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DENNIS, JOHN STOUGHTON, arpenteur, officier dans la milice et dans l’armée, fonctionnaire et administrateur ferroviaire, né le 22 octobre 1856 à Weston (Toronto), Haut-Canada, fils aîné de John Stoughton Dennis* et de Sarah Maria Oliver ; le 29 décembre 1879, il épousa à Aylmer (Gatineau, Québec) Mary Conroy, et ils eurent une fille, puis en 1921, à New York, Kate Hunter, de Kingston, Ontario ; décédé le 26 novembre 1938 à Victoria.

John Stoughton Dennis naquit dans une famille loyaliste aisée. Son père, en tant qu’arpenteur général et sous-ministre au département fédéral de l’Intérieur, joua un rôle important dans la colonisation de l’Ouest canadien ; John Stoughton suivrait ses traces. Il étudia à la Trinity College School de Weston et, pendant un certain temps, à l’école d’artillerie de Kingston (A Battery, Garrison Artillery), et fut formé au métier d’arpenteur par son père et Bolton Magrath, d’Aylmer. En 1877, il se qualifia comme arpenteur des terres du dominion et arpenteur topographe du dominion. Il participa à la création de l’Association des arpenteurs provinciaux du Manitoba, qu’il présida en 1881. Dennis s’impliqua également au sein de l’Association of Dominion Land Surveyors, fondée en 1882, et en devint président en 1890. Ses compétences techniques seraient reconnues en 1901, lorsqu’il serait admis à la Société canadienne des ingénieurs civils.

Dennis avait travaillé dans l’Ouest entre 1878 et 1885 pour le département de l’Intérieur, la Hudson’s Bay Company, et des sociétés immobilières et d’arpentage. Ces activités furent interrompues par la rébellion du Nord-Ouest en 1885 [V. Louis Riel*], au cours de laquelle il commanda le provisoire Dominion Land Surveyors’ Intelligence Corps. Le major-général Frederick Dobson Middleton* le louangea pour « la façon dont il dirigea ses hommes » pendant la bataille de Batoche (Saskatchewan).

En 1885, après son retour à Ottawa et au département de l’Intérieur – il habitait tout près, à Aylmer –, Dennis fut promu inspecteur des levés et devint inspecteur en chef en 1890. En 1893, il prépara, puis supervisa les premières études d’irrigation dans l’Ouest ; il croyait depuis longtemps que la sécheresse était le seul facteur qui freinait la colonisation. Sa rencontre avec l’arpenteur des terres du dominion William Pearce* raviva son intérêt pour cette question. En 1890, Dennis avait insisté sur l’importance de comprendre le cycle des précipitations dans les prairies et de planifier en conséquence. Les études d’irrigation étaient destinées à recueillir des données pour les projets d’aménagement hydraulique et de colonisation entrepris par le secteur privé, notamment par la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique et d’autres grands propriétaires fonciers [V. Elliott Torrance Galt*].

Entre janvier et mars 1894, Dennis parcourut l’ouest des États-Unis dans le but de réunir les informations nécessaires à la rédaction de l’Acte concernant l’utilisation des eaux des Territoires du Nord-Ouest pour des fins d’irrigation et autres, qui serait sanctionné par le Canada dans le courant de l’année. Il fut responsable de la gestion du projet, d’abord à titre d’inspecteur général de l’arpentage puis, de 1897 à 1902, comme premier commissaire adjoint au département des Travaux publics des Territoires du Nord-Ouest. Il put occuper ces deux emplois simultanément grâce à un accord qui transférait la responsabilité administrative de l’irrigation aux territoires. Il est possible que Dennis, qui prévoyait la mise en place d’une section consacrée à l’irrigation au sein du département de l’Intérieur, ait été à l’origine de cet accord. En tant que commissaire adjoint, il dut organiser le département territorial et établir des procédures qui permettraient de s’occuper d’autres besoins, y compris les routes et les ponts.

Parmi les apports de Dennis à l’administration des ressources hydriques de l’Ouest, on compte sa proposition, présentée pour la première fois en 1896, de créer une commission responsable des questions transfrontalières. Cette idée serait finalement mise en pratique en vertu du traité international sur les eaux limitrophes de 1909 [V. sir George Christie Gibbons*].

À la suite de la décision de la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique, en 1902, d’établir un système d’irrigation à l’intérieur de son immense étendue de terre à l’est de Calgary, selon le plan d’arpentage préparé sous la supervision de Dennis, ce dernier obtint le poste de chef de projet et quitta le gouvernement le 1er janvier 1903. Cet emploi allait de pair avec son rôle de cadre au sein de la Western Canada Irrigation Association, fondée en 1907. Pendant qu’il dirigeait le département de l’irrigation de la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique, ce qui l’avait obligé à partir de Regina pour s’établir à Calgary, il était également commissaire des terres de la société ferroviaire en Colombie-Britannique et adjoint de William Whyte*, second vice-président responsable de la division ouest. En 1912, il deviendrait l’adjoint du président sir Thomas George Shaughnessy* et prendrait la tête du nouveau service des richesses naturelles. Il joua un rôle de plus en plus important dans l’élaboration des politiques de la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique au sujet du développement de ses intérêts foncier, minier et forestier, et en particulier de l’occupation et de l’exploitation des prairies. Le programme de paiement agricole, présenté en 1908, et celui de prêt, approuvé en 1912, étaient des innovations proposées par Dennis pour réduire le fardeau financier qui pesait sur les colons désireux d’acheter des terres appartenant au chemin de fer.

Dennis porta encore plus son attention sur la colonisation de l’Ouest au début de la Première Guerre mondiale. À partir de 1914, il rédigea une série de notes sur le thème de l’incapacité de la colonisation rurale à suivre le rythme de la construction ferroviaire et du développement urbain. Ses recommandations comprenaient la mise en place, après la guerre, d’un programme énergique qui était destiné à corriger ce déséquilibre et qui débuta avec la création, par la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique, d’un département de la colonisation et du développement, à l’automne de 1916. Dennis en devint le premier commissaire le 24 mars 1917 ; il s’installerait plus tard à Montréal, où se trouvait le siège social de la société ferroviaire.

Une fois ces préparatifs terminés, Dennis consacra ses efforts aux besoins de l’Empire et à ceux du Canada en temps de guerre, qui, selon lui, étaient les mêmes. En 1917–1918, avec le grade de colonel, il fut chargé de diriger la section canadienne de la mission de recrutement britannique canadienne aux États-Unis. En reconnaissance de ses services, il fut fait compagnon de l’ordre de Saint-Michel et Saint-Georges en 1918. L’année suivante, il fit partie de la commission économique et du contingent militaire canadiens dépêchés en Sibérie révolutionnaire, où il assuma la responsabilité du transport. Il était également commissaire de la Société canadienne de la Croix-Rouge. Il voyait la Sibérie comme un marché potentiel et l’intervention du Canada le conforta dans cette idée, mais après leur arrivée à Vladivostok, en février 1919, les membres de la commission économique en vinrent à la conclusion que l’état de dévastation dans lequel se trouvait la région rendait un tel objectif irréaliste. Dennis réussit cependant à résoudre de terribles problèmes sanitaires et d’approvisionnement avant le retrait de la brigade canadienne et du personnel de la Croix-Rouge, en mai.

Dennis revint à Montréal et reprit son travail de commissaire de la colonisation et du développement, déterminé à régler les problèmes soulevés au début de la guerre. Il échoua dans son ambitieux projet d’attirer dix millions d’immigrants en dix ans, mais il obtint certains résultats positifs, dont le relogement de mennonites en provenance de Russie, au début des années 1920. Plus tard au cours de cette même décennie, son département supervisa un certain nombre de nouveaux projets concernant tout spécialement les immigrants britanniques. Dennis contribua également aux efforts que fit la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique pour attirer des colons dans les années d’après-guerre en remplissant la fonction de président de la Canada Colonization Association de 1925 à 1932. Il prit sa retraite en décembre 1929 et s’installa à Victoria, où, trois semaines avant son décès, il reçut la médaille sir John Kennedy, décernée par l’Engineering Institute of Canada. Il était entièrement dévoué à toutes ses entreprises professionnelles et on lui connaissait peu d’intérêts personnels. Passionné de musique, il dirigea des orchestres amateurs, mit en scène des opérettes et fut représentant honoraire du Toronto Conservatory of Music dans l’Ouest. Ce fut lui qui fit venir Annie Glen Broder à Calgary, où elle exerça une grande influence sur le développement du milieu musical.

John Stoughton Dennis fit preuve de compétence technique et administrative, d’une persévérance et d’une initiative hors du commun dans les emplois qu’il occupa au sein des gouvernements fédéral et territorial, de la Hudson’s Bay Company et de la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique. Dans chacun de ces postes, il s’efforça d’accomplir la tâche, commencée par son père, de coloniser l’Ouest canadien.

John Gilpin

John Stoughton Dennis est l’auteur de A short history of the surveys performed under the dominion lands system, 1869–1889 ([Ottawa ?], 1892) ; « Reminiscences of the Riel rebellion, 1885 », Canadian Surveyor (Ottawa), 3 (1928–1931), no 4 : 22–24 ; et The extension of British colonization in Canada : resulting from the activities of the Canadian Pacific Railway Company since its incorporation in 1880, together with a discussion of our present problems and the possibility of increasing our productive population by the movement of a large number of British colonists to Canada (Victoria, 1932).

AO, F 277, MU 1131, W. W. Duncan, « Narrative of the Skirving and Dennis families » (texte dactylographié, mars 1967).— BAC, R180-76-5, boîte 2444-23 ; R190-36-2, dossiers 142064, 157337, 396543, 424189, 509966, 510345 ; R202-8-8, dossiers 21916, 22804.— BAnQ-O, ZQ16/26, 29 déc. 1879.— GA, M 2269, files 1, 459, 473, 475–476, 568, 643.— Univ. of Alberta Arch. (Edmonton), William Pearce fonds, files 429–430.— C. J. Brydges, The letters of Charles John Brydges, 1879–1882, Hudson’s Bay Company land commissioner, Hartwell Bowsfield, édit., introd. d’Alan Wilson (Winnipeg, 1977) ; The letters of Charles John Brydges, 1883–1889, Hudson’s Bay Company land commissioner, Hartwell Bowsfield, édit., introd. de J. E. Rea (Winnipeg, 1981).— Canada, Parl., Doc. de la session, 1888–1903 (rapports du dép. de l’Intérieur, 1887–1902).— Canadian annual rev., 1905–1931.— N. F. Dreisziger, « A surveyor advises the government : J. S. Dennis, Jr., and Canadian-American negotiations, 1895–1910 », Canadian Surveyor, 29 (1975) : 141–144.— J. A. Eagle, The Canadian Pacific Railway and the development of western Canada, 1896–1914 (Kingston, Ontario, 1989).— Robert England, The colonization of western Canada : a study of contemporary land settlement, 1896–1934 (Londres, 1936).— F. H. Epp, Mennonite exodus : the rescue and resettlement of the Russian Mennonites since the communist revolution (Altona, Manitoba, 1962).— J. B. Hedges, Building the Canadian west : the land and colonization policies of the Canadian Pacific Railway (New York, 1939 ; réimpr., 1971).— Roy MacLaren, Canadians in Russia, 1918–1919 (Toronto, 1976).— A. O. MacRae, History of the province of Alberta (2 vol., [Calgary], 1912).— Mennonites in Canada (3 vol., Toronto, 1974–1996), 2 (F. H. Epp, 1920–1940 : a people’s struggle for survival, 1982).— North-West Territories, Dept. of Public Works, Annual report (Regina), 1898–1902.— J. A. Polk, « The Canadian Red Cross and relief in Siberia, 1918–1921 » (mémoire de m.a., Carleton Univ., Ottawa, 2004).— D. W. Thomson, Men and meridians : the history of surveying and mapping in Canada (3 vol., Ottawa, 1966–1969), 2.— A. O. Wheeler, « The D.L.S. Intelligence Corps and the Riel rebellion, 1885 », Canadian Surveyor, 4 (1931–1934), no 12 : 3–8.— Who’s who in Canada, 1925–1926.

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

John Gilpin, « DENNIS, JOHN STOUGHTON (1856-1938) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/dennis_john_stoughton_1856_1938_16F.html.

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Auteur de l'article:    John Gilpin
Titre de l'article:    DENNIS, JOHN STOUGHTON (1856-1938)
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2014
Année de la révision:    2014
Date de consultation:    28 novembre 2024