ÉNAULT (Esnault, Hénaut) DE BARBAUCANNES (Barbocant), PHILIPPE, chirurgien et personnage éminent du début de l’Acadie, né à Saumur en France en 1651, décédé après 1708.
Vers 1676, Énault entra au service de Nicolas Denys* à Nipisiguit (Bathurst, N.-B.) sous les ordres de Richard Denys* de Fronsac. Il y exerça son métier de chirurgien, mais il semble que Denys l’ait aussi chargé de surveiller son exploitation agricole et ses pêcheries. Peu après son arrivée, il se fit bâtir une maison sur la rive sud de l’embouchure de la rivière Nipisiguit.
Énault embaucha des hommes pour son propre compte, se lança dans l’exploitation de la pêche sur grande échelle et se mit aussi à faire le commerce des fourrures avec les Indiens micmacs de la région. Toutefois, il ne négligea pas ses terres : nous savons qu’il avait des bêtes à cornes et qu’il fit construire un moulin à eau pour moudre son grain. Selon le père Chrestien Le Clercq*, il exploite sa ferme « avec succez & recüeille du froment au-delà de ce qu’il en faut pour l’entretien de sa famille ». Le Clercq, qui a été un des premiers missionnaires de la région, dit beaucoup de bien d’Énault et de ses succès de colonisation, et parle de l’aide qu’il a reçue de lui dans sa tâche missionnaire.
En 1689, le roi accorda à Philippe Énault une concession d’une lieue de largeur sur deux lieues de profondeur environ, le long des deux rives de l’embouchure de la Nipisiguit. On lui accordait en même temps le droit de pêche, de chasse et de traite avec les Indiens. Toutefois, les difficultés ne tardèrent guère car, le 26 mai 1690, un dénommé Jean Gobin, marchand québécois, reçut une grande terre seigneuriale, sur la Nipisiguit, qui englobait la concession d’Énault. Deux jours plus tard, Gobin céda sa concession à Richard Denys qui, évidemment, réclama qu’Énault évacue ses terres. Après avoir porté leur cause devant le Conseil souverain, Denys et Énault en vinrent à un arrangement, le 29 août 1691, selon lequel ce dernier garderait ses terres mais payerait à Denys une rente de 100 sols tous les deux ans. En août 1693, Énault reçut la concession d’une seigneurie sur la rivière Pocmouche, au nord de la rivière Miramichi. Le Conseil souverain confirma l’octroi des concessions sur la Nipisiguit et sur la Pocmouche en 1703 et 1705 respectivement.
L’on sait qu’Énault vivait encore en 1708. Il avait épousé vers 1679 une Indienne micmac avec qui il avait eu plusieurs enfants. À la mort d’Énault, ceux-ci abandonnèrent les terres pour aller vivre chez les Indiens et avec le temps les droits d’Énault devinrent périmés.
Le Clercq, New relation of Gaspesia (Ganong).— Jug. et délib., III : 553–555 ; IV : 835–837 ; V : 143s.— Ord. comm. (P.-G. Roy), II : 196s.— Richard Denys, sieur de Fronsac, and his settlements in northern New Brunswick, Historical-geographical documents relating to New Brunswick, W. F. Ganong, édit. N.B. Hist. Soc. Coll. [III], no 7 (1907) : 7–54.— P.-G. Roy, Inv. concessions, IV : 40–46 ; Inv. ins. Cons. souv., 80, 105.— Ganong, Historic sites in New Brunswick, MSRC, V (1899), sect.
George MacBeath, « ÉNAULT (Esnault, Hénaut) DE BARBAUCANNES (Barbocant), PHILIPPE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/enault_de_barbaucannes_philippe_2F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1969 |
Année de la révision: | 1991 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |