FRAME, ELIZABETH MURDOCH, institutrice, auteure et historienne, née en 1820 à Shubenacadie, Nouvelle-Écosse, fille de John Frame, cultivateur, et de Janet Sutherland ; décédée célibataire au même endroit le 17 novembre 1904.
Elizabeth Murdoch Frame naquit dans une famille néo-écossaise bien apparentée, et le contexte familial est important pour comprendre sa vie et sa carrière. Son grand-père avait quitté le nord de l’Irlande pour s’établir en Nouvelle-Écosse ; lui et ses enfants étaient liés par mariage avec d’autres familles d’ecclésiastiques et de marchands en vue de la province. L’histoire de la famille et de la collectivité inspira une bonne partie des écrits d’Eliza Frame. Aînée de dix enfants, cette dernière conserva des liens étroits avec des membres de sa famille. Quand elle mourut, elle vivait avec son jeune frère John.
La formation d’Elizabeth Murdoch s’étendit sur plusieurs années. Enfant, elle fut envoyée à l’école privée de jeunes filles que dirigeait John Sparrow Thompson* à Halifax. Une fois dans la vingtaine, elle fréquenta la Truro Academy et dans la trentaine, l’école normale de la province. Son éducation fut au moins en partie un investissement ; avec son salaire d’institutrice de l’école publique, elle contribua au financement des études de théologie que poursuivait son frère William R. à la University of Edinburgh.
Eliza Frame fut toute sa vie une presbytérienne active. Elle fut l’une des premières à enseigner à l’école du dimanche du comté de Hants dans les années 1840 et à soutenir les missions étrangères. Durant cette décennie, elle joignit les rangs de la Woman’s Foreign Missionary Society de Truro et, à sa mort, elle appartenait au conseil général de la division de l’Est de cet organisme parrainé par l’Église presbytérienne au Canada. On reconnut sa contribution en la nommant membre à vie de la section de Shubenacadie.
En 1848, Eliza Frame entreprit une carrière d’institutrice dans les écoles publiques de la Nouvelle-Écosse qui durerait 30 ans. Son travail l’amena dans des petits villages éloignés, mais aussi à Shubenacadie, à Truro, à Dartmouth et à Maitland, dans le comté de Hants. Pendant son séjour à Maitland, elle enseigna même la navigation à des capitaines de navire de l’endroit.
Dans les années 1860, Eliza Frame se lança dans la carrière littéraire. Deux livres reflètent son travail d’institutrice et son enthousiasme religieux. Descriptive sketches of Nova Scotia in prose and verse parut à Halifax en 1864 sous le pseudonyme « A Nova Scotian », manifestement en raison de sa réticence, comme femme, à publier sous son propre nom. L’ouvrage s’adressait aux jeunes et offrait « une image partielle de la Nouvelle-Écosse, esquissée d’après nature, parsemée de notions d’histoire et d’allusions personnelles ayant trait aux localités ». Le récit s’articulait autour des voyages imaginaires d’Andrew Urban, racontés par un compagnon non identifié. Dans The twilight of faith, publié à Boston en 1871, l’auteure se plie à la convention canadienne éternellement populaire voulant que l’action se situe dans un décor américain. Ouvrage de fiction didactique dédié à son père, il relate le cheminement spirituel de Mary Gray, jeune mère de deux enfants qui sombre dans le désespoir après la mort de son mari et trouve le bonheur dans la dévotion pour ses enfants et dans la charité.
L’histoire fut le sujet le plus important de l’œuvre littéraire d’Eliza Frame. Une notice nécrologique disait d’elle : « Elle possédait un instinct, une passion, pourrait-on dire, pour la biographie et l’histoire. » Elle fut une chercheuse, une copiste et une écrivaine dans ce domaine, de 1864 jusque vers la fin des années 1890. Elle écrivit beaucoup sur l’histoire de sa famille, de sa communauté, des Micmacs de la Nouvelle-Écosse et des pionnières canadiennes. Ses voyages à Boston et le fait qu’elle connaissait l’historien américain Francis Parkman* lui permirent d’étudier des documents conservés au Massachusetts qui avaient trait à la Nouvelle-Écosse.
Eliza Frame soutint activement la Nova Scotia Historical Society dès sa formation en 1878 jusque vers la fin des années 1890, bien qu’elle n’en soit jamais devenue membre. En 1878, elle lui fit don des papiers de sa famille et du journal de l’évangéliste New Light Henry Alline*. Entre 1879 et 1892, elle rédigea quatre communications pour la société, mais celle-ci, fidèle à la pratique courante dans les autres sociétés de la province, fit toujours lire ses travaux par un homme. En juin 1892, elle fut nommée membre honoraire à vie de la Massachusetts Historical Society quand elle y présenta sa communication sur les noms micmacs de la Nouvelle-Écosse.
Eliza Frame cessa d’écrire pour la Nova Scotia Historical Society en 1892, mais elle continua de publier des articles dans la presse locale. En décembre de la même année, elle écrivit pour le Herald de Halifax [V. John James Stewart] un long texte sur l’histoire des Micmacs, et en juin 1897, une série traitant des pionnières de la Nouvelle-Écosse et du Canada. Cette dernière parut durant la semaine qui précéda l’arrivée à Halifax des déléguées à la réunion du National Council of Women of Canada. Eliza Frame se trouva ainsi étroitement associée aux débuts du mouvement d’émancipation des femmes au Canada. En 1898, elle publia un récit sur la vie de Phillis Wheatley, esclave bostonienne du xviiie siècle ; ce texte montre la sensibilité du mouvement missionnaire féminin du xixe siècle.
L’enthousiasme d’Elizabeth Murdoch Frame pour l’histoire et la biographie ainsi que le respect et le prestige dont elle jouit au cours de sa vie la rangent parmi le petit groupe de femmes de lettres canadiennes qui attirent de plus en plus l’attention des historiens. Par son œuvre, elle nous rappelle le besoin d’adopter une approche globale de l’histoire de la vie intellectuelle. Même si sa carrière prolifique et son modeste succès la distinguent de ses contemporaines, sous d’autres aspects, elle est représentative de la majorité des femmes de classe moyenne des milieux ruraux du xixe siècle. Comme beaucoup d’entre elles, elle apporta une importante contribution à l’économie familiale par son travail d’institutrice. Presbytérienne active, elle se joignit à des milliers de Canadiennes dans le soutien de la vie religieuse au pays et des missions étrangères.
Une deuxième édition du roman d’Elizabeth Murdoch Frame intitulé The twilight of faith a été publiée à Toronto en 1872. Une de ses communications présentées à la N.S. Hist. Soc. a paru dans la Coll. de cette société sous le titre « Rev. James Murdoch, 1767–1799 », 2 (1881) : 100–109, et le texte dactylographié d’une autre « Historical Shubenacadie » (présentée le 2 janv. 1879), est conservé aux PANS, MG 100, 229, n° 12G ; elle a été publiée par la suite dans le Windsor Courier (Windsor, N.-É.), 17 oct. 1885. Les écrits de Frame comprennent aussi un manuscrit intitulé « History of East Hants », conservé aux PANS, MG 4, 73, A list of Micmac names of places, rivers, etc., in Nova Scotia (Cambridge, Mass., 1892), plusieurs articles parus dans le Halifax Herald : « The Micmacs : brief history of the [a]borigines of the province », 30 déc. 1892 ; « The pioneer women of Nova Scotia », 8 juin 1897 ; « The heroines of Nova Scotia », 9 juin 1897 ; « The pioneer heroines of Canada, brave women of the past », 11 juin 1897 ; et l’histoire de Phillis Wheatley, « Boston had slaves, so had Halifax [...] », 17 déc. 1898.
Un extrait de Descriptive sketches, de Frame, figure sous le titre « Description of Truro, 1860, by Eliza Frame », K. B. Wainwright, édit., dans Colchester Hist. Soc., Proceedings, reports and program summaries, 1954–57 ([Truro, N.-É.], s.d.), 107–112.
Colchester County Court of Probate (Truro), Estate papers, 438 : 248 (mfm aux PANS).— PANS, MG 1, 3043, no 3 ; MG 20, 642, n° 1, index no 6 ; MG 100, 235, n° 25.— Presbyterian Witness, 26 nov. 1904.— Truro Daily News, 30 nov. 1904.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1912).— Canadian poets : vital facts on English-writing poets born from 1730 through 1910, A. T. Schwab, compil. (Halifax, 1989).— Colchester Hist. Museum, Colchester women (Truro, 1978).— Ruth Compton Brouwer, New women for God : Canadian Presbyterian women and India missions, 1876–1914 (Toronto, 1990).— Gwendolyn Davies, « Dearer than his dog » : literary women in pre-confederation Nova Scotia », Studies in Maritime literary history (Fredericton, 1991), 71–87.— D. A. Frame, Genealogy of the Frame family (Halifax, s.d. ; exemplaire aux PANS).— Janet Guildford, « Separate spheres » and the feminization of public school teaching in Nova Scotia, 1838–1880 », Acadiensis (Fredericton), 22 (1992–1993), n° 1 : 44–64.— Anne Innis Dagg, « Canadian voices of authority : non-fiction and early women writers », REC, 27 (1992–1993) : 107–122.— V. B. Rhodenizer, Canadian literature in English ([Montréal], 1965).— H. B. Wainwright, The first one hundred years of the Nova Scotia Historical Society ([Halifax], 1978).— F. W. Wallace, Wooden ships and iron men [...] (Londres, [1924]).— The Woman’s Foreign Missionary Society of the Presbyterian Church in Canada (Eastern Division), 1876–1926 (Truro, s.d.).
Janet Guildford, « FRAME, ELIZABETH MURDOCH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/frame_elizabeth_murdoch_13F.html.
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Auteur de l'article: | Janet Guildford |
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Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1994 |
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