DUN (Dunn), JOHN, ministre de l’Église d’Écosse, marchand et fonctionnaire, né le 11 décembre 1763 à Fintry, Écosse, deuxième fils de James Dun, fermier ; décédé le ou vers le 6 novembre 1803.
On ne connaît guère les premières années de John Dun, si ce n’est qu’il reçut « une éducation régulière ». En 1788, au moment où il obtint de l’University of Glasgow sa maîtrise ès arts, il vivait à Largs (région de Strathclyde), village côtier situé à l’ouest de Glasgow. Le 5 juillet 1791, il reçut du consistoire d’Irvine l’autorisation de prêcher. Moins de deux ans plus tard, il immigra dans l’état de New York, où il fut accepté en tant que détenteur d’un permis du consistoire d’Albany ; il se vit confier le poste vacant de Cherry Valley. Son nom apparaît dans les archives presbytériennes américaines pour l’année 1794, mais, à l’automne de cette année-là, il résidait à Newark (Niagara-on-the-Lake, Ontario).
Il semble probable que, pendant son séjour à Cherry Valley, Dun ait rendu visite à John Young*, ministre de l’église presbytérienne écossaise à Montréal, et que celui-ci lui ait conseillé de poser sa candidature à un poste à Newark, où la congrégation presbytérienne, nombreuse et prospère, avait en 1792 construit un lieu de réunion. Peut-être les deux hommes se connaissaient-ils déjà, Young étant né en Écosse, à Beith, non loin de Largs ; il avait, lui aussi, reçu son permis du consistoire d’Irvine et il avait immigré à New York, où il avait fait du ministère avant de partir pour Montréal. À la fin de 1793 ou au début de 1794, même s’il n’était pas dûment ordonné, Dun s’entendit avec les presbytériens de Newark, qui lui fourniraient une chambre et lui verseraient un salaire de £300 pour une période de trois ans ; l’entente prévoyait aussi une période de probation de dix semaines, « afin de juger de sa loyauté, piété, prudence et autres qualités pertinentes au ministère ».
Dun devait entrer en fonction le 13 juin 1794 ; pourtant, il arriva environ trois mois en retard, porteur d’une recommandation de Richard Duncan, marchand et conseiller législatif qui vivait tantôt à New York, tantôt dans le Haut-Canada, adressée à l’arpenteur général David William Smith*. Le 30 septembre 1794, un comité de la congrégation de Newark, composé de Ralfe Clench*, de Robert Kerr* et d’Andrew Heron, décida de construire une nouvelle église et de lever les fonds nécessaires à l’entretien d’un ministre. Le lendemain, Dun réunit les conseillers presbytéraux ;ils se constituèrent en assemblée locale et, du même coup, tinrent leur première séance, Dun agissant comme président. Les clauses financières d’un nouveau contrat avec Dun différaient légèrement de celles du contrat original. Dun acceptait de voyager de Newark au canton de Stamford, où une église avait été construite en 1791. Son salaire était de £100 par année.
Le 1er novembre 1794, ayant terminé avec succès sa période de probation, Dun adressa au lieutenant-gouverneur Simcoe une requête pour l’obtention de 1 200 acres de terre : « si votre requérant réside ici, il mettra sa gloire et son ambition à jeter la semence de la loyauté, de la moralité et de la religion au sein de sa congrégation », promit-il. Le 8 novembre 1795, Simcoe écrivait au duc de Portland que l’apport des habitants de la région de Newark en vue de la construction d’une église pour le ministre Robert Addison*, de l’Église d’Angleterre, avait diminué. « Malheureusement, expliquait-il, un ministre presbytérien étant arrivé d’Écosse l’année dernière, les habitants de toutes dénominations ont bâti un lieu de culte, de sorte que j’attends bien peu d’aide de leur part pour la construction d’une église épiscopale. » En dépit du mécontentement évident de Simcoe, la requête de Dun obtint son effet et, le 31 décembre 1798, 800 acres lui furent finalement concédées dans le canton d’Ancaster et 400 dans celui de Pelham.
Deux ans et demi après son arrivée à Newark, Dun abandonna brusquement le ministère. Les raisons de ce geste ne sont pas connues avec certitude ; pourtant, dans une requête du 28 décembre 1796, pour obtenir une nouvelle concession, il faisait état de sa démission « devant certaines circonstances décourageantes » et affirmait qu’il « profess[ait] la religion chrétienne et l’obéissance aux lois et a[vait] vécu dans ce pays sans offenser qui que ce [fût] ». En 1802, lui succéda pour peu de temps son ami John Young, qui avait dû démissionner de son poste à Montréal pour cause d’alcoolisme. Ce n’est qu’avec l’arrivée de John Burns*, en 1806, à Newark, devenu Niagara, que la congrégation eut enfin un ministre dûment ordonné.
Dun aurait pu réussir comme ministre en Écosse au sein d’une congrégation bien établie ; à Newark, il était isolé, le ministre de l’Église d’Écosse le plus proche, John Bethune, résidait à Williamstown, dans le comté de Glengarry. Il lui était impossible, par conséquent, de se faire ordonner, et il ne pouvait ni célébrer les mariages ni conférer le baptême, rites essentiels dans une communauté de pionniers. En outre, eût-il eu dans son voisinage des ministres de sa dénomination, qui lui auraient donné conseils et amitié, il est possible que les doutes qui l’assaillaient eussent été apaisés. Mais, s’il abandonna la chaire, Dun resta membre de cette congrégation et il loua même un banc.
Dun entreprit alors une carrière de commerçant. Dans sa requête de 1796, il avait demandé un lot urbain à Newark ; la concession en fut faite le 3 août 1799. Le 26 décembre suivant, probablement pour financer la construction de son magasin, il vendit un de ses lots de Pelham pour la somme de £25. Il s’installa dans la petite ville comme marchand général, offrant une variété de marchandises, allant des livres au rhum, au café, au sucre et aux marchandises sèches. On ignore s’il connut le succès comme marchand mais, en janvier 1801, il fit savoir qu’il était dans l’obligation « de ne plus faire crédit même à ses meilleurs clients ».
En 1800, Dun était au nombre des signataires de la requête des petits commerçants, fonctionnaires et officiers loyalistes qui menaient campagne contre les améliorations proposées, pour le portage du Niagara, par le principal commerçant de la province, Robert Hamilton, et ses associés. En 1802, Dun jouissait d’une certaine réputation. Cette année-là, il fut élu estimateur municipal, et, l’année suivante, gardien de fourrière. Il se noya, en 1803, lorsque le sloop Lady Washington sombra dans le lac Ontario.
Resté célibataire, John Dun était mort intestat, obligeant ses créanciers à réclamer, par voie de requête, l’administration de sa succession. Robert Hamilton et le principal créancier de Dun, Patrick Robertson and Company, de Montréal, à qui il devait au moins £1 400, cherchèrent à l’obtenir du lieutenant-gouverneur Peter Hunter ; elle fut confiée aux représentants locaux de la Patrick Robertson and Company, John MacKay et Samuel Hatt, frère de Richard, marchands de Niagara.
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Elizabeth Ann Kerr McDougall, « DUN (Dunn), JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/dun_john_5F.html.
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Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1983 |
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