DUPUY, JEAN-BAPTISTE, prêtre catholique, rédacteur, éducateur, né à Contrecœur (comté de Verchères) le 15 septembre 1804, fils de Joseph Dupuy, capitaine de milice, et de Françoise Richard, décédé à Saint-Antoine-sur-Richelieu le 13 octobre 1879.
Tout en poursuivant ses études au collège de Montréal, Jean-Baptiste Dupuy y enseigna de 1829 à 1832. Ordonné prêtre le 2 septembre 1832, il fut d’abord vicaire dans différentes paroisses pendant environ quatre ans. Nommé premier curé de Saint-Aimé (comté de Richelieu) le 28 octobre 1836, Dupuy occupa ce poste jusqu’en 1841. Puis il eut la responsabilité de la paroisse Saint-Jean-Baptiste (comté de Rouville) jusqu’en 1843. Cette année-là, Mgr Ignace Bourget* lui confia la direction des Mélanges religieux, périodique qui était alors l’organe de l’évêché de Montréal. Il remplit cette charge durant deux ans après quoi il accepta de nouvelles cures.
Au cours des nombreuses années qu’il consacra au ministère paroissial, Dupuy aimait réunir les enfants les plus pauvres et les plus intelligents de sa paroisse afin de les enseigner et de les préparer aux études classiques. Il avait fait un très bref passage au collège de Chambly, en septembre 1836 ; en 1846, il fut nommé directeur du collège de L’Assomption. Fondé par les docteurs Jean-Baptiste Meilleur et Louis-Joseph Cazeneuve et le curé François Labelle, ce collège avait ouvert ses portes en 1833. En 1846, le collège offrait alors deux cours d’études : un cours préparatoire où l’on mettait l’accent sur les matières d’instruction pratique et le cours classique proprement dit. Deux ans après l’arrivée de Dupuy, le personnel enseignant n’était plus composé que de prêtres et de séminaristes. On avait éliminé les professeurs laïques affectés aux classes de français et d’anglais, car on estimait que seuls les ecclésiastiques pouvaient être de bons éducateurs et possédaient les qualités et la grâce d’état pour former la jeunesse. De plus, il fallait payer les laïques beaucoup plus que les ecclésiastiques ; ceux-ci étaient nourris et logés au collège et leur salaire était dérisoire.
Le collège et son directeur furent les victimes, en 1850, d’une aventure assez singulière. Un groupe d’écoliers se forma en une espèce de société secrète, adoptant un langage codé, une mode singulière de se vêtir, et jouant aux révolutionnaires. On les appelait « les flambards ». Ils fondèrent un journal clandestin, mi-badin, mi-scientifique, toujours gouailleur et irrespectueux envers l’autorité de la maison. Dupuy dut faire les frais de cette aventure dont les échos rebondirent jusqu’à l’évêque de Montréal, Mgr Bourget.
Au collège de L’Assomption, Dupuy conserva et établit des coutumes dans le domaine de la piété, des études, de l’hygiène et des fêtes. Dans son Histoire du collège [...], Anastase Forget résume l’œuvre de Dupuy en disant qu’il comprit les jeunes, rétablit l’autorité et se fit aimer. Les élèves qu’il forma lui gardèrent un attachement remarquable.
Un autre fait illustre bien le zèle de Jean-Baptiste Dupuy pour l’éducation. En 1849, la paroisse de L’Assomption, avec l’autorisation du surintendant Meilleur, décida d’ouvrir une école bilingue, en mettant l’accent sur l’enseignement de l’anglais ; bien plus, les commissaires demandèrent l’ouverture de deux écoles, l’une anglaise et l’autre française. Dupuy offrit alors d’établir gratuitement une ecole modèle française. Le programme visait à « enseigner, graduellement et à mesure que les enfants [deviendraient] capables, dans l’espace de trois ans, la grammaire française, l’arithmétique, la tenue des livres en partie double, l’histoire du Canada, l’histoire sainte, la géographie, l’art épistolaire, un peu de zoologie et d’ornithologie, surtout la partie qui [pouvait] être utile à l’économie domestique et à l’agriculture, un petit traité d’agriculture, l’intelligence du catéchisme politique de [A.] Gérin [-Lajoie*] et même s’il [était] possible, d’après l’expérience, un petit traité des Belles-Lettres et de la Rhétorique. »
Redevenu curé en 1852, Dupuy fut nommé à Saint-Antoine-sur-Richelieu en 1858. Toujours hautement estimé des évêques du diocèse de Saint-Hyacinthe, il les accompagna dans leurs visites pastorales de 1856, 1859 et 1861. En 1866, il fut nommé membre du conseil diocésain et il accompagna Mgr Charles La Rocque en qualité de théologien au concile de Québec en 1873.
Dans un article nécrologique, la Minerve rend un témoignage éloquent à Jean-Baptiste Dupuy, mort en 1879 : elle souligne son jugement extraordinairement droit, son esprit éclairé, son grand cœur, son détachement des biens terrestres, son esprit de charité, son amour et sa générosité envers les pauvres qu’il secourait au point d’être constamment dans la gêne. L’étude fut toujours l’une des passions de sa vie, ce qui lui permit d’être un prédicateur aussi sérieux qu’intéressant et un théologien dont les conseils et les avis étaient toujours reçus avec profit.
Mélanges religieux (Montréal), 1843–1845.— Allaire, Dictionnaire.— Alexis de Barbezieux, Histoire de la province ecclésiastique d’Ottawa et la colonisation dans la vallée de l’Ottawa [...] (2 vol., Ottawa, 1897), I : 187–189.— Anastase Forget, Histoire du collège de L’Assomption (Montréal, [1933]), 95–98, 151–156, 251s.— J.-B. Meilleur, Mémorial de l’éducation du Bas-Canada (2e éd., Québec, 1876), 156, 171.
Louis-Philippe Audet, « DUPUY, JEAN-BAPTISTE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/dupuy_jean_baptiste_10F.html.
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Auteur de l'article: | Louis-Philippe Audet |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1972 |
Année de la révision: | 1972 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |