FALARDEAU, ANTOINE-SÉBASTIEN, peintre, né à Cap-Santé, Bas-Canada, le 13 août 1822, fils de Joseph Falardeau, cultivateur, et d’Isabelle (Élizabeth) Savard (Savarre), mort noyé après que son cheval se fut emballé et l’eut précipité dans le fleuve, à Florence, Italie, le 14 juillet 1889.
Nous possédons peu de renseignements sur les 23 premières années de la vie d’Antoine-Sébastien Falardeau. Vers l’âge de 14 ans, le jeune homme aurait déserté la maison paternelle et serait allé tenter sa chance à Québec où, grâce à une tante, il trouva du travail chez le docteur James Arthur Sewell. La nature de son apprentissage artistique demeure une énigme, et il est prudent de s’en tenir au fait que le jeune Falardeau suivit des cours de peinture et fut apprenti peintre d’enseignes chez Robert Clow Todd*, en 1841, tout en travaillant comme commis à Québec. Le peintre italien G. Fassio*, à Québec depuis 1835, peut l’avoir orienté vers l’Italie et même lui avoir appris les rudiments de la langue. Il est possible que le marchand Abraham Hamel, frère de Théophile*, l’ait aidé financièrement dans ses projets. Mais ses relations avec Théophile Hamel ont probablement eu peu de conséquence sur le plan artistique.
Le 14 novembre 1846, avec un peu d’argent en poche, Falardeau quitte Québec pour Florence, qui allait devenir sa seconde patrie. Il aurait étudié à l’académie des Beaux-Arts de cette ville et aurait obtenu le premier prix de l’académie de Parme en faisant une copie du Saint Jérôme du Corrège. Après quelques années difficiles, il réussit à se bâtir une réputation d’artiste habile et à jouir d’une certaine aisance. Nommé chevalier de l’ordre de Saint-Louis par Charles III, duc de Parme, le 17 janvier 1852, il épousait le 7 septembre 1861 Caterina Mannucci-Benincasa, fille du marquis Francesco Mannucci-Benincasa Capponi ; trois enfants au moins naîtront de cette union.
Le peintre Napoléon Bourassa*, qui vécut près de Falardeau à Florence en 1852, décrit plusieurs traits de son caractère qui permettent de voir en lui un homme méticuleux, acharné au travail, enthousiaste et décidé : « J’ai été étonné de voir la force de son caractère [...] Il est gai, et a l’esprit tourné pour faire rire l’homme le plus grave du monde [...] C’est l’homme le plus minutieux qui soit au monde. » Enfin, « il est absolu bien autant que moi dans [ses idées] et ne comprend pas comment l’on puisse penser autrement qu’il ne fait ». Un an plus tard, le même Bourassa dans une lettre à Théophile Hamel écrit : « Falardeau fait bien à Florence ; il s’est monté ce printemps un logement, qui peut certainement témoigner de son goût, de son travail et de ses économies [...] Je crois qu’il réussira avant dix ans à doubler les galeries à Florence. » Falardeau est surtout copiste. Carlo Dolci et Guido Reni, dit le Guide, semblent lui plaire entre tous. Il réalise aussi « d’excellents dessins d’après nature ». Nous savons en outre qu’il fit des portraits. En 1882, par exemple, le gouvernement canadien lui commandait le portrait d’un ancien premier ministre de la province de Québec, Joseph-Adolphe Chapleau*, pour la somme de $500. Émile Falardeau, dans son ouvrage consacré à l’artiste, pense qu’il aurait fait aussi plus de 300 peintures originales. Rien ne nous permet de souscrire à cette affirmation.
La carrière de Falardeau en Italie est suivie avec intérêt par ses compatriotes. Il fait deux brèves visites dans son pays natal, en 1862 et en 1882, et y expose ses peintures. Les journaux de Québec et de Montréal parlent avec fierté de ses succès outre-mer et encouragent « les amateurs de peintures [... à] aller admirer les compositions d’un artiste canadien qui fait tant honneur au Canada ». Le public se montre assez enthousiaste pour qu’Antoine Plamondon*, qui ne peut souffrir de rival, passe à l’attaque et dénonce les copies faites par des peintres en Italie.
La dispersion des tableaux peints par Falardeau rendra sans doute impossible l’étude de son œuvre. Plusieurs peintures existent certainement en Italie, d’autres, achetées par des visiteurs, ont été reléguées aux oubliettes, sort souvent réservé aux copies. En existe-t-il beaucoup au Canada ? Selon des articles de journaux publiés lors de ses deux brefs séjours en terre canadienne, il aurait apporté ; en 1862, plus de 100 tableaux qu’il vendit à Québec et à Montréal, et, en 1882, un lot d’environ 75 toiles dont les prix s’échelonnaient de $20 à $250 pièce. Si l’on ajoute à ces deux ensembles une collection commandée, en 1857, par le docteur George Ansel Sterling Ryerson*, de Toronto, ainsi que des commandes de portraits ou d’œuvres originales faites lors de ses deux séjours ou par des visiteurs en Italie, on peut dire que plus de 200 tableaux de Falardeau ont existé au Canada.
S’il est impossible de porter un jugement sur l’ensemble de l’œuvre de Falardeau, on ne peut ignorer ses talents de copiste. Napoléon Bourassa, à l’époque où il lui rend visite chaque jour, affirme « qu’il a peu d’égaux parmi ceux qui font profession de la copie à Florence ». Ses copies sont « irréprochables » et ses dessins d’après nature « excellents ». Le merveilleux petit tableau de Falardeau représentant Beatrice Cenci (Guido Reni), conservé au musée du Québec, donne une bonne idée de son talent qui, selon Henri-Raymond Casgrain*, « a plus de charme que de fierté, de finesse et d’élégance que de vigueur, de délicatesse exquise et de sentiment que d’énergie. Il [Falardeau] excelle dans la perfection du fini, dans la poésie de l’exécution. Ses miniatures sont d’une vérité de ton, d’une pureté de lignes, d’une transparence, d’une fraîcheur, d’une harmonie de style et souvent d’une naïveté ravissantes. » Sur la vingtaine de tableaux conservés au musée du Québec, plusieurs sont d’aussi bonne qualité.
Arch. privées, Anne Bourassa (Montréal), Lettre de Napoléon Bourassa à Charles Laberge, 19 déc. 1852 ; Madeleine Hamel (Québec), Lettre de Napoléon Bourassa à Théophile Hamel, déc. 1853.— IBC, Centre de documentation, Fonds Morisset, 2, F177/A634.7.— Le Canadien, 16 nov. 1846.— Le Journal de Québec, 22 août 1862.— La Minerve, 2, 17, 19, 22 juill. 1862, 10, 18 juill. 1882.— Georges Bellerive, Artistes-peintres canadiens français ; les anciens (Québec, 1925).— H.-R. Casgrain, A. S. Falardeau et A. E. Aubry (Montréal, 1912).— Émile Falardeau, Un maître de la peinture : Antoine-Sébastien Falardeau (Montréal, 1936).— A. H. Robson, Canadian landscape painters (Toronto, 1932)
Raymond Vézina, « FALARDEAU, ANTOINE-SÉBASTIEN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/falardeau_antoine_sebastien_11F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1982 |
Année de la révision: | 1982 |
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