DUGAL, OLIVIER (baptisé Charles-Olivier), sculpteur, né le 4 novembre 1796 à Saint-Michel, non loin de Québec, fils de Louis Cotin (Cottin), dit Dugal, cabaretier, et de Madeleine Bernard ; décédé le 5 mai 1829 à Terrebonne, Bas-Canada.

Olivier Dugal avait pour ancêtre Dugal Cotin, venu s’établir dans la région de Québec à la fin du xvii e siècle. Au cours des ans, le prénom de cet ancêtre devint d’abord le surnom, puis le patronyme de ses descendants. Olivier avait au moins deux sœurs et trois frères, parmi lesquels François, de deux ans son aîné, qui fut aussi sculpteur.

Les deux frères Dugal acquirent leur formation professionnelle à l’atelier de Louis Quévillon, situé près de Montréal. Sous la direction de ce maître, la sculpture sur bois, alors consacrée à l’ornementation intérieure des églises, était enseignée selon une esthétique nouvelle qui combinait des éléments empruntés tant aux décors renommés déjà existants au pays qu’aux anciens courants rococo européens. Les Dugal durent être recrutés par Quévillon lors de ses visites à Saint-Michel, entre 1805 et 1814, à l’époque où il effectuait des travaux de décoration à l’église paroissiale. À l’atelier, qui comptait plus d’un maître sculpteur, c’est sans doute René Beauvais*, dit Saint-James, qui leur servit de maître, vu les liens étroits qui uniraient par la suite François Dugal à Saint-James.

Alors que son frère aîné commença sa carrière dans la région de Montréal, Olivier Dugal fit ses premières armes dans la région de Québec. Il avait dû suivre Pierre Séguin, confrère chez Quévillon, qui était retourné dans sa région natale au cours de l’année 1815. Le 24 février 1816, Dugal, Séguin et Louis-Thomas Berlinguet créèrent une société spécialisée dans le travail du bois. Dugal quitta cependant ses associés le 8 juin suivant, tout en s’engageant à réaliser la voûte de l’église de Saint-Augustin-de-Desmaures, d’après les plans de Séguin. D’un style peu répandu parmi les sculpteurs formés chez Quévillon, cette voûte se caractérise par l’alternance, dans le chœur, de caissons en losanges et d’autres de forme octogonale. Il s’agit du seul ouvrage d’Olivier Dugal qui subsiste.

Ce travail terminé, Dugal alla s’installer près de son frère François à Terrebonne où tous les deux abandonnèrent leur célibat en 1817. Ce fut d’abord François qui épousa le 7 janvier Félicité-Zoë Séguin, puis Olivier qui, à l’âge de 20 ans, se maria le 16 septembre avec Marguerite-Hortense Limoges. Dès lors, l’occupation de sculpteur d’Olivier Dugal se confondit avec celle de son frère, qui connut une carrière fructueuse grâce à son ancien maître Saint-James. En 1816, puis en 1823, celui-ci céda à François Dugal ses contrats pour la fabrication de quelques meubles liturgiques et l’exécution du décor intérieur des églises de Sainte-Thérèse-de-Blainville (Sainte-Thérèse) et de La Présentation, près de Saint-Hyacinthe. François travailla plus de 9 ans au premier endroit et près de 26 ans au second. Le décor de l’église de La Présentation, le seul qui subsiste de lui aujourd’hui, témoigne de l’esthétique de Quévillon (chaire et banc d’œuvre), mais également de celle des Baillairgé (retable et tabernacle) et du début du courant néo-baroque (voûte), qui allait être à la mode dans la seconde moitié du xixe siècle. François exécuta aussi des ouvrages semblables à l’église de Saint-Benoît (Mirabel), en collaboration avec son ancien maître, en 1824 et 1825, ainsi qu’à l’église de Sainte-Rose (Laval), de 1828 à 1832. Même si les documents ne mentionnent jamais la présence d’Olivier sur ces chantiers, le nombre et l’importance des travaux laissent présumer qu’il participa à leur réalisation. D’ailleurs, en novembre 1828, les Dugal soumissionnèrent ensemble afin d’obtenir le contrat des ouvrages de sculpture pour la nouvelle église Notre-Dame, à Montréal, mais en vain. Cette coopération entre les deux frères prit fin en 1829 avec la mort prématurée d’Olivier à l’âge de 32 ans. Par la suite, François continua à exercer son métier dans de nombreuses églises de la région de Montréal.

Les rares œuvres des frères Dugal qui ont survécu jusqu’à ce jour permettent d’apprécier, en plus de leur habileté, leur ouverture aux divers courants esthétiques que connut le Québec durant la première moitié du xixe siècle.

André Laberge

AP, Saint-Louis (Terrebonne), Reg. des baptêmes, mariages et sépultures, 7 janv., 16 sept. 1817, mai 1829 ; Saint-Michel, Reg. des baptêmes, mariages et sépultures, 1794, 5 nov. 1796. MAC-CD, Fonds Morisset, 2, dossiers François Dugal ; Olivier Dugal ; Pierre Séguin ; 6, dossier Saint-Michel (de Bellechasse).— La Gazette de Québec, 14 mai 1829. Lebœuf, Complément, 1re sér., 3 : 46.— Mariages de la paroisse de St-Michel de Bellechasse (1693–1974), J. A. Turgeon, compil. (Montréal, 1975), 8789. Tanguay, Dictionnaire, 1 : 141 ; 3 : 154. James Gibbs, The rules for drawing the several parts of architecture (Londres, 1728 ; réimpr., 1937), 97. André Laberge, « l’Ancienne Église Notre-Dame de Montréal : l’évolution et l’influence de son architecture (16721830) » (thèse de m.a., univ. Laval, 1982), 154–189, 218219. Gérard Morisset, Coup d’œil sur les arts en Nouvelle-France (Québec, 1941), 36. Émile Vaillancourt, Une maîtrise d’art en Canada (1800–1823) (Montréal, 1920), 12, 16, 19, 28, 37.

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André Laberge, « DUGAL, OLIVIER (baptisé Charles-Olivier) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/dugal_olivier_6F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1987
Année de la révision:    1987
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