DIGÉ, JEAN (baptisé Jean–Charles), navigateur, homme politique et fonctionnaire, né vers 1736 dans la « paroisse de Forillon », évêché d’Avranches, France, fils de Jacques Digé et de Jeanne Augé ; décédé le 14 juillet 1813 à Sainte–Anne–de–la–Pocatière (La Pocatière, Québec).

Fils de navigateur, Jean Digé n’a pas l’occasion de fréquenter l’école, ni d’apprendre à lire et à écrire, mais il se forme à la pratique du métier de marin. Venu au Canada, il s’établit à Sainte–Anne–de–la–Pocatière où, le 16 mai 1762, avant d’entreprendre un long voyage de pêche à la morue, il lègue devant notaire, advenant son décès, la majorité de ses biens à celui qui va bientôt devenir son beau–père, François Lévêque. En effet, le 30 janvier 1763, il épouse Véronique Lévêque, âgée de 26 ans. À cette époque, en plus de posséder les instruments nécessaires à la pratique de son métier de navigateur, dont une chaloupe de pêche, Digé est propriétaire de deux terres, l’une située à Sainte–Anne–de–la–Pocatière, l’autre à Rivière–Ouelle ; il possède aussi un cheval, une carriole, une charrue et une somme de 2 950# 10s. en monnaie d’ordonnance plus 330# en espèces. Deux enfants au moins naissent de ce mariage dont un fils, Jean, mort en 1782 à l’âge de 16 ans.

Jouissant d’une situation relativement aisée, Digé acquiert une certaine crédibilité auprès de ses pairs. De fait, on le retrouve sous–bailli de Sainte–Anne–de-la–Pocatière en septembre 1767, puis à nouveau en septembre 1773. Aux élections de 1792, ses concitoyens l’élisent, avec Pierre–Louis Panet, député de Cornwallis, circonscription électorale qui s’étend alors de la seigneurie de la Pocatière jusqu’à la circonscription de Gaspé. Digé est ainsi l’un des quatre députés nés en France qui firent partie de la première législature du Bas–Canada. Il joue un rôle secondaire à la chambre d’Assemblée se contentant pour ainsi dire de voter. À trois reprises, il donne son appui au parti des bureaucrates, tandis qu’il vote sept fois avec le parti canadien, notamment en faveur du choix de Jean–Antoine Panet comme président et contre la reconnaissance d’un statut légal à la langue anglaise. Mais peu instruit, il se sent probablement dépassé par les problèmes discutés. De plus, les députés ne recevant pas de rémunération, Digé est sans doute peu attiré par la tâche. On peut imaginer, compte tenu du coût de la vie à Québec à cette époque, qu’il habite son bateau pendant toute la durée des sessions. Il représente sa circonscription du 10 juillet 1792 au 31 mai 1796. Aux élections de 1796, il retire sa candidature avant la tenue du scrutin.

En 1797, Digé est inspecteur des chemins pour Sainte–Anne–de–la–Pocatière. La même année, il donne à bail une terre dans la seigneurie de Rivière–Ouelle. On remarque qu’il sait maintenant signer. À compter de cette date, il semble se contenter de vivre des revenus de ses terres et de son métier de navigateur. Veuf depuis le 3 mars 1810 et âgé d’environ 76 ans, il se remarie le 20 avril 1812 avec Marie–Charlotte Sajos (Sageot), veuve de Pierre Darris avec qui elle avait eu un fils. Le 14 juillet de l’année suivante, Digé meurt « après une maladie de douze heures » ; le lendemain, son corps est inhumé dans l’église de Sainte–Anne–de–la–Pocatière. Sa femme lui survivra jusqu’à l’âge de 99 ans et mourra le 28 septembre 1845.

Jean Digé est le seul de ce nom à avoir émigré de France au Canada. N’ayant laissé aucune descendance mâle, il ne pourra y perpétuer son nom. Il est toutefois à l’origine d’une lignée de Pelletier par le mariage de sa fille Geneviève à Joseph Pelletier, le 6 novembre 1786.

Pierre Matteau

ANQ–Q, CE3–1, 20 avril 1812 ; CE3–3, 30 sept. 1845 ; CE3–12, 20 févr. 1782, 6 nov. 1786, 5 mars 1810, 15 juill. 1813, 4 déc. 1831 ; CN3–18, 16 mai 1762, 26 janv. 1763.— AP, Sainte–Anne–de–la–Pocatière, Reg. des baptêmes, mariages et sépultures, 30 janv. 1763.— La Gazette de Québec, 17 sept. 1767, 9 sept. 1773, 29 juill. 1813.— Almanach de Québec, 1794 : 66 ; 1796 : 59.— F.-J. Audet, « Les législateurs du B.-C. ».— F.-J. Audet et Fabre Surveyer, Les députés au premier parl. du B.-C., 154–159.— Desjardins, Guide parl., 126.— Répertoire des mariages de Rivière–Ouelle, 1672–1972 ; troisième centenaire, Armand Proulx, compil. (La Pocatière, 1972), 120.— Répertoire des mariages de Sainte–Anne–de–la–Pocatière (comté de Kamouraska) (1715–1965), J.-E. Ouellet, compil. (Québec, 1968), 11.— Hare, « L’Assemblée législative du B.-C. », RHAF, 27 : 366, 368, 371–373.— « Jean Digé, premier député de Cornwallis », BRH, 40 (1934) : 55–62.

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Pierre Matteau, « DIGÉ, JEAN (baptisé Jean-Charles) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/dige_jean_5F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
Année de la révision:    1983
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