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GALT, ELLIOTT TORRANCE, fonctionnaire, homme d’affaires et agent de développement, né le 24 mai 1850 à Sherbrooke, Bas-Canada, fils d’Alexander Tilloch Galt* et d’Elliott Torrance ; décédé célibataire le 15 mai 1928 à New York.
Fils d’un éminent personnage du monde des affaires et de la politique, Elliott Torrance Galt étudia au Bishop’s College de Lennoxville, au Bas-Canada, puis à Harrow, en Angleterre, et à Tours, en France. À la fin des années 1860, il visita plusieurs capitales européennes, où il rencontra bon nombre des associés de son père. À compter de 1869, il occupa des places de commis chez des hommes d’affaires montréalais, John Rose* entre autres. Apparemment, il ne prenait rien au sérieux. En 1879, son père demanda donc au premier ministre du pays, sir John Alexander Macdonald*, de lui trouver un poste qui l’éloignerait de ses amis et de cette « vie facile ». Macdonald donna suite à cette requête en nommant le jeune Galt secrétaire et greffier d’Edgar Dewdney*, le tout nouveau commissaire aux Affaires indiennes des Territoires du Nord-Ouest. Sans abandonner ces fonctions, Galt deviendrait en 1881 commissaire adjoint aux Affaires indiennes à Regina.
S’adapter au Nord-Ouest ne fut pas pénible pour Galt. Cet homme cultivé, grand et maigre, à la voix douce, aimait les sports de plein air, et son adresse légendaire au billard lui était très utile dans les bars et les hôtels de la région. Pendant sa brève carrière auprès de Dewdney, dont la principale mission était de pacifier les nations autochtones et de les installer dans des réserves, il parcourut la quasi-totalité des territoires du Sud. Dormir des semaines d’affilée sous la tente au milieu des grands espaces comportait des désagréments qu’il supportait avec patience et bonne humeur. Il comprit à quel point la région offrait des possibilités aux investisseurs et spécula beaucoup dans l’immobilier. En outre, il envoya à son père des échantillons de charbon venant de l’extrémité sud-ouest des Prairies.
En 1883, Galt démissionna de ses fonctions pour assumer la direction générale de la North-Western Coal and Navigation Company Limited, qui projetait d’ouvrir une houillère sur la rivière Belly (rivière Oldman), à l’emplacement actuel de Lethbridge, en Alberta. Son père avait rassemblé les capitaux nécessaires à Londres, mais lui-même surveillait les travaux. Par exemple, il supervisa la construction du Baroness, vapeur conçu pour transporter le charbon jusqu’à Medicine Hat, où passait la ligne principale du chemin de fer canadien du Pacifique. L’année suivante, il fit construire deux autres vapeurs, l’Alberta et le Minnow. Toutefois, les eaux étaient trop basses. En fait, ces bateaux trouvèrent leur utilité – et rapportèrent de l’argent – surtout lorsqu’il fallut transporter des troupes après la défaite de Louis Riel* et de ses partisans en 1885.
Entre-temps, Alexander Tilloch Galt avait convaincu ses associés britanniques, et principalement les fameux éditeurs de journaux et de magazines William Henry Smith et William Lethbridge, de financer la Compagnie de chemin de fer et de houille d’Alberta, qui finirait par absorber tout l’actif de la North-Western Coal and Navigation Company. Sous la surveillance d’Elliott Torrance Galt, la nouvelle entreprise construisit un chemin de fer à voie étroite pour relier Lethbridge à un autre point desservi par le chemin de fer canadien du Pacifique, soit Dunmore, près de Medicine Hat. En août 1885, les travaux étaient terminés, et Galt commença à expédier du charbon. Cependant, les mines des Galt connaissaient des hauts et des bas, selon les besoins et les caprices de leur principale cliente, la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique. Pour en assurer la rentabilité, Elliott Torrance Galt leur donna de l’expansion et y installa la machinerie la plus moderne qu’il put se procurer. À plusieurs reprises, il réprima des grèves de mineurs et baissa les salaires. En 1890, pour se soustraire au joug de la société ferroviaire, lui-même et des associés américains construisirent un chemin de fer entre Lethbridge et l’usine de réduction de minerai de l’Anaconda Copper Mining Company à Great Falls, dans le Montana. En 1893, année de la mort de son père, Galt loua à la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique, à l’issue de négociations avec Thomas George Shaughnessy, la ligne Dunmore-Lethbridge de la Compagnie de chemin de fer et de houille d’Alberta ainsi que la charte obtenue en 1890 qui autoriserait le prolongement de la ligne jusqu’à la passe du Nid-du-Corbeau. Quatre ans plus tard, il transforma cette location en vente.
Les mines des Galt continuaient de prendre de l’expansion – elles faisaient même partie des plus grosses exploitations de l’Ouest canadien –, mais elles restaient sujettes aux caprices d’une économie périphérique. Si l’entreprise des Galt réussit, ce fut grâce aux concessions foncières relativement étendues obtenues en échange de la construction des chemins de fer. D’une superficie totale de plus de un million d’acres, ces propriétés convenaient surtout au pâturage. Comme leur valeur était assez faible, Galt forma en 1893 l’Alberta Irrigation Company, dont le but était d’acheter les terres à la Compagnie de chemin de fer et de houille d’Alberta, d’y creuser des canaux d’irrigation – ce qui les transformerait en terres agricoles, donc ferait augmenter leur valeur –, et de les revendre. « Quant à nous, expliqua Galt par la suite, nous avons dû dépenser de grosses sommes pour donner de la valeur à nos terres. » En 1896, après des années de pressions intensives de la part de Galt, de son assistant (et futur beau-frère) Charles Alexander Magrath* et du plus haut fonctionnaire fédéral du Nord-Ouest, William Pearce, le gouvernement autorisa la compagnie à obtenir ses terres en un seul bloc. En 1898, avec l’appui de Clifford Sifton, le ministre de l’Intérieur, Galt conclut, avec l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours en Utah, une entente en vertu de laquelle des équipes formées de mormons creuseraient les canaux contre un paiement qui serait fait à moitié en terres et à moitié en espèces [V. Charles Ora Card*]. Mis en chantier cette année-là, le réseau de canaux, d’une longueur de 115 milles, fut achevé en 1900.
Même si Galt n’avait aucune difficulté à trouver des acquéreurs pour les terres irriguées, il continuait de soutenir des projets dans la région. En 1901, il aida Jesse W. Knight, un des colons mormons, à établir une grande exploitation de betterave à sucre. L’année suivante, il allongea le canal d’irrigation, ce qui lui permit de gagner encore 500 000 acres. En 1903, il termina une ligne secondaire, le St Mary’s River Railway ; ce tronçon reliait l’un des points de la ligne de la Compagnie de chemin de fer et de houille d’Alberta, soit Stirling, à Cardston. Entre-temps, il donna des terres près de Lethbridge pour l’établissement d’une ferme modèle ; transformée en ferme expérimentale fédérale en 1906 [V. Sydney Arthur Fisher], cette propriété deviendrait une station de recherche réputée. En outre, il agrandit l’hôpital local et versa des montants substantiels aux assemblées de fidèles qui construisaient leurs premières églises. Bien qu’il n’ait pas cherché à se mettre en évidence à Lethbridge, il avait de l’influence en politique locale. En 1890, il avait bloqué pendant un moment la constitution de Lethbridge en municipalité en refusant d’appuyer la demande si ses entreprises n’étaient pas exemptées des taxes locales, sauf la taxe scolaire.
Une fois terminés les ouvrages d’irrigation, Elliott Torrance Galt se mit à préparer sa retraite. En 1901, il modifia la voie de la section canadienne du chemin de fer de Great Falls en la portant à la largeur standard et vendit la section américaine au Great Northern Railroad de James Jerome Hill*. Trois ans plus tard, il mit sur pied l’Alberta Railway and Irrigation Company, qui absorba toutes ses sociétés. Il fut nommé président de cette entreprise, mais sa santé l’empêcha d’y prendre une part active. En 1905, Augustus Meredith Nanton en devint l’administrateur délégué ; c’est lui qui en fut le porte-parole pendant la dure grève des mineurs l’année suivante [V. Frank Henry Sherman*]. En 1907, Galt négocia un marché en vertu duquel la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique, déjà propriétaire de la ligne Dunmore-Lethbridge de la Compagnie de chemin de fer et de houille d’Alberta, acheta des intérêts majoritaires dans l’Alberta Railway and Irrigation Company, avec laquelle elle avait déjà des liens étroits. Signée en 1908, l’entente déboucherait en 1912 sur l’acquisition de tout l’actif de l’Alberta Railway and Irrigation Company par la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique. De son côté, Galt avait quitté Lethbridge en 1908. Il passa ses années de retraite à Montréal et à Victoria. Il succomba à des complications survenues à la suite d’une crise cardiaque pendant un séjour à New York, où il était allé suivre un traitement. On l’inhuma au cimetière du Mont-Royal à Montréal.
Elliott Torrance Galt n’a laissé aucun papier personnel ; on peut trouver de la documentation sur sa carrière seulement dans des dossiers annexes. Il existe des renseignements utiles sur l’histoire des entreprises d’exploitation minière et de chemin de fer dans les collections suivantes conservées aux AN : les papiers d’A. T. Galt (MG 27, I, D8) ; les papiers de sir John A. Macdonald (MG 26, A) ; des copies de lettres de Van Horne et de Shaughnessy contenues dans les papiers du Chemin de fer canadien du Pacifique (MG 28, III 20) ; les papiers de C. A. Magrath (MG 30, E82) ; les dossiers du département de l’Intérieur (RG 15) ; et les papiers de sir Clifford Sifton (MG 27, II, D15). On trouve aux GA un certain nombre de dossiers d’une valeur inestimable dans le fonds Alberta Railway and Irrigation Company (M 2431, M 2533, M3748–3750, M 7899, M 8532), ainsi qu’une copie sur microfilm d’un album de coupures de journaux sur l’entreprise (BR, Alberta Railway). Le PRO possède les documents de constitution juridique et deux listes d’actionnaires de la Northwestern Coal and Navigation Company. Le précieux fonds William Pearce aux Univ. of Alta Arch. (Edmonton) est essentiel pour l’étude de l’irrigation en Alberta. On trouve dans Canada, Statuts, tous les détails sur les différentes entreprises que Galt a mises sur pied.
Cinq lettres écrites par Galt à sa mère quand il était ajoint de Dewdney ont été publiées sous le titre « Letters from Elliott Galt : travelling the prairies, 1879–80 », A. A. den Otter, édit., Alberta Hist. (Calgary), 26 (1978), nº 3 : 21–33. Dans le Manitoba Free Press du 9 sept. 1904, on trouve un historique complet des entreprises de Galt, ainsi qu’une longue entrevue avec ce dernier, y compris la citation dans le texte. Les ouvrages les plus récents qui traitent de la carrière de Galt sont A. A. den Otter, Civilizing the west : the Galts and the development of western Canada (Edmonton, 1982) et H. B. Timothy, The Galts : a Canadian odyssey (2 vol., Toronto, 1984–1987), 2. Les ouvrages suivants sont aussi d’une certaine utilité : C. A. Magrath, The Galts, father and son, pioneers in the development of southern Alberta [...] ([Lethbridge, Alberta, 1935]) ; O. D. Skelton, The life and times of Sir Alexander Tilloch Galt, Guy MacLean, édit. (nouv. éd., Toronto, 1966) ; et E. C. Springett, For my children’s children (Montréal, 1937). [a. a. den o.]§
A. A. den Otter, « GALT, ELLIOTT TORRANCE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/galt_elliott_torrance_15F.html.
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Auteur de l'article: | A. A. den Otter |
Titre de l'article: | GALT, ELLIOTT TORRANCE |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
Année de la révision: | 2005 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |