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Forbes, Guillaume (baptisé Joseph-Guillaume), prêtre catholique et archevêque, né le 10 août 1865, probablement à l’île Perrot, Bas-Canada, fils de John Forbes, cultivateur, et d’Octavie Léger ; décédé le 22 mai 1940 à Ottawa.
Deuxième enfant d’une famille qui en compterait 16, Guillaume Forbes s’établit avec les siens à Montréal en 1869. Après son passage au jardin d’enfance de l’asile Nazareth, administré par les Sœurs de la charité de l’Hôpital Général de Montréal, il fréquenta l’académie commerciale catholique de Montréal de 1872 à 1878. Il fit ses études classiques au petit séminaire de Montréal de 1878 à 1884, puis entreprit une formation théologique au grand séminaire de Montréal. Il fut ordonné prêtre le 17 mars 1888 par l’archevêque Édouard-Charles Fabre*.
Le 26 avril suivant, après quelques semaines de ministère à Saint-Clet, dans le diocèse de Valleyfield, Forbes fut nommé vicaire de la mission Saint-François-Xavier-de-Caughnawaga, dans l’archidiocèse de Montréal, où il assista le curé Nicolas Burtin, oblat de Marie-Immaculée. Quatre années d’initiation auprès des Iroquois furent suivies d’un peu plus de dix autres bien remplies à la direction de cette mission. Non seulement Forbes rénova tant l’église que le presbytère, mais il apprit la langue iroquoise, dont il aimait tout particulièrement le caractère unique. Il écrivit et publia dans cette langue au moins une grammaire et un almanach. Les Iroquois de sa mission l’appréciaient, comme en témoigne le surnom qu’ils lui donnèrent : « l’homme à l’esprit clair et au bon cœur ».
Le 13 mai 1903, Forbes fut muté à la cure de Sainte-Anne-du-Bout-de-l’Île, où il demeura durant huit ans. Le 6 mars 1911, il fut nommé curé de Saint-Jean-Baptiste, à Montréal, où il dut bientôt s’occuper de la reconstruction de l’église paroissiale rasée par les flammes dans la nuit du 27 au 28 juin 1911. Il entreprit la recherche des fonds nécessaires et la préparation des nouveaux plans de l’intérieur, mais ce serait son successeur, le curé Louis-Alexandre Dubuc, qui mènerait ce projet à terme en 1915.
Forbes célébra ses noces d’argent sacerdotales en juin 1913. Le 6 août, prenant la suite de Mgr Joseph-Alfred Archambeault*, il devint le deuxième évêque de Joliette. Mgr Paul Bruchési procéda à son sacre le 9 octobre dans la cathédrale Saint-Charles-Borromée. Forbes établit l’Œuvre de la Sainte-Enfance (1914) et réorganisa l’Œuvre de la propagation de la foi (1915), qu’il confia aux Sœurs missionnaires de l’Immaculée-Conception [V. Délia Tétreault*].
Le ministère de Forbes fut avant tout marqué par son esprit missionnaire. Cet homme, dont le bisaïeul paternel John Forbes était venu d’Écosse avec l’armée du major général James Wolfe*, manifesta pendant toute sa carrière le souci de propager sa foi catholique. Il en fut de même pour son frère aîné, John*, premier Canadien à faire partie de la Société des missionnaires d’Afrique et à être nommé évêque dans cette communauté. Quant à lui, Guillaume prit part à la fondation et au développement du séminaire de la société des Missions étrangères de la province de Québec. Cet établissement, établi à Montréal, fut créé en février 1921 par les évêques de la province. Il avait pour but de former des missionnaires et de favoriser les missions en Extrême-Orient, plus particulièrement en Chine (république populaire de Chine). Forbes fut dès lors secrétaire du comité épiscopal chargé de sa mise en œuvre présidé par Mgr Paul-Eugène Roy*. À partir du 26 avril 1922, il siégea au conseil d’administration de la société des Missions étrangères, constituée en corporation civile au mois de mars précédent et dont le séminaire représentait l’élément fondamental. Le 2 septembre 1924, à Saint-Vincent-de-Paul (Laval), il eut l’honneur de bénir la chapelle du séminaire des missions, qui venait d’ouvrir ses portes et dont le chanoine Joseph-Avila Roch était le premier supérieur. Au printemps de 1925, il présida aux premières ordinations de la société et, le 1er juin, reçut le serment de stabilité des premiers membres, soit le chanoine Roch, ses six collaborateurs et six séminaristes. Le 11 septembre, il veilla au départ des premiers missionnaires pour la Mandchourie (république populaire de Chine), les abbés Eugène Bérichon, Louis-Adelmar Lapierre et Léo Lomme.
Le 29 janvier 1928, Forbes fut promu archevêque d’Ottawa. Il prenait ainsi la charge de Mgr Joseph-Médard Emard*, mort l’année précédente. Mgr Andrea Cassulo, délégué apostolique du Canada et de Terre-Neuve, présida à son intronisation le 29 mars, au cours d’une cérémonie à la basilique-cathédrale Notre-Dame d’Ottawa. Le 29 janvier 1929, il reçut le pallium, symbole de son autorité archiépiscopale, et, le 12 septembre 1935, il fut nommé assistant au trône pontifical. À son soutien indéfectible à la société des Missions étrangères s’ajouta dans son diocèse la fondation, en 1932, de l’Œuvre pontificale de Saint-Pierre-Apôtre et de l’Œuvre pontificale de la Sainte-Enfance. En 1934, Mgr Forbes organisa la première semaine d’études missionnaires au Canada et participa à ses activités.
Le grand intérêt de Forbes pour la formation des prêtres se révéla aussi dans l’archidiocèse. Il encouragea les oblats de Marie-Immaculée à fonder un séminaire affilié à l’université d’Ottawa, établissement qu’ils dirigeaient ; ouvert en 1936, le séminaire universitaire Saint-Paul proposait une formation théologique universitaire à ses étudiants. Ce séminaire universitaire s’ajoutait au séminaire diocésain d’Ottawa, le grand séminaire Saint-Thomas-d’Aquin, qui continuait à former des prêtres sans toutefois les astreindre à une formation théologique universitaire. En effet, l’archidiocèse d’Ottawa n’exigeait pas que tous ses prêtres soient dotés d’un diplôme universitaire en théologie. Le grand séminaire Saint-Thomas-d’Aquin offrait une formation davantage axée sur la pastorale.
Pendant son archiépiscopat à Ottawa, Forbes fonda les paroisses Sainte-Thérèse-de-l’Enfant-Jésus (1928), Sainte-Marguerite-Marie (1929), Christ-Roi (1930), Saints-Martyrs Canadiens (1930), L’Assomption-de-la-Bienheureuse-Vierge-Marie (1931), Marie-Médiatrice (1931), Notre-Dame-du-Perpétuel-Secours (1938), Sainte-Bernadette-Soubirous (1938) et la mission Notre-Dame-de-la-Présentation d’Overbrook (1930). De plus, il ouvrit toutes grandes les portes de son archidiocèse aux congrégations religieuses. Aux couvents, maisons mères, noviciats et scolasticats déjà présents s’ajoutèrent un noviciat et un scolasticat de langue anglaise administrés par les oblats de Marie-Immaculée (1928), ainsi que le scolasticat Notre-Dame d’Afrique de la Société des missionnaires d’Afrique (1938). Son archidiocèse s’associa à l’Action catholique, mouvement qui connaîtrait une expansion au Canada français. Par sa lettre pastorale du 8 décembre 1934, Mgr Forbes, inspiré par le pape Pie XI, invita le clergé de son archidiocèse à coordonner les « œuvres religieuses existantes » pour « organiser l’action de tous les catholiques conformément aux directions pontificales et dans le but de procurer à l’apostolat hiérarchique la coopération du laïcat ». Il annonça aussi la création d’un comité diocésain de l’Action catholique pour sa partie ecclésiastique et demanda à ses curés de former des comités paroissiaux de laïcs.
Mgr Forbes eut la satisfaction de voir bon nombre de ses prêtres accéder à l’épiscopat. Ce fut le cas de Joseph Charbonneau*, évêque de Hearst, en Ontario (1939), puis archevêque de Montréal (1940–1950), de Jean-Marie-Rodrigue Villeneuve*, évêque de Gravelbourg, en Saskatchewan (1930–1931), puis archevêque de Québec (1931–1947) (il fut promu cardinal le 12 février 1933), et de John Christopher Cody*, évêque de Victoria (1937–1946). Rome avait confiance dans le jugement de Forbes.
Le 2 février 1940, à la fin de la cérémonie du sacre d’Alexandre Vachon*, son successeur, Mgr Guillaume Forbes ressentit un malaise et fut transporté à l’Hôpital Général des Sœurs de la charité d’Ottawa. Dans une lettre à l’attention du clergé de son archidiocèse, il écrivit le 1er avril : « Il y a bientôt deux mois que je n’ai pas pu monter au saint autel. » Malade depuis déjà trois ans, il y proposait tout de même de faire sa visite pastorale et de procéder aux confirmations. Il mourut le 22 mai suivant, à l’âge de 74 ans.
BAnQ-CAM, CE601-S50, 11 août 1865.— Le Devoir, 23, 26 mai 1940.— Jules Bernard, « les Débuts de la société des Missions-Étrangères de la province de Québec », SCHEC, Sessions d’étude, 38 (1971) : 31–54.— Robert Choquette, « Aperçu historique », dans Planté près du cours des eaux : le diocèse d’Ottawa 1847–1997, sous la dir. de Pierre Hurtubise et al. (Ottawa, 1998), 11–39.— Évêques catholiques du Canada, 1658–1979, André Chapeau et al., compil. (Ottawa, 1980).— LeBlanc, DBECC.— Hector Legros et sœur Paul-Émile [Louise Guay], le Diocèse d’Ottawa, 1847–1948 (Ottawa, [1949]).— Lettres pastorales, mandements et circulaires (14 vol. parus, Joliette, Québec, 1908– ), 4–6.— Lettres pastorales, mandements et circulaires de Monseigneur Guillaume Forbes [...] (2 vol., Ottawa, [1933 ?–1940 ?]).— Clovis Rondeau, « Mgr Guillaume Forbes, missionnaire », Bull. de l’Union missionnaire du clergé, 6 (Québec, 1942) : 209–216.— La Société des Missions-étrangères de la province de Québec, Canada (Pont-Viau [Laval, Québec]), 1930, 1932.— Univ. Laval, Annuaire, 1878–1888.
Robert Choquette, « FORBES, GUILLAUME (baptisé Joseph-Guillaume) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/forbes_guillaume_16F.html.
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Auteur de l'article: | Robert Choquette |
Titre de l'article: | FORBES, GUILLAUME (baptisé Joseph-Guillaume) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2015 |
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