DOOLITTLE, LUCIUS, ministre de l’Église d’Angleterre, né le 23 mai 1800, peut-être à Lyndon, Vermont, et baptisé le 30 juin 1822 dans la paroisse de Charleston, Hatley, Bas-Canada ; il était peut-être le fils de Jesse Doolittle qui habitait Lyndon en 1800 ; décédé chez sa sœur à Milwaukee, Wisconsin, le 18 mai 1862, et inhumé à Lennoxville, Bas-Canada, le 30 mai suivant.
Lucius Doolittle passa les premières années de sa vie d’adulte à Hatley où il entra dans les affaires sous la direction de son oncle. Il s’inscrivit à l’University of Vermont en 1824. En 1825–1826, il fit l’école à Hatley, vraisemblablement durant les longues vacances qu’accordait alors l’université à cette fin. Il s’occupa aussi de la société littéraire Phi Sigma Nu.
En 1818, Lucius Doolittle avait fait la connaissance du révérend Charles James Stewart*, qui était alors missionnaire de la Society for the Propagation of the Gospel à Hatley. Doolittle décida de devenir membre de l’Église d’Angleterre ; Stewart et l’évêque Jacob Mountain* l’encouragèrent tous les deux à se préparer à devenir prêtre. Quand, en 1827, il quitta l’université sans terminer le cours, il reçut une bourse de la Society for the Propagation of the Gospel et fit des études de théologie sous la direction du révérend Thomas Johnson, le successeur de Stewart à Hatley. Ordonné diacre en octobre 1828 par Stewart, devenu dans l’intervalle évêque de Québec, il fut nommé titulaire d’une mission à la baie des Chaleurs. Il fut ordonné prêtre en novembre 1829 et avec sa femme, Clarissa Goss Lawrence, qu’il avait épousée le mois précédent, il retourna à sa mission, qui s’étendait sur 100 milles le long de la côte, et y travailla quatre ans dans des conditions pénibles.
En octobre 1833, Doolittle fut nommé responsable de la mission de Sherbrooke et Lennoxville, dans les Cantons de l’Est. Il y œuvra jusqu’en 1847, puis de 1847 à 1862 son ministère se limita à Lennoxville. Il reçut une maîtrise ès arts honorifique de l’University of Vermont en 1838.
En 1847, une église en brique, appelée St George, fut inaugurée à Lennoxville ; elle remplaçait l’édifice original construit en bois, et c’est principalement Doolittle qui en supervisa la construction de 1845 à 1847 et s’occupa de trouver le mobilier ainsi que les accessoires appropriés, y compris une cloche et un orgue. Il se procura des fonts baptismaux en Italie lors d’un voyage en Europe en 1852. L’église St Peter à Sherbrooke, qui est semblable à celle de Lennoxville, fut aussi construite durant son ministère.
George Jehoshaphat Mountain, qui fut nommé suffragant de l’évêque Stewart en 1836 et qui devint évêque de Québec en 1837, projetait depuis longtemps de fonder un séminaire dans le diocèse de Québec et avait considéré Trois-Rivières comme endroit possible. En sa qualité de directeur de la toute nouvelle McGill University, de 1823 à 1835, et de président de l’Institution royale pour l’avancement des sciences à partir de 1838, Mountain s’efforçait également de faire progresser l’enseignement supérieur sous les auspices des anglicans à Montréal. Toutefois, quand, en 1840, Doolittle et un groupe de laïcs de l’endroit proposèrent de fonder un séminaire doublé d’un collège d’arts libéraux à Lennoxville et offrirent des terrains et de l’argent, l’évêque accorda rapidement son consentement. L’incertitude grandissante qui régnait quant au statut de l’Église dans l’administration de McGill a certainement influé sur la décision de Mountain d’adopter le projet de Lennoxville, où la position de l’Église d’Angleterre serait incontestée [V. John Bethune*]. De plus, comme le fit remarquer Doolittle, l’école privée pour garçons qu’il avait ouverte en 1836 connaissait un certain succès et fournirait des étudiants au collège.
Bishop’s College, qui avait obtenu sa charte en 1843, commença sa longue carrière en 1845 [V. Jasper Hume Nicolls*]. Doolittle en fut l’économe de 1845 à 1856, sans rémunération, et siégea également au conseil d’administration. Il légua un fonds destiné à créer des bourses en théologie que l’on accorde encore de nos jours. Les historiens de son époque et ceux qui suivirent s’accordent à rendre justice à Doolittle pour le rôle qu’il a joué dans cet important établissement d’enseignement. L’évêque Mountain fit cette remarque élogieuse à l’égard de Doolittle dans son allocution épiscopale de 1862 : « on peut dire, dans un certain sens, qu’il a été le fondateur de Bishop’s College ». L’école qu’il avait personnellement fondée, appelée « l’école secondaire rattachée au Collège », existe encore aujourd’hui sous le nom de Bishop’s College School.
Comme Doolittle n’a guère publié et qu’il reste peu de chose de sa correspondance, il est difficile de se faire une idée précise du personnage. Du préambule de son testament, il ressort clairement qu’il avait une foi profonde et était étroitement lié à l’Église de son choix. Travailleur infatigable malgré une santé souvent chancelante, il était habile en affaires, doué d’un jugement sûr et très confiant dans la réalisation de ses rêves. Le révérend Ernest Hawkins, secrétaire de la Society for the Propagation of the Gospel, qui visita Lennoxville en 1849, le décrit comme « un homme bon, généreux, au cœur simple ». Selon l’évêque James William Williams*, responsable pendant quelque temps de l’école secondaire, il jouissait d’un tel respect qu’une invitation chez lui « équivalait à un ordre que personne n’aurait osé enfreindre ». Mme Doolittle était décédée en 1848. Le couple n’eut pas d’enfants.
Bishop’s University Library (Lennoxville, Québec), Copy of the last will and testament of Lucius Doolittle, 28 nov. 1861 ; Letters of Charles James Stewart to Lucius Doolittle, 1828–1835 ; Letters of George Jehoshaphat Mountain to Lucius Doolittle, 1828–1833, 1848.— QDA, 53 (B-7), pp.38, 42s. ; 68 (B-22), p.80 ; 91 (D-10) ; 92 (D-11) ; 94 (D-13).— University of Vermont Archives (Burlington), Annual catalogue, mars 1825 ; Treasurer’s Account, 9 févr. 1825–3 mai 1827.— USPG, Annual Reports, 1829, 1830, 1834, 1840 ; Journal of a visit to British North America and the United States in 1849 by the secretary of the Society, Ernest Hawkins (copie aux Anglican Church of Canada, General Synod Archives, Toronto).— A memoir of George Jehoshaphat Mountain, D.D., D.C.L., late bishop of Quebec [...], A. W. Mountain, compil. (Montréal, 1866).— Memoir of the Rev. Archibald Campbell Scarth, M.A., D.C.L., rector of St George’s Church, Lennoxville [...] [Henry Roe], édit. (Sherbrooke, 1904).— G. J. Mountain, A charge delivered to the clergy of the diocese of Quebec at the triennial visitation, [...] on 1st July 1862 (Québec, 1862) ; A journal of visitation in a portion of the diocese of Quebec by the lord bishop of Montreal, in 1846 (Londres, 1847) ; A journal of visitation to a part of the diocese of Quebec by the lord bishop of Montreal, in the spring of 1843 (Londres, 1850).— J. W. Williams, A sermon preached by the right reverend the lord bishop of Quebec at the consecration of the chapel of Bishop’s College Lennoxville, June 14, 1878 (Montréal, 1878).— Sherbrooke Gazette, 14 juin 1862.— General catalogue of the University of Vermont and State Agricultural College, Burlington, Vermont, 1791–1900 (Burlington, 1900).— D. C. Masters, Bishop’s University, the first hundred years (Toronto, 1950).— Parish anecdotes, St James’ Church, 1822–1845 ; St George’s Church, 1845–1904, Lilian Watson, édit. (Lennoxville, Québec, [1966]).
T. R. Millman, « DOOLITTLE, LUCIUS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/doolittle_lucius_9F.html.
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Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1977 |
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