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DÉMARAY, PIERRE-PAUL, notaire, fonctionnaire, juge de paix, officier de milice, patriote et homme politique, né le 8 octobre 1798 à Trois-Rivières, Bas-Canada, fils de Pierre Démarest, menuisier, et de Louise Patrie ; le 15 juin 1825, il épousa à Laprairie (La Prairie, Québec) Marie-Jovite Descombes-Porcheron, veuve du notaire Roger-François Dandurand, et ils eurent un fils ; décédé le 17 septembre 1854 à Saint-Jean (Saint-Jean-sur-Richelieu, Québec).
On ne sait rien des premières années de Pierre-Paul Démaray. Après avoir fait des études, il choisit la profession de notaire et fit son stage de clerc de 1819 à 1824, sous la direction de Pierre Lanctôt et de Laurent Archambault, à Sainte-Marguerite-de-Blairfindie (L’Acadie), et de Jean-Emmanuel Dumoulin, à Trois-Rivières. Admis au notariat le 17 avril 1824, il exerça dès le début de sa carrière à Dorchester (Saint-Jean-sur-Richelieu). Il ne tarda pas à se faire une importante clientèle qui comprendra notamment des propriétaires fonciers ainsi que des marchands de l’endroit, tels que Gabriel, Louis et François Marchand.
Associé de près à la fondation de la paroisse Saint-Jean-l’Évangéliste, Démaray agit, dès le 16 novembre 1828, à titre de premier secrétaire-trésorier de la fabrique ; il démissionna de ce poste le 4 mai 1834. Il fut élu, le 25 décembre 1829, marguillier de la paroisse et il occupait le poste de premier marguillier en 1832, dernière année de son mandat ; il ne fit cependant la reddition de ses comptes que le 2 juin 1833. Démaray obtint également à cette époque d’autres charges publiques, telles que celles de commissaire chargé de la construction de la route entre Dorchester et Laprairie en 1831, de commissaire chargé de la décision sommaire des petites causes en 1832 et de juge de paix en 1833. Il exerça aussi les fonctions de maître de poste de Dorchester et servit comme lieutenant de milice dans le 3e bataillon du comté de Chambly.
En 1837, Démaray se fit remarquer par son zèle pour la cause des patriotes. Après avoir assisté à l’assemblée des six comtés à Saint-Charles-sur-Richelieu le 23 octobre, il participa à celle qui eut lieu le 5 novembre à Saint-Athanase (Iberville), où il proposa une résolution demandant l’abolition de la tenure seigneuriale. Le 6 novembre, il démissionna de son poste de juge de paix et de celui de lieutenant de milice pour protester contre l’administration « tyrannique » du gouverneur lord Gosford [Acheson*]. Puis il dirigea, le 10 novembre, avec Joseph-François Davignon, médecin de Dorchester, un attroupement de patriotes qui attaqua un peloton de cavalerie revenant d’une reconnaissance à Saint-Athanase.
À la veille de la rébellion, Démaray, qui faisait figure de chef des patriotes de Dorchester, fut l’un de ceux qui firent l’objet d’un mandat d’arrêt pour haute trahison. Dans la nuit du 16 au 17 novembre 1837, un détachement de la Royal Montréal Cavalry, sous les ordres de Charles Oakes Ermatinger fils, fit irruption chez Démaray et Davignon et les constitua prisonniers. Ayant appris que ceux-ci étaient conduits à la prison de Montréal, Bonaventure Viger* prit avec une poignée d’hommes le détachement en embuscade sur le chemin de Chambly et parvint à délivrer les deux prisonniers quelques heures plus tard. Peu après cette escapade, Démaray et Davignon se réfugièrent aux États-Unis. Le 29 novembre, lord Gosford lança de nouveaux mandats contre les deux patriotes et offrit une récompense de £100 pour la capture de chacun d’eux. Le 8 juin 1838, le nouveau gouverneur, lord Durham [Lambton*], proclama une amnistie dont il exclut nommément Démaray. Durant son exil, Démaray s’établit à St Albans, au Vermont, puis à Keeseville, dans l’état de New York, et ouvrit une épicerie à Plattsburgh en société avec son confrère Médard Hébert, notaire de Laprairie, pour assurer sa subsistance.
Revenu au Bas-Canada à la faveur d’une amnistie, Démaray reprit l’exercice de sa profession à Dorchester le 9 mai 1841. Il commença à donner du fil à retordre au curé de sa paroisse, l’abbé Charles La Rocque*. Il reprochait au clergé l’attitude qu’il avait adoptée lors de la rébellion et il soumit son curé à de nombreuses brimades.
En 1845, Démaray se lança dans la politique municipale. Le 28 juillet, il fut élu premier maire de Saint-Jean-l’Évangéliste, charge qu’il occupa jusqu’à l’abolition de cette municipalité de paroisse en 1847. Sous son administration, des habitants du village de Dorchester lui présentèrent un plan visant à ériger leur localité en municipalité. Démaray ne daigna pas cependant y donner suite. Le 1er septembre 1847, le gouvernement de la province du Canada décidait d’abolir les municipalités de paroisse et de leur substituer des municipalités de comté. En vertu de la nouvelle loi, la paroisse Saint-Jean-l’Évangéliste, incorporée au comté de Chambly, avait le droit d’être représentée par deux membres au conseil de comté. Démaray ne se présenta pas aux élections de la municipalité de comté, qui eurent lieu le 14 septembre à Dorchester afin de pourvoir à ces nouveaux postes, mais remplit alors, semble-t-il, conjointement avec Pierre-Moïse Moreau, la fonction d’agent électoral de Samuel Vaughan et de Louis Marchand. C’est à ce titre que Démaray et Moreau contestèrent, mais sans succès, l’élection de James Bissett et de Henry Larocque au poste de conseillers.
Lors d’une élection partielle provinciale dans la circonscription de Chambly en décembre 1847, Démaray se porta candidat, mais fut défait par le docteur Pierre Beaubien* en janvier 1848. De retour sur la scène municipale, il se fit élire le 9 juillet 1850 conseiller du village de Saint-Jean (érigé en municipalité en juillet 1848). Il succéda à Benjamin Burland comme troisième maire de cette municipalité le 11 août 1851. Sous son administration, on créa le premier corps de police de Saint-Jean. Le 11 juillet 1853, Démaray quittait la mairie et redevenait alors conseiller. Nommé par ailleurs, le 22 août, un des deux délégués de la paroisse Saint-Jean-l’Évangéliste à la Convention pour l’abolition des droits seigneuriaux dans le district de Montréal, il fut élu représentant du comté de Chambly au comité central de cette grande assemblée qui eut lieu à Montréal le 1er septembre.
Pierre-Paul Démaray conserva son poste de conseiller jusqu’à la fin de son mandat en juillet 1854. Il mourut à Saint-Jean en septembre de la même année, à l’âge de 55 ans, après un mois de maladie. L’un des hommes publics les plus actifs de son temps dans cette municipalité, il exerçait encore comme notaire au moment de sa mort et remplissait la fonction de juge de paix. Il fut fort regretté de tous ses concitoyens qui l’avaient toujours vu « à la tête de ceux qui voulaient l’avancement de la petite ville dont il était un des membres les plus brillants ». Il laissait dans le deuil sa femme et son fils, Pierre-Octave, qui fit carrière comme avocat à Saint-Jean et à Montréal.
Le minutier de Pierre-Paul Démaray, contenant des actes passés entre 1824 et 1854, est conservé aux ANQ-M, sous la cote CN4-16.
ANQ-M, CE1-2, 15 juin 1825 ; CE4-10, 20 sept. 1854 ; CN1-12, 10 mai 1822 ; CN4-15, 26 mars 1819.— ANQ-MBF, CE1-48, 8 oct. 1798 ; CN1-6, 17 janv. 1824.— ANQ-Q, E17/6, nos 50-70 ; E17/7, nos 131-132, 134 ; E17/8, n° 262 ; E17/15, nos 853-854 ; E17/34, nos 2755a, 2756 ; E17/37, n° 3035.— AP, Saint-Jean-l’Évangéliste, Livres des délibérations de la fabrique, 16 nov. 1828, 25 déc. 1829, 25 déc. 1832, 2 juin 1833, 4 mai 1834.— APC, MG 30, D1, 10 : 302-308 ; RG 4, B8, 6 : 1985-2005 ; RG 68, General index, 1651-1841 :206-207, 257, 376.— Arch. de la ville de Longueuil (Longueuil, Québec), Fonds Brais, « Retour de l’élection de James Bissett et Henri Larocque, écuiers, comme conseillers de la paroisse Saint-Jean l’Évangéliste dans la municipalité du comté de Chambly (13 et 14 septembre 1847) ».— Arch. de la ville de Saint-Jean-sur-Richelieu, Livres des délibérations du conseil municipal, 7 sept., 8 nov. 1846, 30 juin, 13 déc. 1847, 13 mars, 12 juin 1848.— La Minerve, 6, 9 nov. 1837, 23 déc. 1847, 17 janv. 1848, 25 août, 3 sept. 1853, 19 sept. 1854.— Le Patriote canadien (Burlington, Vt.), 21 août 1839.— Le Populaire (Montréal), 22, 29 nov. 1837.— Fauteux, Patriotes, 204-205.— Les Maires et les Conseillers de Saint-Jean, Qué. – août 1848 à février 1956 (s.l., 1956), 21, 28.— J.-D. Brosseau, Saint-Jean-de-Québec ; origine et développements (Saint-Jean [-sur-Richelieu], 1937), 213-215.— Christie, Hist. of L.C. (1866), 4 : 443, 451-454.— Filteau, Hist. des patriotes (1975), 312-315.— Lionel Fortin, le Maire Nelson Mott et l’Histoire de Saint-Jean ([Saint-Jean-sur-Richelieu], 1976), 31-38, 50-51, 57, 103.— [Jean Foisy-Marquis], « Arrêtés, Davignon et Démaray sont délivrés par les patriotes », le Canada français (Saint-Jean-sur-Richelieu), 17 févr. 1971 : 23.— Lionel Fortin, « le Notaire Pierre-Paul Démaray », le Canada français, 23 déc. 1974 : 28-30 ; « Pierre-Paul Démaray, notaire et patriote enterré avec ses chaînes », 31 oct. 1979 : 68-69 ; « Démaray fut le premier maire de la paroisse Saint-Jean-l’Évangéliste », 18 juin 1980 : 12.— J.-J. Lefebvre, « les De Couagne (Decoigne) », SGCF Mémoires, 25 (1974) : 214-227.— Victor Morin, « la « République canadienne » de 1838 », RHAF, 2 (1948-1949) : 505.
Lionel Fortin, « DÉMARAY, PIERRE-PAUL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/demaray_pierre_paul_8F.html.
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Auteur de l'article: | Lionel Fortin |
Titre de l'article: | DÉMARAY, PIERRE-PAUL |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1985 |
Année de la révision: | 1985 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |