ELLICE, ROBERT, marchand et trafiquant de fourrures, né en 1747, probablement à Auchterless (Kirktown of Auchterless, Grampian), Écosse, troisième fils de William Ellice, de Knockleith, et de Mary Simpson, de Gartly, décédé en 1790, probablement à Montréal.

Robert Ellice était le fils d’un meunier prospère qui, avant sa mort survenue en 1756, avait fait instruire quelque peu ses enfants et qui leur laissa peut-être un modeste héritage. En 1765, les cinq frères Ellice émigrèrent, de leur ferme familiale de l’Aberdeenshire, en Amérique, laissant leur mère et leurs deux sœurs au pays. Ils se rendirent jusqu’à Schenectady, New York, petit centre agricole et commercial situé sur la « frontière ». L’aîné, Alexander*, s’associa à John Duncan et à James Phyn, deux marchands locaux, en 1766. Duncan avait participé activement à la traite des fourrures dans la région de la vallée de la Mohawk, du fort Niagara (près de Youngstown, New York) et de Détroit ; ses nouveaux associés étendirent, avec détermination, leurs affaires aux grains et aux marchandises générales. Après la retraite de Duncan, en 1767, la compagnie, désormais connue sous le nom de Phyn, Ellice and Company, s’installa dans des locaux plus grands. Ses affaires prospérèrent et, à l’automne de 1768, Robert Ellice fut intégré dans la compagnie. Des ententes commerciales additionnelles, dont une association avec John Porteous, marchand faisant affaire à partir de Montréal, furent effectuées à Détroit, Albany, New York, Montréal, Londres et Bristol. Ces ententes reflétaient l’accroissement du volume des affaires, mais elles représentaient aussi une attitude délibérée devant les difficultés croissantes opposant les colonies américaines et la Grande-Bretagne. La compagnie savait que les marchands de Montréal n’étaient pas tombés sous le coup des accords restreignant les importations, en vigueur dans les colonies américaines à la fin des années 1760, et, dès 1770, les associés passèrent des ententes pour importer les marchandises de traite destinées au marché intérieur et pour écouler leurs fourrures via la province de Québec.

Comme complément à son activité relative à la traite des fourrures, la compagnie rechercha et obtint, à la fin des années 1760, des contrats du gouvernement pour la fourniture de marchandises et de provisions de bouche aux postes militaires des Grands Lacs, en particulier Détroit et Michillimakinac (Mackinaw City, Michigan). Elle obtint aussi des contrats du département des Affaires indiennes pour la fourniture de présents destinés aux Indiens. En plus de se révéler tout à fait lucratifs, ces contrats aidèrent à assurer l’accès aux régions situées au delà de ces postes ; et la firme Phyn, Ellice and Company achemina ses propres marchandises avec les marchandises officielles. On maintint ces contrats tout au cours de la Révolution américaine et, très vraisemblablement, jusqu’à l’évacuation par les Britanniques des postes de la frontière, en 1796.

En 1774, prévoyant la continuation des conflits entre la Grande-Bretagne et ses colonies américaines, James Phyn ouvrit un bureau à Londres, pendant qu’Alexander Ellice en ouvrait un à Montréal. On convertit la plupart des avoirs de la compagnie en argent liquide et en lettres de change, et on les mit en sécurité en Angleterre. À la fin de 1775, les avoirs restant dans la colonie de New York furent transférés à James Ellice, autre associé de la compagnie, qui protégea les intérêts de l’entreprise à Schenectady pendant et après la Révolution américaine. Il semble que Robert Ellice resta aussi dans la colonie de New York, car en 1776, même s’il prêta serment d’allégeance à l’État, on lui ordonna de rebrousser chemin au fort Stanwix (Rome, New York), alors qu’il allait de Schenectady vers l’intérieur pour récupérer des sommes dues à la compagnie. Il s’embarqua à New York le 11 septembre 1778 et rejoignit Alexander à Montréal, où l’ouverture des hostilités avait offert aux marchands de nouvelles occasions, sous la forme de contrats avec l’armée britannique pour la fourniture de provisions de bouche et de marchandises diverses.

En 1779, l’entreprise de Montréal devint la Robert Ellice and Company, dirigée conjointement par Ellice et John Forsyth*. En achetant au comptant les biens de l’entreprise de Graverat et Visgar, de Détroit, plutôt que de recourir à des transactions régulières fondées sur des clauses contractuelles, Ellice put jouer personnellement un rôle de premier plan dans l’expansion de la traite dans les régions sud et ouest des Grands Lacs et, ultérieurement, dans les territoires situés au delà du lac Supérieur. John Richardson* était entré chez les frères Ellice comme apprenti en 1774, et à la mort de Robert, en 1790, l’entreprise fut réorganisée sous la raison sociale de Forsyth, Richardson and Company ; cette société, liée à la maison Ellice de Londres, devint par la suite partie de la XY Company. En 1787, Robert Ellice devint aussi l’un des associés de la compagnie londonienne, connue depuis cette année-là sous la raison sociale de Phyn, Ellices, and Inglis. Grâce à cet entrecroisement d’associations, renforcé par des liens de parenté, les frères Ellice fournirent une importante portion des marchandises de traite destinées à l’intérieur des terres (négociant avec les premiers trafiquants de la North West Company, tels Peter Pond*, Simon McTavish* et Benjamin Frobisher), jouèrent le rôle d’intermédiaires dans les factoreries et écoulèrent les fourrures en Europe. Ils possédaient des navires tant sur les Grands Lacs que sur l’Atlantique et ils acquirent de grandes propriétés foncières en Amérique du Nord. Les raisons de leurs succès furent la hardiesse de leurs conceptions, leur sens de l’à-propos, le soin apporté à leur comptabilité et leur perspicacité dans les questions financières. Même si la mort prématurée de Robert l’empêcha d’y prendre sa part, la famille Ellice accumula une fortune considérable, dont le rôle, dans les débuts du commerce canadien, ne fut pas négligeable.

James M. Colthart

BL, Landsdowne mss LXXII, ff.455–458.— National Library of Scotland (Édimbourg), Dept. of Manuscripts, mss 15 113 ; 15 115, f.1 ; 15 118, ff.1–12 ; 15 125, ff.82–99 ; 15 130, ff.1–76 ; 15 131, ff.1–177 ; 15 135 ; 15 138 ; 15 176, ff.75ss ; 15 193, f.33.— PRO, BT 6/190 ; CO 47/80–82.— J. M. Colthart, Edward Ellice and North America (thèse de ph.d., Princeton University, N.J., 1971).— R. H. Fleming, Phyn, Ellice and Company of Schenectady, Contributions to Canadian Economics (Toronto), IV (1932) : 7–41.— H. A. Innis, The North West Company, CHR, VIII (1927) : 308–321.— W. S. Wallace, Forsyth, Richardson and Company in the fur trade, SRC Mémoires, 3e sér., XXXIV (1940), sect. ii : 187–194.

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James M. Colthart, « ELLICE, ROBERT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/ellice_robert_4F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
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