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DOUGALL, JOHN, marchand, journaliste et éditeur de journaux, né le 8 juillet 1808 à Paisley, Écosse, aîné des deux fils de John Dougall, manufacturier et marchand, et de Margaret Yool (Yuil), et frère de James, décédé le 18 août 1886 à Flushing, New York.
Grâce à son père, John Dougall éprouva dans sa jeunesse un vif attrait pour la vie intellectuelle et littéraire, mais c’est dans le monde du commerce qu’il fit ses premières armes. Il émigra au Canada en 1826 et, grâce à ses liens avec des marchands écossais, il ouvrit avec James une maison de commission pour la distribution des textiles à Québec et à Montréal ainsi que dans l’arrière-pays. Il établit une succursale à York (Toronto), qui s’avéra un échec. James ouvrit alors, avec son père, un magasin à Sandwich (Windsor) et John se joignit à lui à titre de partenaire. À Montréal, sa maison de commission et une librairie-papeterie permirent à John de vivre modestement et l’attachèrent aux aspirations économiques du milieu des affaires de la ville. Dans les années 1840, Dougall fut un des administrateurs de la Banque d’épargnes et de prévoyance de Montréal. De plus, son mariage en 1840 avec Elizabeth Redpath, fille aînée de John Redpath*, lui permit de s’associer sur le plan commercial avec cette famille et d’avoir ses entrées dans la classe supérieure anglophone de Montréal.
L’activité de Dougall répondait en grande partie à une remarquable philosophie personnelle du christianisme. Calviniste de naissance et de croyance, protestant évangélique et individualiste, il avait des idées bien arrêtées sur le bien et le mal. En 1831, il quitta l’Église presbytérienne pour adhérer à l’Eglise congrégationaliste et chercha à transmettre ses idées de diverses façons à toutes les classes de la société. En 1839, il fut un des membres fondateurs et fit partie du conseil de direction de la Société missionnaire canadienne-française (French Canadian Missionary Society), organisme opposé aux catholiques et voué à évangéliser et convertir les Canadiens français au protestantisme [V. Henriette Odin*]. Il descendit lui-même dans la rue, surtout dans les secteurs où habitait la classe ouvrière et dans les quartiers du port, prêchant et parlant à ceux qu’il rencontrait. Dans les décennies 1860 et 1870, il accordera un appui dynamique à la Young Men’s Christian Association.
C’est en sa qualité de journaliste et d’éditeur que Dougall eut le plus d’influence. Il avait depuis longtemps des aspirations littéraires et, dans sa jeunesse, il avait tâté de la plume. À la fin des années 1820, il publia un certain nombre de morceaux de prose et de poésie dans le Montreal Herald. En 1835, il accepta la direction du Canada Temperance Advocate, journal de la Société de tempérance de Montréal dont il avait été l’un des membres fondateurs en 1832. À titre de directeur, il prit avec dynamisme la tête du mouvement en faveur de la tempérance dans les deux Canadas : il écrivit, voyagea, prononça des discours dans tout le Haut-Canada et dans certaines parties du Bas-Canada. Dans les décennies 1840 et 1850, il participa à la parution de plusieurs autres journaux de moindre importance consacrés au mouvement en faveur de l’école du dimanche, à l’évangélisme et à l’actualité.
Dougall démissionna de son poste de directeur de l’Advocate en 1845 et, un an plus tard, fonda son journal le plus important, le Montreal Witness, un hebdomadaire dont le tirage augmenta peu à peu et auquel il ajouta en 1860 une édition quotidienne. Il atteignit, dans les régions anglophones autour de Montréal, une envergure assez considérable pour assurer à Dougall un succès financier raisonnable, malgré la dissolution, en 1858, de l’association Dougall-Redpath. Le journal se fit l’ardent défenseur des idées « justes » : le christianisme évangélique, la tempérance, l’observance du dimanche, le progrès économique et le libre-échange. On y reproduisait souvent des sermons et on y refusait la publicité blâmable, comme celle des boissons alcooliques. Dougall croyait qu’un journal devait être libre d’attaches politiques, mais le Witness se rangeait généralement du côté des hommes politiques réformistes ou libéraux. Le journal exprimait tellement d’agressivité et d’intolérance à l’endroit des catholiques, des Irlandais et des Canadiens français qu’il fut directement responsable de la fondation en 1850 d’un journal concurrent, le True Witness and Catholic Chronicle [V. George Edward Clerk*], comme porte-parole des catholiques anglophones de Montréal. Plus tard, en 1875, quand le Montreal Witness sera sous la direction du fils aîné de Dougall, John Redpath, Mgr Ignace Bourget l’interdira.
Dougall était convaincu de la nécessité des journaux religieux quotidiens à prix modique (un sou le numéro), particulièrement pour la classe ouvrière, dans tous les centres urbains en Amérique du Nord et en Europe. En juin 1871, il cherchait de « nouveaux domaines à conquérir », puisque plusieurs de ses œuvres canadiennes étaient solidement établies. Il confia le Montreal Witness à son fils et, avec l’appui et l’argent de résidants de Manhattan, déménagea à New York. Il y fonda le Daily Witness pour mettre en application ses idées. Ce dernier connut un succès éphémère et cessa de paraître en 1877 mais le Weekly Witness de New York, que Dougall avait aussi mis sur pied en 1871, atteignit un fort tirage et sa publication continua après la mort de son fondateur.
John Dougall fut un travailleur énergique, entreprenant et infatigable. Ses opinions et sa forte personnalité contribuèrent à susciter facilement l’hostilité des gens, mais il possédait aussi beaucoup de magnétisme et avait un grand cercle d’amis. Il eut six filles et trois fils, et plusieurs d’entre eux furent imbus de la ferveur moralisatrice de leur père.
John Dougall est l’auteur d’un Essay upon the nature of the wine and strong drink mentioned in the Scriptures (Montréal, 1837).
APC, MG 29, C34.— Canada, prov. du, Assemblée législative, Report of the select committee [...] appointed to inquire whether any, and what measures can be adopted, to repress the evils of intemperance (Montréal, 1849), 7, 54.— Soc. missionnaire canadienne-française, Annual report (Montréal), 1845 : 4, 33.— Canada Temperance Advocate (Montréal), 1835–1845.— Montreal Witness, 1845–1886.— Beaulieu et J. Hamelin, La presse québécoise, I : 132, 147–150.— Richardson Dougall, James Dougall of Glasgow (1699–1760) and his descendants through Dougall and McDougall lines in the United States and Canada (Ann Arbor, Mich., 1973), 3, 149s.— J. A. Johnston, « Factors in the formation of the Presbyterian Church in Canada, 1875 » (thèse de ph.d., McGill Univ., Montréal, 1955), 400, 475–478.— J. I. Cooper, « The early editorial policy of the Montreal Witness », SHC Report, 1947 : 53–62.
J. G. Snell, « DOUGALL, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/dougall_john_11F.html.
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Auteur de l'article: | J. G. Snell |
Titre de l'article: | DOUGALL, JOHN |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1982 |
Année de la révision: | 1982 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |