ENGLISH, BENJAMIN FRANKLIN, homme d’affaires et éleveur, né le 19 mars 1841 à St Louis, Missouri, fils de Benjamin Franklin English et de Pauline (Paulina, Perlina, Perlena) Durbin (Dunben) ; le 23 janvier 1883, il épousa dans le district de Barkerville, Colombie-Britannique, Annie Fontaine (avec qui il vivait en couple depuis le milieu des années 1860), et ils eurent trois fils, puis le 14 mars 1885, à Victoria, Ellen Martin (décédée en 1927), avec qui il eut trois filles et deux fils ; décédé le 6 mai 1922 à Ashcroft, Colombie-Britannique.

Benjamin Franklin English, aussi connu sous le nom de Doc English, était parmi les innombrables Américains qui, attirés par les possibilités que présentait la ruée vers l’or à la fin des années 1850 et au début des années 1860, affluèrent dans les régions du Fraser et de Cariboo, dans la colonie de la Colombie-Britannique. Pour English, cette migration vers le nord ne constituait que le dernier d’une série d’autres voyages. En 1846, sa famille était partie du Missouri pour le comté de Polk, dans le territoire de l’Oregon, où elle s’installa ensuite, près de la rivière Luckiamute. Pendant ce périple, relata plus tard English, lui et son père échappèrent à un groupe d’autochtones hostiles armés de flèches empoisonnées, dont l’une atteignit et tua le cheval du jeune Benjamin Franklin. La famille English resterait au bord de la rivière Luckiamute pendant 17 ans. Elle partit ensuite s’installer en Californie, où elle vécut d’abord dans le comté de Solano, puis dans le comté de Lake. En 1856, âgé de 15 ans, English retourna au Missouri pour conduire dans l’Oregon un convoi de bêtes de somme appartenant à des amis et à des parents. Au cours des années qu’il passa en Oregon, son extraordinaire capacité à diriger le bétail et la passion (qu’il conserverait toute sa vie) pour les chevaux, en particulier les chevaux de course, lui valurent le surnom de « Doc ».

Deux ans après son retour en Oregon, English se joignit à un convoi de wagons regroupant 200 personnes en route pour la vallée du Fraser. Ce convoi fut refoulé par environ 800 Amérindiens dans la vallée de l’Okanogan, du côté américain de la frontière. Les voyageurs se résignèrent à retourner en Oregon, mais English revint sur ses pas en 1860 et arriva finalement à Barkerville. Après avoir mené du bétail de l’Oregon jusqu’à Barkerville pour Herman Otto Bowe, English forma son propre convoi de bêtes de somme. Il étendit plus tard ses activités au commerce et à la traite de fourrures avec un partenaire du nom d’Orlando Thomas Hance, avec lequel il créa le TH Ranch dans le district de Chilcotin. Cette association dura jusqu’au jour où English perdit, à une course de chevaux, un montant d’environ 3 000 $ appartenant au ranch ; il céda alors sa part du ranch à Hance afin de rembourser sa dette. English partit ensuite s’installer à Deer Park, toujours dans le district de Chilcotin ; en 1873, il exerça un droit de préemption sur une terre de 320 acres, qui devint le point central de son ranch de Deer Park et qui constituerait le lieu de résidence familiale jusqu’en 1886. Après avoir vendu la propriété, la famille English partit se réinstaller dans le bas de la rivière Bonaparte, où elle fit l’élevage de bovins et de chevaux. English alla plus tard s’installer dans la vallée de Venables. Lui et sa famille y restèrent jusqu’en 1919, soit jusqu’au jour où ils allèrent s’établir à Ashcroft. Tout au long de sa vie, English entreprit une foule de projets qui furent très souvent couronnés de succès et se refusa toujours à baisser les bras devant les épreuves ou les revers financiers.

En avril 1864, peu de temps après qu’English se fut installé à Barkerville, la Colombie-Britannique connut un profond bouleversement : 18 constructeurs routiers ainsi que des résidents furent tués à l’inlet de Bute par un groupe d’Améridiens chilcotins sous la direction du chef Klatsassin*. La construction d’une route par Alfred Penderell Waddington* qui s’avançait dans l’intérieur des terres ainsi que les vagues successives de petite vérole qui avaient décimé les populations autochtones locales furent les raisons qui incitèrent les Amérindiens à attaquer. On raconte qu’English joua un rôle central dans la capture subséquente de trois Chilcotins ayant participé à l’attaque, mais une analyse plus poussée des faits révèle qu’il s’agit là d’une pure fabulation. Au mieux, English pourrait avoir fait partie du détachement formé de cinquante hommes que dirigeait William George Cox*.

Des incidents survenus près de 20 ans plus tard révèlent la source de la confusion concernant les activités d’English. En 1883, English orchestra la capture de deux Chilcotins accusés d’avoir tué un mineur chinois. Accompagné du constable Boswell, English vécut parmi les autochtones chez qui l’on présumait que les fugitifs se cachaient et parvint, après des négociations avec des dirigeants autochtones, à capturer les accusés. Peu de temps après, le bureau du procureur général de la province offrit un montant de 500 $ à English pour organiser la capture de deux autres Chilcotins accusés de meurtre, mais ce dernier refusa ou ne mena pas sa mission à terme.

Les échanges d’English avec le monde de la justice pénale se poursuivirent quelques années plus tard lorsqu’il participa à la capture de Martin Van Buren Rowlands, un bandit de la région de Cariboo. À la mi-août 1891, un voleur braqua la diligence de la British Columbia Express Company et prit la fuite avec 15 000 $ en or. Peu de temps après, des rumeurs circulèrent à propos d’une fabuleuse découverte d’or au ruisseau Scottie qui aurait surtout profité à Rowlands. Cette histoire fut mise en doute puisqu’il était de notoriété publique que les ressources aurifères du ruisseau avaient été épuisées. English ainsi qu’un marchand local de bétail, John Wilson, décidèrent d’aller faire enquête. Après avoir suivi Rowlands du ruisseau jusqu’à Ashcroft, ils se rendirent voir le juge de paix Isaac Lehman, de qui ils obtinrent la délivrance d’un mandat d’arrestation contre Rowlands. Au moment où ce dernier s’apprêtait à quitter la région en train, il fut arrêté par le constable Joseph William Burr, et fut jugé coupable et condamné à cinq ans de prison après la tenue d’une enquête et d’un procès. Pour avoir contribué à cette arrestation, English et Wilson reçurent par la suite une récompense de 2 000 $ qu’ils se partagèrent.

En définitive, la vie de Benjamin Franklin English est représentative de certains modes de vie qui avaient cours à la fin du xixe siècle et au début du xxe en Colombie-Britannique. Il est un exemple typique du colon qui, malgré une antipathie à peine voilée à l’endroit des autochtones, se tailla une réputation d’habile négociateur avec ces derniers. Il faisait en outre partie de cette catégorie d’hommes sûrs d’eux et ingénieux qui, aux confins des terres colonisées, s’engagèrent dans de multiples activités. Il montra à certains égards la capacité des pionniers de s’adapter à la situation d’une société en mutation et où les habiletés pratiques constituaient un gage de succès et de prospérité.

Jonathan Swainger

BCA, GR-0429, box 1, file 12, 118/183 ; 141/183 ; 356/383 ; box 2, file 5, 1354/1392 ; box 3, file 1, 1478/1493 ; GR-2951, nº 1922-09-308037 (mfm) ; GR-2962, 23 janv. 1883, nº 1883-09-172814 ; 14 mars 1885, nº 1885-09-003966 (mfm).— Quesnel Museum and Arch. (Quesnel, C.-B.), English Family clipping file.— Ashcroft Journal (Ashcroft, C.-B.), 12 mai 1922.— Kamloops Standard-Sentinel (Kamloops, C.-B. ), 9 mai 1922.— Williams Lake Tribune (Williams Lake, C.-B.), 31 mai 1951.— Cecil Clark, B.C. Provincial Police stories (3 vol., Surrey, C.-B., 1986–1993).— Pat Foster, « Doc English », British Columbia Hist. News (Victoria), 29 (1995–1996), nº 3 : 13–15 ; « Grandmother and granddaughter : the pioneer spirit », 28 (1994–1995), nº 2 : 2–4.— E. S. Hewlett, « The Chilcotin uprising : a study of Indian-white relations in nineteenth century British Columbia » (mémoire de m.a., Univ. of B.C., Vancouver, 1972) ; « The Chilcotin uprising of 1864 », BC Studies (Vancouver), 19 (automne 1973) : 50–72.— Mel Rothenburger, The Chilcotin war (Langley, C.-B., 1978).— E. O. S. Scholefield et F. W. Howay, British Columbia from the earliest times to the present (4 vol., Vancouver, 1914), 4 : 807s.— M. S. Wade, The Cariboo Road, E. A. Eastick, édit. (Victoria, 1979).— D. R. Williams, «... The man for a new country » : Sir Matthew Baillie Begbie (Sidney, C.-B., 1977).— R. T. Wright, Barkerville, Williams Creek, Cariboo : a gold rush experience (éd. rév., Duncan et Barkerville, C.-B., 1993)

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Jonathan Swainger, « ENGLISH, BENJAMIN FRANKLIN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/english_benjamin_franklin_15F.html.

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Année de la publication:    2005
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