DISNEY, RICHARD RANDOLPH, ministre méthodiste, évêque et rédacteur en chef, né le 24 juin 1830 à North East, Maryland, fils de Henry Disney et d’une prénommée Rebecca ; il épousa une prénommée Sarah Elizabeth ; décédé le 20 avril 1891 à Baltimore, Maryland.

Les parents de Richard Randolph Disney avaient connu l’esclavage, mais lui-même naquit libre. Pendant qu’il travaillait à Baltimore, il se sentit appelé à prêcher et décida d’aller parfaire sa formation dans un séminaire dirigé par le révérend Samuel Osgood à Springfield, au Massachusetts. Durant ses études, il subvint à ses besoins en exerçant le métier de barbier. En 1857, l’Église méthodiste épiscopale africaine l’autorisa à prêcher et l’ordonna par la suite diacre et ministre. Cette Église, née en 1816 de la réunion de plusieurs congrégations noires autour d’un prédicateur de Philadelphie, Richard Allen, regroupait vers 1855 sept Conférences aux États-Unis. Elle avait commencé à compter des prédicateurs dans le Haut-Canada en 1834, et une Conférence s’y était formée en 1840.

Disney arriva dans le Haut-Canada en 1857 afin d’exercer son ministère auprès des nombreux Noirs qui, en ces années d’avant la guerre de Sécession, s’y étaient réfugiés pour échapper à l’esclavage. Willis Nazrey, évêque de l’Église méthodiste épiscopale britannique, de fondation récente, le recruta pour l’affecter à Chatham. À partir du moment où les États-Unis avaient adopté le Fugitive Slave Act en 1850, plusieurs anciens esclaves devenus prédicateurs au Canada avaient craint d’assister aux conférences tenues au sud de la frontière. En 1856, l’Église méthodiste épiscopale africaine avait autorisé ses constituantes haut-canadiennes, sur la requête de la plupart d’entre elles, à former une Église autonome. C’est ainsi que l’Église méthodiste épiscopale britannique était née. Nazrey, jusque-là évêque de l’Église méthodiste épiscopale africaine, avait accepté d’en être le premier évêque.

À compter de 1857, Disney occupa plusieurs charges, notamment dans le canton de Peel, à Windsor, Hamilton et Toronto. En même temps, il se fit connaître à titre d’administrateur de la bibliothèque de l’Église et de rédacteur en chef de sa publication, le Missionary Messenger. En 1864, il agit à titre de secrétaire général de la Conférence de l’Église méthodiste épiscopale britannique. À la mort de Nazrey, en 1875, on choisit Disney pour lui succéder ; un évêque de l’Église méthodiste épiscopale africaine l’ordonna la même année. Son territoire administratif englobait l’Ontario, la Nouvelle-Écosse, les Bermudes, les Antilles et la Guyane britannique (Guyana). Disney s’occupait beaucoup de la promotion du travail missionnaire aux Antilles, et en 1876 il manifesta son intention de faire une tournée de six mois dans les missions de cette région. En 1879, après avoir reçu l’autorisation de recueillir des fonds pour que son Église ouvre un établissement d’enseignement, il visita la Grande-Bretagne en compagnie d’une chorale de jeunes organisée selon le modèle des célèbres Jubilee Singers de la Fisk University et portant ce nom. Cependant, d’autres groupes du même genre les avaient précédés ; les recettes, rapporta-t-il, compensèrent à peine les frais du voyage.

À la fin des années 1870, l’Église méthodiste épiscopale britannique comptait 56 congrégations ; le nombre de ses membres s’élevait à environ 3 100, dont la plupart vivaient aux Antilles danoises et en Guyane britannique. Comme le missionnariat à l’extérieur du Canada avait grevé les ressources financières de l’Église, Disney entama en 1880 des négociations en vue de la réunir à l’Église méthodiste épiscopale africaine. La fusion se réalisa la même année et fut ratifiée par une majorité écrasante au cours d’un congrès tenu à Hamilton en juin 1881 par l’Église méthodiste épiscopale britannique. Un référendum montra que, même si la majorité des fidèles ontariens s’y opposaient, 86 % des membres étaient en faveur de la fusion. L’Église méthodiste épiscopale africaine accepta Disney à titre d’évêque et le plaça à la tête du dixième district épiscopal. Ce district englobait son ancien territoire ainsi que certaines des constituantes de l’Église méthodiste épiscopale africaine qui ne s’étaient pas jointes à l’Église méthodiste épiscopale britannique.

La réunification semblait avoir été un triomphe pour Disney, mais la situation ne tarda pas à s’envenimer. La majorité des congrégations et prédicateurs ontariens, sous la direction du révérend Walter Hawkins, de Chatham, tentaient de rétablir l’Église méthodiste épiscopale britannique. Ils craignaient de perdre leur identité et considéraient peut-être que les groupes antillais avaient eu trop de poids dans le débat sur la réunification. En 1866, ils tinrent à Chatham un conseil ecclésiastique au cours duquel on prétendit que Disney avait fait défection en se joignant à l’Église méthodiste épiscopale africaine. La même année, au cours d’une conférence générale, on reconstitua l’Église méthodiste épiscopale britannique. On y déposa Disney en convenant d’« effacer son nom, de ne pas tenir compte de son autorité et d’annuler son titre officiel d’évêque ». Le procès-verbal mentionne aussi que des poursuites intentées par Disney parvinrent jusqu’à la Haute Cour de la chancellerie en Grande-Bretagne, mais le dossier n’a pas été retrouvé. L’Église méthodiste épiscopale britannique élut Hawkins au poste de surintendant général, évitant pendant plusieurs années d’employer le titre d’évêque.

Disney continua de diriger jusqu’en 1888 ce qu’il restait du dixième district de l’Église méthodiste épiscopale africaine. On le muta ensuite au huitième district, qui regroupait des églises de l’Arkansas et du Mississippi. Il vécut à Greenville, au Mississippi, jusqu’à ce qu’il soit atteint de malaria, puis il s’installa à Baltimore, où il mourut dans sa soixante-et-unième année. On l’inhuma à Chatham, près de la tombe de Nazrey. Il n’avait pas eu d’enfant, et sa veuve épousa par la suite un avocat de Greenville, C. J. Jones. Elle fut inhumée aux côtés de Disney en 1907.

À la conférence de l’Église méthodiste épiscopale africaine de 1891, on rendit hommage à Richard Randolph Disney en disant qu’il était « courageux, frugal et persévérant, aimable et doux ». Bien qu’il ait brillé parmi les leaders noirs du Canada, il n’était pas parvenu à unir les congrégations méthodistes noires éparpillées dans le pays. En 1898, l’Église méthodiste épiscopale britannique comptait 27 lieux de prédication et 25 prédicateurs, et l’Église méthodiste épiscopale africaine avait 130 églises au Canada. Encore aujourd’hui, ce sont deux Églises distinctes. Des temples de Baltimore et de Greenville portent le nom de Disney.

J. William Lamb

La British Methodist Episcopal Church de Toronto possède le « Journal of the proceedings of the Ecclesiastical Council of the B.M.E. Church, held in the B.M.E. Chapel on Princess St., Chatham, 1886 » ; le volume renferme aussi les minutes de la conférence générale de Windsor, juin 1886.

S. J. C. Edwards, From slavery to a bishopric, or the life of Bishop Walter Hawkins of the British Methodist Episcopal Church, Canada (Londres, 1891).— Christian Recorder (Philadelphie), 30 avril 1891.— R. R. Ball, « The British Methodist-Episcopal Church of Canada », Canada, an encyclopædia (Hopkins), 4 : 136–137.— J. C. Coleman, « The African Methodist-Episcopal Church », Canada, an encyclopædia, 4 : 135–136.— Cyclopædia of Canadian biog. (Rose et Charlesworth), 1 : 456.— The encyclopedia of world Methodism, N. B. Harmon et al., édit. (2 vol., Nashville, Tenn., 1974).— R. W. Winks, The blacks in Canada : a history (Londres et New Haven, Conn., 1971).

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J. William Lamb, « DISNEY, RICHARD RANDOLPH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/disney_richard_randolph_12F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
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