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FONTBONNE, MARIE-ANTOINETTE (parfois appelée de façon erronée Jeanne-Marie), dite sœur Delphine, fondatrice et première supérieure des Sisters of St Joseph of Toronto, née le 24 décembre 1813 à Bas-en-Basset, France, onzième enfant de Claude Fontbonne, vigneron, et de Marie-Françoise Pleynet ; décédée le 7 février 1856 à Toronto et inhumée dans le cimetière St Michael.
Élevée depuis son jeune âge dans la piété et éduquée par les sœurs de Saint-Joseph du Puy, Marie-Antoinette Fontbonne entra dans cette communauté à Lyon, en juin 1832, et prit le nom de sœur Delphine. Quelques années plus tard, en réponse à un appel de l’évêque de St Louis, au Missouri, qui demandait de l’aide pour propager la foi dans cette région, elle-même et sa sœur aînée, Antoinette, qui faisait partie de la communauté sous le nom de sœur Fébronie, offrirent leurs services comme missionnaires. Leur supérieure, Jeanne Fontbonne, dite mère Saint-Jean, qui était aussi leur tante, donna son approbation. Les deux sœurs partirent pour les États-Unis en 1836 et furent rejointes en route par leur frère, le père Jacques Fontbonne, et quatre autres religieuses de la communauté. Après avoir étudié l’anglais pendant une courte période, sœur Delphine fut, cette année-là, nommée supérieure d’un couvent à Carondelet (St Louis), lequel était installé dans une maison en bois rond. Ce couvent devint la première maison mère de la congrégation (Sisters of St Joseph of Carondelet) aux États-Unis. Après avoir œuvré quelques années dans cette région, mère Delphine fut nommée supérieure d’un noviciat et d’un orphelinat à Philadelphie en 1850.
Mère Delphine aurait peut-être passé toute sa carrière aux États-Unis si l’évêque de Toronto, Armand-François-Marie de Charbonnel*, n’était pas venu en visite à Philadelphie en 1851. Le père de celui-ci avait aidé mère Saint-Jean à rétablir l’ordre après les bouleversements de la Révolution française. Quand Mgr de Charbonnel, qui se préoccupait constamment de faire venir des religieux et des religieuses à Toronto, apprit la présence à Philadelphie d’une fille de la famille Fontbonne, formée en France dans l’esprit original de l’ordre, il demanda immédiatement à l’évêque de mère Delphine de la relever de ses fonctions pour qu’elle puisse s’occuper d’un orphelinat dans son diocèse. La requête de Mgr de Charbonnel fut acceptée, et mère Delphine, sœur Mary Martha [Maria Bunning*], de même que deux autres religieuses arrivèrent à Toronto le 7 octobre 1851 pour prendre place auprès des Sisters of Loreto [V. Ellen Dease*], arrivées en 1847. Les Sisters of St Joseph prirent immédiatement en charge l’établissement mis sur pied par John Elmsley* pour prendre soin des orphelins, dont beaucoup avait perdu leurs parents dans les épidémies qui avaient frappé le Canada. « Elles avaient à peine déposé leur bonnet et leur châle dans la pièce de devant, rapporte un récit contemporain, que déjà la supérieure inspectait, mettait de l’ordre et rangeait tout du dortoir à la cave. Il ne fallut pas longtemps pour qu’une transformation complète soit effectuée, et l’une des pièces de devant, située au rez-de-chaussée, fut transformée en une chapelle des plus attrayantes. »
Cependant, les religieuses ne limitèrent pas leur apostolat aux soins des orphelins et des indigents de Toronto. Dès 1852, à la demande du vicaire général Edward John Gordon*, mère Delphine envoya son amie et ancienne compagne d’enseignement, sœur Mary Martha, fonder un autre orphelinat à Hamilton, tandis que deux sœurs commençaient à enseigner à la St Patrick’s School de Toronto. Moins d’un an après son établissement dans cette ville, la communauté avait accueilli sa première sœur née au Canada, Margaret Brennan*, dite sœur Teresa. Les religieuses prirent la responsabilité de deux autres écoles séparées en 1853 et fondèrent une mission à Amherstburg. En 1854, répondant à une requête qu’on leur avait faite, elles soignèrent des personnes blessées dans un accident ferroviaire à Chatham, dans le Haut-Canada. De plus, cette année-là, elles construisirent une nouvelle maison mère près de l’église St Paul à Toronto. L’année suivante, à la demande de Mgr de Charbonnel, mère Delphine entreprit ce qui deviendrait sa réalisation la plus importante : la conception de la House of Providence, qui devait accueillir toute personne dans le besoin. Malheureusement, elle ne devait pas voir le bâtiment terminé.
À la fin de 1855, Toronto fut frappé par une nouvelle épidémie de typhus et, comme toujours, le clergé répondit de façon désintéressée aux besoins des victimes. Se dépensant sans compter pour prendre soin des orphelins, de ses religieuses et d’une femme bouleversée par la mort de son mari, mère Delphine vit deux de ses compagnes mourir avant d’être elle-même atteinte par le mal. Après une maladie qui ne dura que deux semaines, elle mourut le 7 février 1856, laissant dans le deuil une communauté comptant 38 membres. Morte prématurément à l’âge de 42 ans, mère Delphine, par son désir d’aider les pauvres et d’éveiller les esprits et les cœurs des délaissés, a laissé un splendide exemple d’amour de Dieu et du prochain.
Mgr de Charbonnel envoya en France une lettre pour informer le père Jacques du décès de mère Delphine et lui exprimer dans les termes suivants toute son appréciation des qualités de la défunte « Cette excellente et digne nièce de sa sainte tante, Mère Saint-Jean, en cinq ans, avait établi à Toronto un noviciat, un orphelinat et une maison de secours temporels et spirituels, et plusieurs autres dans le diocèse […] Très sensée et prudente, elle […] avait un coup d’œil pénétrant et prévoyant tout. Elle était laborieuse, active et économe. »
Arch. de la Congrégation des Sœurs de Saint-Joseph de Lyon (Lyon, France), Reg.— Arch. municipales, Bas-en-Basset, France, Descendance des époux Fontbonne-Pleynet (photocopie).— Sisters of St Joseph of Toronto, Community annals, [1851–1956] (3 vol. parus, [Toronto, 1968– ]), 1 : 6–7.— D. M. Dougherty et al., Sisters of St. Joseph of Carondelet (St Louis, Mo., 1966), 55, 62, 70.— Jubilee volume, 1842–1892 : the archdiocese of Toronto and Archbishop Walsh, [J. R. Teefy, édit.] (Toronto, 1892), 221–223, 230–231.— [Agnes Murphy], dite sœur Mary Agnes, The Congregation of the Sisters of St. Joseph : Le Puy, Lyons, St. Louis, Toronto (Toronto, 1951).— J. Rivaux, Vie de la révérende mère Saint-Jean [...] (Grenoble, France, 1885), 394–395.— M. B. Young, The dawn of a new day : a sketch of the life and times of Sister Delphine Fontbonne, 1813–1856 (Toronto, 1983).
Mary Bernita Young, « FONTBONNE, MARIE-ANTOINETTE (Jeanne-Marie), dite sœur Delphine », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/fontbonne_marie_antoinette_8F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1985 |
Année de la révision: | 1985 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |