DORVAL, MARIE-LOUISE, dite Sainte-Élisabeth, supérieure de la Congrégation de Notre-Dame et éducatrice, née le 7 juin 1794 à Sainte-Famille, île d’Orléans, fille de François Dorval et d’Élisabeth Godbout, décédée à Montréal le 1er août 1866.
La Congrégation de Notre-Dame avait une mission à l’île d’Orléans depuis 1685. Marie-Louise Dorval fut donc très tôt en contact avec les sœurs et décida, jeune, de se joindre à elles. Après la mort de ses parents, elle entra au noviciat le 26 juin 1815 et fit profession deux ans plus tard, sous le nom de sœur Sainte-Élisabeth.
Pendant les 14 premières années de sa vie religieuse, sœur Sainte-Élisabeth enseigna aux maisons de Pointe-aux-Trembles (Neuville) et de la basse ville de Québec, au pensionnat de Montréal et à la mission Saint-François-de-la-Rivière-du-Sud (Saint-François-Montmagny). Les tâches que sœur Sainte-Élisabeth fut appelée à remplir ultérieurement dans sa communauté témoignent de la qualité de son œuvre d’enseignante. En effet, après avoir été maîtresse des novices à Montréal de 1831 à 1837, elle passa, en qualité de directrice, au pensionnat de Montréal puis à celui de la basse ville de Québec. C’est ainsi qu’elle présida au transfert de ce dernier établissement au faubourg Saint-Roch, où le curé Zéphirin Charest* réclamait les sœurs de la congrégation. Sœur Sainte-Élisabeth est donc considérée comme la fondatrice du couvent de Saint-Roch, qui a été le prolongement de la première mission des « Filles de Mère Bourgeoys [Marguerite Bourgeoys*] » à Québec. De 1844 à 1970, le couvent de Saint-Roch marquera l’histoire de Québec en dispensant un enseignement qui a su prendre des formes variées correspondant aux mutations, géographiques ou sociales, de la société québécoise.
De 1848 à 1855, sœur Sainte-Élisabeth remplit les plus hautes charges de la communauté, comme assistante puis comme supérieure à partir de 1849. La vie et l’œuvre de la communauté, qui comprenait 148 sœurs et 27 missions en 1850, se développèrent régulièrement. Cinq nouvelles missions furent ouvertes : Sainte-Croix de Lotbinière (1849), Saint-Eustache (1849), Sainte-Anne-d’Yamachiche (1852), Sainte-Anne-de-la-Pérade (1855) et Villa-Maria à Montréal (1854).
Pendant qu’elle présidait à cette expansion de la congrégation, sœur Sainte-Élisabeth sauva l’unité de la communauté, dont la maison mère était à Montréal. En effet, en 1854, il fut de nouveau question d’établir un noviciat à Québec. En 1702, sœur Marguerite Le Moyne* de Sainte-Marie avait refusé à Mgr de Saint-Vallier [La Croix*] le noviciat qu’il réclamait pour Québec. Elle avait ainsi suivi la ligne de conduite de mère Bourgeoys elle-même. Sœur Sainte-Élisabeth voulut rester fidèle à l’esprit de la fondatrice et rejeta un projet qui impliquait la division de la communauté en deux instituts. En 1855, on décida que la congrégation n’établirait pas de noviciat à Québec mais qu’elle y enverrait un nombre de sœurs missionnaires proportionné à celui des novices qui viendraient du diocèse de Québec.
Un an après la fin de son mandat comme supérieure de la communauté, en 1856, sœur Sainte-Élisabeth fut appelée à participer elle-même à l’élan missionnaire de la congrégation. Le 2 juin 1856, Mgr Colin Francis MacKinnon* du diocèse d’Arichat, Nouvelle-Écosse, se rendait à Montréal pour demander à la congrégation d’établir une première mission à Arichat, sur l’île Madame. Malgré son âge avancé, sœur Sainte-Élisabeth accompagna les quatre sœurs chargées de la mission. À leur arrivée, les sœurs, qui ne parlaient pas l’anglais, eurent la surprise de trouver à Arichat une population uniquement anglophone et de n’avoir d’autre interprète que l’évêque, « alors qu’on leur avait promis autre chose ». Sœur Sainte-Élisabeth séjourna près de trois mois à Arichat. Quand elle repartit pour Montréal, l’œuvre était bien lancée. Les sœurs avaient ouvert leurs classes le 26 juin 1856 dans une maison que leur avait donnée l’évêque et qui prit le nom d’Académie. Dès juillet, le nombre des inscriptions s’élevait à 100 et les missionnaires avaient aussi accepté de recevoir des pensionnaires en réaménageant l’Académie et une deuxième maison que l’évêque leur avait cédée à cette fin. La congrégation devait œuvrer à Arichat jusqu’en 1900, alors que le conseil général jugea que la mission devait être supprimée, le nombre des élèves étant insuffisant.
À son retour à Montréal, sœur Sainte-Élisabeth dut se retirer à l’infirmerie, son état de santé ne lui permettant plus de participer aux activités de la communauté. Elle y vécut pendant dix ans, jusqu’à sa mort survenue en 1866.
Archives de la Congrégation de Notre-Dame (Montréal), Annales du couvent d’Arichat fondé en 1856 (2 vol., copie manuscrite) ; Archives C.N.D. (copie manuscrite) ; Biographie des sœurs décédées depuis le 17 août 1855 jusqu’au 14 juin 1871, 99–107 (texte dactylographié) ; Correspondance de sœur Sainte-Élisabeth.— Lemire-Marsolais et Lambert, Hist. de la C.N.D. de Montréal, VI–X.
Andrée Désilets, « DORVAL, MARIE-LOUISE, dite Sainte-Élisabeth », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/dorval_marie_louise_9F.html.
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Auteur de l'article: | Andrée Désilets |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1977 |
Année de la révision: | 1977 |
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