DOYLE, PATRICK, capitaine de navire, homme d’affaires, juge de paix, homme politique et juge, né en 1777 à Terre-Neuve ; il épousa une prénommée Mary, et ils n’eurent pas d’enfants ; décédé le 4 juin 1857 à St John’s.

Durant sa vie, Patrick Doyle suivit plusieurs carrières, la première étant celle de capitaine de navire. De 1803 à 1809, il commanda le senau Rover, naviguant entre Bristol, en Angleterre, et Terre-Neuve ; en 1818, il était devenu suffisamment riche pour posséder un schooner de 46 tonneaux, l’Elizabeth, destiné à la pêche au phoque. Il le vendit la même année afin de financer ses intérêts commerciaux en expansion. Dès 1819, il avait acquis des biens commerciaux considérables le long du front de mer de St John’s et importait des denrées alimentaires de base, du matériel de pêche, ainsi qu’un assortiment d’articles de luxe. Il était aussi propriétaire et directeur de la Globe Tavern, qui comprenait un débit de boissons, une salle de réunion, un théâtre et une maison de rapport.

Les locaux commerciaux de Doyle furent détruits dans l’incendie de la ville en 1819, mais, dès 1828, lorsqu’il forma une société avec Stephen Lawler, il s’occupait encore une fois d’un commerce d’importation florissant. Pour des raisons inconnues, la société fut dissoute le 1er octobre 1831, et Doyle devint une fois de plus l’unique propriétaire de la firme. Même s’il vendit la Globe Tavern aux enchères peu de temps après, il conserva son quai et deux grands magasins, dont le loyer, ajouté à celui de plusieurs maisons de rapport, lui permit de vivre confortablement jusqu’à sa mort. On évalua sa succession à £4 600, sans compter « les terres, les maisons de rapport et les locaux ».

En plus de ses intérêts commerciaux, Doyle prit une part active à la vie politique de Terre-Neuve. Durant la période où la colonie lutta pour un gouvernement représentatif, entre 1820 et 1832, il fit partie du comité politique du mouvement de réforme dirigé par le docteur William Carson* et Patrick Morris*. En tant que membre de ce comité, Doyle s’occupait surtout du travail d’administration et d’organisation du mouvement, comme la planification des réunions publiques, l’exécution des décisions prises à ces réunions, la préparation et l’envoi de pétitions au gouvernement britannique. En novembre 1820, il siégea au sein d’un comité de 13 membres désigné au cours d’une réunion publique pour rédiger une pétition réclamant l’abolition du régime du tribunal de surrogate et en appeler des peines de fouet infligées à Philip Butler et à James Lundrigan*, deux pêcheurs de la baie de la Conception déclarés coupables d’outrage au tribunal par des surrogates de l’endroit. Au milieu et à la fin des années 1830, il protesta aussi avec force contre les agissements du juge en chef Henry John Boulton*, les considérant anticonstitutionnels et partiaux du point de vue politique.

Aux élections de 1836, qui furent invalidées par la suite, et de nouveau en 1837, Doyle fut élu député libéral de Placentia-St Mary’s à la chambre d’Assemblée de Terre-Neuve. Sans être l’un des chefs de file politiques de son époque, il joua néanmoins un rôle de toute première importance dans les affaires courantes 4 de l’Assemblée ; on l’invita souvent à présider le comité plénier de la chambre, à siéger aux différentes commissions d’enquête et à faire partie des nombreuses délégations de l’Assemblée qui rencontraient le Conseil de Terre-Neuve ou le gouverneur. Comme le but de beaucoup de ces réunions était de régler des conflits importants entre ces différents organes du gouvernement, il est évident que Doyle dut être un négociateur de talent, possédant tact et diplomatie, ainsi que fermeté et détermination. En 1838, le gouverneur Henry Prescott* envisagea de nommer Doyle, Morris et Robert Pack conseillers dans l’espoir que l’entrée de députés ou d’anciens députés au conseil aiderait à réduire les tensions entre les deux corps. Cette proposition ne fut pas adoptée parce que le ministère des Colonies était peu disposé à faire des changements dans la constitution de Terre-Neuve.

À la fin de son mandat en 1842, plutôt que de chercher à se faire réélire, Doyle accepta le poste de magistrat de police de St John’s. C’était un choix tout naturel, puisqu’il avait été membre du jury d’accusation pendant un bon nombre d’années et qu’il avait été créé juge de paix en 1834. En 1845, Doyle fut nommé « magistrat stipendiaire » de la Cour des sessions, poste qu’il conserva jusqu’à sa mort en 1857.

Catholique, Doyle participa aux œuvres de la Benevolent Irish Society, organisation locale vouée au soulagement des pauvres et au progrès de l’éducation. Comme membre de cette société influente et très respectée, il occupa un certain nombre de postes, tel celui de premier assistant de 1818 à 1822 et en 1827, de trésorier de 1830 à 1832 et de vice-président de 1835 à 1840. Sa contribution la plus importante fut de guider les débats relatifs à l’adoption de deux projets de loi (en 1839 et 1841) visant à la reconnaissance juridique de la société. Bien que ses efforts soient finalement restés infructueux, le gouvernement britannique ayant refusé de sanctionner les deux projets de loi, Doyle passa néanmoins la plus grande partie de sa carrière de député à poursuivre ce but, ainsi qu’à promouvoir les intérêts des pauvres et des défavorisés en général. Il aida à la surveillance de la construction des Orphan Asylum Schools en 1827 et fut l’un des plus proches conseillers de l’évêque Michael Anthony Fleming* quand ce dernier tenta d’obtenir un terrain pour la construction de la nouvelle cathédrale catholique. Doyle joua aussi un rôle dans la Charity School Society, organisme non confessionnel, dans la Sons of Old Ireland Society, dans la Natives’ Society et dans l’Agricultural Society.

Tout au long de sa vie, Patrick Doyle consacra beaucoup de son temps et de son énergie à améliorer le sort de ses compatriotes. Il apporta richesse et prospérité comme marchand et utilisa cette richesse pour promouvoir la culture et la pureté des mœurs. Comme réformiste et homme politique, il contribua à l’introduction d’institutions démocratiques à Terre-Neuve, puis veilla à ce qu’elles répondent davantage à la volonté populaire. Finalement, comme membre de divers organismes publics, il aida beaucoup à l’amélioration de la condition économique, à la promotion de l’éducation et à l’épanouissement de la religion. Toutes les classes et tous les secteurs de la société, de même que les plus hautes autorités de l’Église et de l’État, déplorèrent sa mort.

Derek Bussey

PRO, CO 194 ; 195/17 (mfm aux PANL).— Supreme Court of Nfld. (St John’s), Registry, testament de Patrick Doyle, homologué le 1er juin 1857.— Dr William Carson, the great Newfoundland reformer : his life, letters and speeches ; raw material for a biography, J. R. Smallwood, compil. (St John’s, 1978).— T.-N., House of Assembly, Journal, 1837–1842.— Newfoundlander, 1827–1831, 1837–1842.— Newfoundland Mercantile Journal, 1819–1822.— Patriot (St John’s), 1835, 1845, 1857.— Public Ledger, 1827–1828, 1831–1832.— Royal Gazette and Newfoundland Advertiser, 1815, 1818, 1820, 1828–1831, 1834, 1842, 1845, 1847.— The register of shipping (Londres), 1803–1809.— When was that ? (Mosdell).— Centenary volume, Benevolent Irish Society of St. John’s, Newfoundland, 1806–1906 (Cork, république d’Irlande, [1906]).— Devine, Ye olde St. John’s.— Gunn, Political hist. of Nfld.— Howley, Ecclesiastical hist. of Nfld.- O’Neill, Story of St. John’s, 1.— J. C. Pippy, « The Benevolent Irish Society », The book of Newfoundland, J. R. Smallwood, édit. (6 vol., St John’s, 1937–1975), 2 : 273–287.— Prowse, Hist. of Nfld. (1895).— F. W. Rowe, The development of education in Newfoundland (Toronto, 1964).— J. M. Kent, « The Benevolent Irish Society », Newfoundland Quarterly (St John’s), 1 (1901–1902), n° 4 : 13–16.

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Derek Bussey, « DOYLE, PATRICK », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/doyle_patrick_8F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
Année de la révision:    1985
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