19718, 9 juill. 1904 (mfm) ; RS141B7, F15597, no 1768 (mfm) ; RS141C5, F18987, no 84536 (mfm).— GRO, Reg. of marriages, Londres, 25 juin 1930.— Innovation, sciences et développement économique Canada (Ottawa), Corporations Canada (information concernant les sociétés de régime fédéral), no 114600, Fraser Companies Limited, 1917–1979.— New York Times, 1925–1932, particulièrement 23 mars, 31 oct. 1927 ; 4 oct. 1932.— Annual financial rev. (Toronto et Montréal), 1918–1932.— C. S. Beach, « Pulpwood province and paper state : corporate reconstruction, underdevelopment and law in New Brunswick and Maine, 1890–1930 » (thèse de ph.d., Univ. of Maine at Orono, 1991).— L. H. Campey, With axe and Bible : the Scottish pioneers of New Brunswick, 1784–1874 (Toronto, 2007).— Canada Lumberman (Toronto), 1890–1932.— Edmundston Rotary Club, Pioneers of industry : Archibald Fraser and William Matheson (Edmundston, N.-B., 1950 ; exemplaire aux APNB).— D. W. Emmerson, « The pulp and paper industry in the province of New Brunswick », Maritime Advocate and Busy East (Sackville, N.-B.), 37 (1946–1947), nos 9–10 : 11–15 ; « Pulp and paper manufacturing in the Maritimes », Pulp and Paper Magazine of Canada (Gardenvale [Sainte-Anne-de-Bellevue, Québec]), 48 (1947), no 13 : 129–155.— Fraser Companies, Annual report (Edmundston), 1918–1932.— Fraser Companies Limited, Réflexions, 1877–1977 ([Madawaska, N.-B., 1978 ?]).— Perry Garfinkel, « Madawaska down east with a French accent », National Geographic (Washington), 158 (1980) : 380–408.— R. P. Gillis et T. R. Roach, « The dimensions of a client province : forestry in New Brunswick to 1939 », dans leur ouvrage Lost initiatives : Canada’s forest industries, forest policy and forest conservation (Westport, Conn., 1986), 161–188.— R. W. Hay, « Mergers and the expansion of productive capacity in the Canadian pulp and paper industry, 1926–1932 », A.C.E.A., Papers (Moncton), 14 (1985) : 115–126.— Nicole Lang, « la Compagnie Fraser Limited, 1918–1974 : étude de l’évolution des stratégies économiques, des structures administratives et de l’organisation du travail à l’usine d’Edmundston au Nouveau-Brunswick » (thèse de ph.d., univ. de Montréal, 1994) ; « De l’entreprise familiale à la compagnie moderne : la Fraser Companies Limited, de 1918 à 1974 », Acadiensis, 25 (1995–1996), no 2 : 41–61 ; « l’Impact d’une industrie : les effets sociaux de l’arrivée de la compagnie Fraser Limited à Edmundston, N.-B., 1900–1950 », Soc. hist. du Madawaska, Rev. (Edmundston), 15 (1987) : 2–71 ; « les Relations entre la compagnie Fraser Limited et la ville d’Edmundston (1918–1974) », Soc. hist. du Madawaska, Rev., 26 (1998) : 18–42.— D. A. MacPhail, New Kincardineshire : an intimate history of the early years of a Scottish settlement in New Brunswick (Fredericton, 1977).— Le Madawaska (Edmundston), 1913–1932.— Theresa Madore et al., A legacy of Plaster Rock ([Plaster Rock, N.-B., 1984 ?]).— N.-B., Crown Land Dept., Annual report (Fredericton) 1918–1924 ; Dept. of Lands and Mines, Annual report, 1925–1932.— Paper Industry (Chicago), 1919–1932.— Paper Trade Journal (New York), 1916–1932.— W. M. (Bill) Parenteau, « Forest and society in New Brunswick : the political economy of the forest industries, 1918–1939 » (thèse de ph.d., Univ. of N.B., Fredericton, 1994) ; « The woods transformed : the emergence of the pulp and paper industry in New Brunswick, 1918–1931 », Acadiensis, 22 (1992–1993), no 1 : 5–43.— Gilles Piédalue, « les Groupes financiers et la guerre du papier au Canada, 1920–1930 », RHAF, 30 (1976–1977) : 223–258.— Pulp and Paper Magazine of Canada, 1916–1932.

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Barry Cahill, « FRASER, ARCHIBALD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/fraser_archibald_16F.html.

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Auteur de l'article:    Barry Cahill
Titre de l'article:    FRASER, ARCHIBALD
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2019
Année de la révision:    2019
Date de consultation:    28 novembre 2024