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DESHAYES, JEAN (il signait parfois Deshaies), hydrographe du roi en Nouvelle-France, mort à Québec le 18 décembre 1706.
On ignore tout de ses antécédents familiaux et sociaux. Déjà en 1668, il était reconnu pour sa compétence. Cette année-là, Colbert désirait acquérir, d’un savant étranger, le secret d’une nouvelle méthode pour calculer la longitude ; il pria Deshayes d’en vérifier la justesse. Deux ans plus tard, Deshayes s’embarquait pour l’Acadie afin de vérifier en mer une théorie analogue. Il était alors un pauvre professeur de mathématiques que Saint-Columbe a décrit comme un « homme de fort bon sens ». Deshayes s’occupa d’enseignement et de problèmes nautiques, en France, jusqu’en 1681. On le pria alors de se joindre à deux autres hommes de sciences afin d’entreprendre une expédition à Gorée au large des îles du Cap-Vert, puis aux îles de la Martinique et de la Guadeloupe, dans les Antilles. C’est probablement à la suite de cette mission assez hasardeuse qu’on envoya Deshayes en Nouvelle-France faire le relevé hydrographique du fleuve Saint-Laurent.
Il débarqua à Québec en août 1685 et malgré que son état de santé lui causât quelques soucis il accompagna le gouverneur Brisay de Denonville dans un voyage au fort Frontenac (Kingston, Ont.). Il descendait à terre à de fréquents intervalles pour établir des latitudes dans le but de dresser une carte. L’année suivante fut entièrement consacrée à un relevé hydrographique détaillé du Saint-Laurent en aval de Québec. En novembre 1686, pour des raisons inconnues, il quitta la colonie sans avoir terminé ses relevés. Néanmoins, le travail déjà accompli servit de tracé de base à une carte marine du fleuve publiée aux environs de 1700 à la recommandation de l’Académie royale des Sciences ; une deuxième édition parut en 1715. Ces cartes marines ont été les premières consacrées exclusivement au fleuve Saint-Laurent qu’on ait reproduites par le procédé de la gravure. Elles devinrent l’instrument de navigation de base à l’usage des pilotes et des capitaines de la Nouvelle-France, jusqu’à la fin du Régime français.
C’est, sans doute, la parution de cette carte, beaucoup plus que les influences qui auraient pu s’exercer en sa faveur, qui valut à Deshayes, en 1702, sa désignation au poste d’hydrographe du roi en Nouvelle-France. La même année, il était de retour dans la colonie où pendant quatre ans il enseigna aux jeunes la navigation et le pilotage. En 1703, on le nommait sous-ingénieur. Au cours de l’année qui suivit, il dressa une carte marine de la rive nord du Saint-Laurent qui illustrait le parcours du voyage d’exploration d’Augustin Le Gardeur de Courtemanche au Labrador.
Il semble que Deshayes ne se soit jamais marié. À sa mort, il laissa peu de biens à part sa bibliothèque, qui mérite d’être mentionnée uniquement parce qu’en Nouvelle-France, à l’époque, il était inusité pour une bibliothèque privée de ne contenir aucun livre religieux. En plus d’être l’auteur d’une carte marine très importante, Deshayes a aussi publié une édition revisée de l’Usage du compas de proportion de D. Henrion (Paris, 1681 ; 2e éd., 1685). Il a aussi écrit La théorie et pratique du nivellement parue en 1685 et rééditée en 1695.
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James S. Pritchard, « DESHAYES (Deshaies), JEAN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/deshayes_jean_2F.html.
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Auteur de l'article: | James S. Pritchard |
Titre de l'article: | DESHAYES (Deshaies), JEAN |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1969 |
Année de la révision: | 1991 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |