Titre original :  Portrait of Rev. Richard A. Ball, STCM, T2008.16.9. 
Image courtesy of St. Catharines Museum, St. Catharines, Ontario.

Provenance : Lien

BALL, RICHARD AMOS, barbier, ministre de l’Église méthodiste épiscopale britannique et musicien, né le 30 novembre 1845 à St Catharines, Haut-Canada, fils de Henry Ball et de Sophia Hussey ; le 7 décembre 1864, il épousa dans cette ville Mary T. Jackson, et ils eurent huit enfants ; décédé le 22 décembre 1925 à Windsor, Ontario.

Au moment du décès de Richard Amos Ball en 1925, la légende du « chemin de fer clandestin » était bien enracinée dans l’imaginaire canadien. Une de ses nécrologies rappelait avec insistance aux lecteurs que sa famille avait fui l’esclavage et remonté jusque dans le Haut-Canada par ce moyen. Selon l’historien Robin William Winks, son père était un esclave fugitif venu de Virginie. Le certificat de décès de Ball mentionne que sa mère était originaire de Liverpool, en Angleterre. Lui-même avait vu le jour à St Catharines, qui était déjà, en 1845, un centre de migration pour les Noirs libres et pour les ex-esclaves américains. Ball connaissait presque certainement Harriet Tubman [Ross*], qui avait fait de St Catharines la base de ses opérations au Canada, et l’abolitionniste Hiram Wilson, qui y avait établi une mission pour les Noirs. L’école publique fréquentée par Ball était sans doute réservée aux Noirs, car, dans les faits, la ségrégation existait à St Catharines. Il dut être témoin, de près ou de loin, de l’émeute raciale de 1852, au cours de laquelle des vandales blancs détruisirent presque toutes les maisons du quartier noir.

Ball exerça d’abord, des années 1860 aux années 1880, le métier de barbier. À l’exemple de son père, prédicateur laïque au sein de l’Église méthodiste épiscopale britannique, il se mit à participer aux activités du temple local de cette confession. (Issue de l’Église méthodiste épiscopale des États-Unis, cette dernière s’était implantée dans le Haut-Canada en 1856 [V. Richard Randolph Disney*].) C’est un ministre de l’Église méthodiste épiscopale britannique, L. C. Chambers, qui célébra en 1864 le mariage de Ball avec Mary T. Jackson, une Noire née en Pennsylvanie et alors âgée de 18 ans. À un moment donné, Ball devint conseiller presbytéral. En 1892, à la conférence annuelle de l’Église méthodiste épiscopale britannique à Windsor, il fut ordonné diacre. Ministre dès 1895 – ils étaient alors environ 25 au Canada –, il prit en charge la congrégation de Brantford cette année-là. Toujours en 1895, à la conférence annuelle de l’Église, à Brantford, son fils Richard R. accéda à son tour au titre de conseiller presbytéral. Les Ball s’enorgueillissaient sans doute de voir que le ministère devenait une tradition familiale. Par la suite, Ball desservit des congrégations à Windsor, à London, à Toronto (1911–1916, 1923–1924) et à Winnipeg (1919–1921). En 1914, lui-même et sa femme célébrèrent leurs noces d’or dans son église, située rue Chestnut à Toronto. D’après le Toronto Canadian Observer, ils étaient entourés « de leurs enfants et d’amis si nombreux, 400, que la nef […] et presque tout le jubé étaient pleins ». Les invités remirent au couple une bourse contenant 110 $ en or. L’ancien contrôleur municipal William Peyton Hubbard* présidait la soirée.

La musique faisait partie intégrante de la vie familiale de Ball et de sa religion. Lui-même, sa femme, leurs enfants et leurs petits-enfants chantaient et jouaient d’un instrument, ce qui les amena à former un groupe, les Ball Family Jubilee Singers. Richard Amos Ball dirigeait la partie chorale de cet ensemble de musique gospel qui se fit connaître par plusieurs tournées au Canada et aux États-Unis.

Ball servit l’Église méthodiste épiscopale britannique à plusieurs titres : conseiller presbytéral, diacre, pasteur, agent général, défenseur de la tempérance et président des conférences annuelles et générales. À cause de son dévouement, il jouissait d’un prestige et d’un respect immenses. Le racisme était une réalité dans la plupart des petites et grandes villes où il fut ministre. En y exerçant son ministère auprès des Noirs, il lui arrivait souvent, avec son équipe, d’organiser des programmes éducatifs, d’aider les fidèles à trouver du travail, de tenir des soupes populaires et de donner des conseils. Grâce à ces initiatives, bon nombre d’Afro-Canadiens acquirent une plus grande estime d’eux-mêmes. Au début des années 1920, Ball combattit toute idéologie militante noire qui menaçait la loyauté envers les institutions britanniques – élément important des articles de foi de son Église – et résista avec ardeur aux tentatives visant à fusionner celle-ci à l’Église américaine. Il prit sa retraite à la fin de 1924.

En décembre 1925, Richard Amos Ball se trouvait à Windsor avec sa femme pour célébrer son anniversaire de naissance et leur anniversaire de mariage et pour rendre visite à leur fils Charles. Il mourut à cet endroit, d’une défaillance cardiaque. Son service funèbre eut lieu dans son église à Toronto, après quoi il fut inhumé au cimetière Prospect. Il laissait dans le deuil une fille et trois fils, dont le révérend Richard R. Ball, alors ministre de l’Église méthodiste épiscopale britannique à Rochester, dans l’État de New York.

Afua Cooper

AO, RG 80-27-2, 33 : 71 ; RG 80-8-0-991, nº13490.— EUC-C, 53, 96.031C (mfm).— BAC, RG 31, C1, 1861, 1871, 1881, St Catharines, Ontario (mfm aux AO).— TRL, SC, Black hist. file.— Canadian Observer (Toronto), 14 déc. 1914.— Globe, 24 déc. 1925.— St. Catharines Standard, 23 déc. 1925.— Annuaires, St Catharines, 1875–1893 ; Toronto, 1895–1924.— Bee Allen, « Bee Allen, 1911 », dans No burden to carry : narratives of black working women in Ontario, 1920s–1950s, Dionne Brand, édit. (Toronto, 1991), 105–127.— R. R. Ball, « The British-Methodist Episcopal Church of Canada », dans Canada, an encyclopædia (Hopkins), 4 : 136s.— British Methodist Episcopal Church, The doctrine and discipline of the British Methodist Episcopal Church (Toronto, 1892).— Sheldon Taylor, « The black church in Canada, a rock on which they stood », Akili ([Toronto]), 2 (1994), nº 2 : 1–17 ; nº 4 : 22s.— R. W. Winks, The blacks in Canada : a history (2e éd., Montréal et Kingston, Ontario, 1997).

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Afua Cooper, « BALL, RICHARD AMOS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/ball_richard_amos_15F.html.

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Auteur de l'article:    Afua Cooper
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
Année de la révision:    2005
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