DeCOW (DeCew, DeCou), JOHN, homme d’affaires, fonctionnaire et officier de milice, né le 3 février 1766 au New Jersey, probablement dans le comté de Sussex, fils de Jacob DeCow, loyaliste ; le 9 août 1798, il épousa Catherine Docksteder, et ils eurent cinq fils et six filles ; décédé le 25 mars 1855 à DeCewsville, Haut-Canada.
John DeCow arriva dans la presqu’île du Niagara en 1787. Après une exploration approfondie, comprenant un travail d’arpentage auquel il participa en 1788, il acquit un terrain pour y construire un moulin au bord du ruisseau Beaver Dams, affluent du ruisseau Twelve Mile, dans le canton de Thorold. À cet endroit, DeCow bâtit, en 1792, l’une des premières scieries du district de Nassau. Ses efforts ultérieurs pour obtenir d’autres emplacements près de la rivière Niagara échouèrent, mais avec l’aide de Robert Hamilton*, marchand de Queenston, DeCow ajouta sur son terrain un moulin à farine et probablement un moulin à huile de lin. Situé le long d’une route principale, DeCew Falls devint rapidement un important centre de moulins dans la région. (Pour DeCew Falls, comme pour d’autres lieux géographiques nommés d’après le personnage, on a utilisé une variante populaire qui fut plus tard adoptée par la famille.) Entre 1799 et 1835, DeCow occupa aussi à maintes reprises les postes d’estimateur municipal, de percepteur et de marguillier de Thorold. Membre fondateur, en 1800, de la Niagara Library, la première bibliothèque de prêt de la province, il remplit aussi, en 1804, la fonction de membre du conseil d’administration de la Niagara Agricultural Society.
Durant la guerre de 1812, DeCow, qui était officier de milice depuis 1797, commanda une compagnie du 2e bataillon de milice de Lincoln. Sa maison de pierre située au bord d’un ruisseau important qui, avec l’escarpement adjacent, constituait une ligne de défense stratégique, servit de quartier général et de magasin aux Britanniques. C’est dans cette maison qu’en juin 1813 Laura Secord [Ingersoll*] prévint James FitzGibbon* de l’attaque projetée par les Américains à Beaver Dams (Thorold). Pendant que les Britanniques se retiraient du fort George (Niagara-on-the-Lake), DeCow avait été capturé le 29 mai 1813 en retournant chez lui et incarcéré par la suite dans une abominable prison de Philadelphie, l’« Invincible ». Il s’en évada le 20 avril 1814 et, aidé en route par des quakers, il voyagea avec prudence vers le Bas-Canada, même si son pied cassé le faisait souffrir et le retardait. En juin de cette année-là, il atteignit le front du Niagara où il rejoignit son régiment avec lequel il demeura jusqu’à la fin de la guerre.
Bien que DeCow soit resté dans la milice jusqu’en 1823, il remit en état et agrandit ses moulins et son exploitation agricole après la guerre. Ayant à souffrir de l’irrégularité de l’approvisionnement en eau de ses moulins, il répondit favorablement à un autre propriétaire de moulins, William Hamilton Merritt*, qui proposait de stabiliser l’approvisionnement et d’améliorer le transport grâce à un canal reliant le ruisseau Twelve Mile et la rivière Chippewa (rivière Welland). En 1818, l’itinéraire initial passant par DeCew Falls fut tracé et, six années plus tard, DeCow se joignit à d’autres personnes pour fonder la Welland Canal Company. À cause des changements ultérieurs dans le tracé du canal et du détournement de l’énergie hydraulique de ses moulins qui en découlait, DeCow cessa tout appui au projet et retira son capital de la compagnie en 1825. Ce n’est qu’après avoir adressé des pétitions répétées, entre 1830 et 1836, qu’il reçut un certain dédommagement pour les pertes qu’il avait subies à ses moulins. Les plans de DeCow pour établir une industrie moins vulnérable dans cette région, une manufacture de verre à vitre, s’effondrèrent quand le Conseil législatif refusa d’approuver la demandé de reconnaissance juridique de la compagnie en 1829.
Aux élections provinciales de 1832, la candidature de Merritt dans la circonscription de Haldimand attira l’opposition vindicative de DeCow. Dans une attaque acerbe, le colonel John Clark qualifia d’« intérêts frontaliers » le méthodisme de DeCow, son opposition au projet du canal et son adhésion à la politique de réforme de William Lyon Mackenzie*, alors très populaire dans la presqu’île, mais DeCow ne fut battu que par une faible majorité. Il continua de s’attaquer à la Welland Canal Company et, en 1834, il soutint la candidature du réformiste David Thorburn, dans une autre circonscription du Niagara. Bien que DeCow ait pris la tête des signataires d’une pétition dans le canton de Thorold en condamnant le gouvernement provincial en 1836, il ne semble pas avoir participé à la rébellion de 1837-1838.
Insatisfait, DeCow était allé s’installer vers 1834 sur des anciennes terres indiennes du canton de North Cayuga, dans le comté de Haldimand, où il ne tarda pas à construire une scierie. Il ne parvint pas à obtenir les droits de traversier et de pont pour franchir la rivière Grand mais, comme l’un des pionniers de la production du verre dans le Haut-Canada, il chercha de nouveau à établir une verrerie. Le rapport d’un vitrier de Pennsylvanie confirma que sa propriété convenait pour la construction d’une fabrique et, en 1835, la Cayuga Glass Manufacturing Company fut constituée juridiquement. Les perturbations dues à la rébellion auraient conduit à l’expiration de la charte. En 1845, le rejet d’une nouvelle reconnaissance juridique força finalement DeCow à abandonner tout plan de production.
Ce sont les moulins de John DeCow, son exploitation agricole et son four à chaux qui financèrent ses entreprises industrielles et qui favorisèrent la croissance d’un petit village voisin appelé DeCewsville. Il semble qu’en 1851 John DeCow avait pris sa retraite, mais il continua de s’intéresser vivement à la politique. La victoire de Mackenzie sous l’étiquette de réformiste indépendant, à l’élection partielle tenue dans la circonscription de Haldimand cette année-là, ranima son hostilité envers le gouvernement. Trois des fils de DeCow, John, Robert et William, appuyèrent publiquement l’enquête accablante que mena Mackenzie sur les affaires gouvernementales. En 1853, donnant des nouvelles de la bonne santé de son père dans une lettre qu’il écrivait au radical vieillissant, William lui transmit les dernières pensées de DeCow à son sujet : « Il a un souvenir tout frais de vous et s’informe souvent pour savoir où vous êtes, se demande pourquoi il ne peut aller vous voir plus fréquemment et se réjouit de la chute du torysme. »
Deux études sont indispensables à tout essai sur John DeCow : l’excellent article d’Ernest Green, « John DeCou, pioneer », OH, 22 (1925) : 92-116, et The genealogy of the De Cou family, showing the descent of the members of this family in America from Leuren des Cou of the Sandtoft colony, a Hugenot settlement in Lincolnshire, England, founded about 1630, S. E. et J. A. DeCou, compil. ([Philadelphie, 1926] ; réimpr., Ann Arbor, Mich., 1978). Une compilation des souvenirs de DeCow, préparée par ses fils Edmund et Robert, a d’abord été publiée dans le Haldimand Advocate (Cayuga, Ontario) de 1888. Les numéros se rapportant à notre étude n’ont pu être retrouvés, s’ils existent, mais Green cite fréquemment les souvenirs provenant probablement de cette compilation. Des versions différentes et des extraits se trouvent aussi dans Jubilee history of Thorold Township and town from the time of the red man to the present, [M. H. S. Wetherell, compil.] (Thorold, Ontario, 1897-1898), et dans [Edmond DeCew], « Reminiscences of Captain DeCew », E. Munro, édit., Niagara Hist. Soc., [Pub.] (Niagara [Niagara-on-the-Lake], Ontario), n° 36 (1924) : 84-92. En raison de l’âge avancé de DeCow et d’erreurs apparentes dans la transcription ou l’impression, les souvenirs sont inexacts sur plusieurs points. [d. r.]
AO, MS 74, package 59, n° 41 ; package 60, n° 68 ; MS 516, John DeCew [Jr.] à Mackenzie, 14 mai, 16 juin 1851 ; Robert DeCew à Mackenzie, 18 juin 1851 ; William DeCew à Mackenzie, 22 nov. 1853 ; contrat, annonce de l’élection de Mackenzie dans Haldimand, 21 avril 1851 ; pétitions, les électeurs de Haldimand à Mackenzie, 11 août 1851 ; RG 1, A-I-6 : 11430-11432 ; A-II-2, 1 : 91 ; C-I-1, pétitions de John DeCow, 20 avril 1819, 4 juin 1834 ; John DeCew, 19 sept. 1841 ; C-IV, Cayuga Township, concession 1 (nord), lot 40 ; Thorold Township, concessions 1 et 2, lot 16 ; RG 22, sér. 256, sér. 260, John DeCew.— APC, MG 24, E1, 11 ; I8, 28 : 87-92 ; RG 1, L3, 149 : D1/74 ; 150 : D2/16, 84 ; 152 : D6/36, D7/1, 2 ; 153 : D10/34c, d ; 154 : D11/16 ; 269 : K5/29 ; RG 5, A1 : 19664-19667, 20915-20916, 39353-39354, 47923-47924, 69768-69770, 70089-70091, 71736-71740, 76261-76263, 81460-81463, 84729-84731, 137460-137463 ; RG 8, I (C sér.), 679 : 140-141 ; 684 : 179 ; 688C ; 116 ; 688E : 229 ; 690 : 124 ; 692 : 44, 267 ; RG 9, I, B1, 1 : 223, 225 ; 3 ; 11 ; 22 : 322-328 ; B2, 30 : 253.— Canada, prov. du, Assemblée législative, Journaux, 1841 ; 1843-1845.— « District of Nassau ; letter book n° 2 », AO Report, 1905 : 335 ; « District of Nassau ; register of the lots in the townships of that district ; book n° 3 » : 345.— Doc. hist. of campaign upon Niagara frontier (Cruikshank), 1-6.— « Grants of crown lands in U.C. », AO Report, 1929 : 78.— H.-C., House of Assembly, Journal, 1829-1831 ; 1833-1836.— « Upper Canada land book B, 19th August, 1796, to 7th avril, 1797 », AO Report, 1930 : 50.— British American Journal (St Catharines, Ontario), 17 juin, 10 août, 4 déc. 1834, 29 janv. 1835.— British Colonial Argus (St Catharines), 28 sept., 6 oct. 1833.— Cobourg Star, 7 nov. 1832.— St. Catharines Journal, 31 mai 1834, 4 août, 8 déc. 1836, 17 mai 1840, 20 janv., 17 mars 1842, 20 févr. 1845.— J. N. Jackson, St. Catharines, Ontario ; its early years (Belleville, Ontario, 1976).— J. P. Merritt, Biography of the Hon. W. H. Merritt [...] (St Catharines, 1875).— R. L. Gentilcore, « The beginnings of settlement in the Niagara peninsula (1782-1792) », Canadian Geographer ([Ottawa]), 7 (1963) : 72-82.— H. V. Nelles, « Loyalism and local power ; the district of Niagara, 1792-1837 », OH, 58 (1966) : 99-114.— J. W. Watson, « The changing industrial pattern of the Niagara peninsula ; a study in historical geography », OH, 37 (1945) : 49-58.
David Roberts, « DeCOW (DeCew, DeCou), JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/decow_john_8F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1985 |
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