DAVIDSON, JAMES IRONSIDE, fermier, éleveur et importateur de bétail, et homme politique, né le 6 juin 1818 à Monquhitter, Écosse, fils de John Davidson et de Mary Ironside ; le 15 juillet 1841, il épousa dans la même ville Barbara Hendrie (Henry) (1819–1900), et ils eurent quatre fils et une fille ; décédé le 15 février 1902 dans le canton de Pickering, Ontario.
James Ironside Davidson arriva dans le Haut-Canada en 1842 et travailla comme ouvrier agricole près de Balsam (Pickering). Peu après, il acheta dans la région une petite ferme défrichée de 40 acres comprenant une maison en rondins. En 1865, il remplacerait celle-ci par une demeure en pierre, plus vaste, qu’il agrandirait dans les années 1880 ; la superficie de sa propriété finirait par atteindre 200 acres. Il fit d’abord l’acquisition d’un attelage de chevaux (au coût de 165 $), de six bovins canadiens (80 $) et de quatre moutons. Davidson appliquait un système rigoureux de rotation des cultures ; malgré cela, il remarqua rapidement que la fertilité de son sol déclinait, problème généralisé dans les fermes de la province à l’époque. Pour y remédier, il commença à garder plus de têtes de bétail afin de fumer les champs ; il acheta des animaux croisés qu’il engraissait pour en faire du bœuf de Noël, viande souvent demandée pendant le temps des fêtes. En 1861, Davidson accouplait des vaches croisées à un taureau shorthorn et constitua graduellement un petit cheptel de femelles de race pure. Déjà en 1854, il avait tenté d’importer une génisse écossaise, mais elle coûtait trop cher. En 1871, cependant, il s’associa à John Dryden pour acheter des shorthorns à Amos Cruickshank de la ferme Sittyton en Écosse, éleveur des bovins de boucherie les plus réputés du monde.
Comme il avait un intérêt pour le bétail présentant un bon indice de transformation, Davidson se tourna vers les animaux de petite taille et trapus élevés par Cruickshank. En 1873, il importa plus de bétail de Sittyton et, l’année suivante, décida de se concentrer sur les shorthorns. C’était une décision courageuse, car, à cette époque, on vendait difficilement des bêtes comme celles de Cruickshank ; ces animaux, essentiellement destinés à la production de viande, et non élevés à la fois pour la viande et le lait, connaissaient peu de popularité en Grande-Bretagne et en Amérique du Nord. À la fin des années 1870, Davidson effectuait souvent ses achats conjointement avec John Miller et sa famille (qui s’étaient également concentrés sur les animaux d’origine écossaise). La propriété des Miller, Thistle Ha’, se trouvait seulement à quelques milles de la ferme de Davidson, Sittyton Grove, nommée d’après celle de Cruickshank. Davidson partageait à l’occasion avec la société John Miller and Sons le coût des taureaux qu’utilisaient ensuite les deux fermes. Ses relations étroites avec des familles d’éleveurs de shorthorns se poursuivraient : en 1876, sa fille, Mary Ironside, épousa William M., fils de John Miller, et, en 1903, la fille de ce couple, Margaret, deviendrait la femme de William Arthur Dryden, fils de John, alors ministre de l’Agriculture de l’Ontario.
En 1880, un changement de tendance avait pris place dans le type de bétail recherché. Les animaux anglais de grande taille, à double usage, comme ceux élevés et promus à l’origine par Thomas Bates et d’autres éleveurs, qui se vendaient à fort prix dans les années 1870, n’inspiraient plus le même respect. En Amérique du Nord, le type écossais (en particulier le cheptel de Cruickshank) soulevait un intérêt croissant, et les Américains commencèrent à fréquenter les stations de quarantaine canadiennes pour examiner ces importations. En 1881, près de 40 ans après avoir émigré, Davidson retourna pour la première fois en Écosse et rencontra Cruickshank. Les deux hommes se lièrent d’amitié, et Davidson devint l’agent principal de l’Écossais en Amérique du Nord. Entre 1881 et 1886, il acquit un quasi-monopole sur le marché de l’Amérique du Nord pour le bétail de Cruickshank. Les Américains attendraient souvent l’arrivée des nouveaux animaux à la ferme de Davidson. La relation avec Cruickshank mena Davidson à l’avant-plan du commerce d’importation de bétail. Il se révéla un bon juge de la valeur des animaux et un vendeur de première classe, et n’exigeait qu’un profit raisonnable ; Cruickshank louangea ultérieurement son « honnêteté pure et simple ». Éleveur accompli lui-même, Davidson commença à vendre à son tour des shorthorns à des producteurs britanniques en 1891. Pendant toute cette période, il eut également du succès dans l’importation et l’élevage de chevaux clydesdales. Parmi les organismes dont il faisait partie figuraient la Dominion Short-horn Breeders’ Association et la Clydesdale Horse Association of Canada.
La menace de pleuropneumonie bovine contagieuse, qui se déclara en 1886 à la station de quarantaine pour le bétail importé à Lévis, au Québec, entraîna l’abattage de quelque 200 têtes et mit fin à l’entente harmonieuse de Davidson et Cruickshank. Même si l’on continua à faire venir du bétail au Canada, les règlements de quarantaine [V. Duncan McNab McEachran*] rendirent la situation instable. Les ports canadiens refusaient parfois le bétail provenant de Grande-Bretagne en raison d’éruptions de pleuropneumonie qu’on constatait sur les bateaux à l’arrivée. Pour aggraver la situation, les Américains, qui avaient souvent importé des animaux en passant par le Canada pour éviter leur entrée dans leur propre pays par les États de l’est où sévissait la maladie, hésitaient désormais à le faire. Pendant ce temps, les bestiaux issus de Grande-Bretagne pouvaient aisément entrer aux États-Unis, qui ne commencèrent à réglementer le commerce qu’en 1888. Comme résultat, Cruickshank se mit à traiter directement avec des acheteurs américains, faisant passer l’afflux de sa précieuse marchandise du Canada aux États-Unis. Il écrivit à Davidson en 1887 qu’aucune expédition au Canada ne pourrait se produire tant que les règlements gouvernementaux subsisteraient.
L’année suivante, Cruickshank décida de prendre sa retraite et vendit son cheptel. Il espérait que Davidson s’en porterait acquéreur. Ce dernier tenta de former un consortium à cette fin, mais les prix du bétail pur sang étaient faibles dans toute l’Amérique du Nord, et ses associés potentiels et lui conclurent que la transaction comportait un risque trop élevé. Si Davidson avait réussi cette acquisition, le meilleur cheptel de bovins de reproduction au monde se serait trouvé au Canada.
En 1891, on demanda à James Ironside Davidson de se présenter comme candidat libéral fédéral dans la circonscription d’Ontario South. Il entra à la Chambre des communes en mars et fit partie de l’opposition officielle du gouvernement de Wilfrid Laurier* pendant la première session parlementaire, après quoi l’élection dans Ontario South fut déclarée nulle ; il ne se représenta pas à l’élection partielle subséquente. Davidson mourut paisiblement dans sa ferme d’une pneumonie qui dura cinq jours. L’inhumation de sa dépouille eut lieu au cimetière presbytérien Burns dans la ville voisine d’Ashburn (Whitby). On peut voir son portrait au Kentucky Exposition Center de Louisville, qui abrite la collection de tableaux du Saddle and Sirloin Club de Chicago.
AO, F 1232 (Miller family fonds) ; RG 80-8-0-269, no 19175.— National Records of Scotland (Édimbourg), OPR Banns & Marriages, Monquhitter (Aberdeen), 15 juill. 1841 ; OPR Births & Baptisms, Monquhitter, 6 juin 1818 (accessible en ligne à www.scotlandspeople.gov.uk).— Univ. of Guelph Library, Arch. and Special Coll. (Ontario), XA1 MS A139001–12 (Miller-Davidson family coll.).— Canada, Parl., Doc. de la session, 1880, vol. 10 (rapport du ministre de l’Agriculture, 1879) : 138.— Amos Cruickshank, The Shorthorns of Scotland – Sittyton : letters of Amos Cruickshank, 1873 to 1891, with an appreciation by T. B. Marson (Édimbourg, 1948).— M. [E.] Derry, Ontario’s cattle kingdom : purebred breeders and their world, 1870–1920 (Toronto et Buffalo, N.Y., 2001), 19–20, 43, 46–47.— Farmer’s Advocate and Home Magazine (Winnipeg), 5 mars 1902.— Farming (Toronto), 14 (septembre 1896–août 1897) : 21, 24.— « Live stock notes », Canadian Breeder and Agricultural Rev. (Toronto), 2 (1885) : 615.— [J. W.] G. MacEwan, Highlights of Shorthorn history ([Guelph], 1982).— D. [McL.] Marshall, Shorthorn cattle in Canada ([Toronto], 1932).— A. H. Sanders, Red, white, and roan […] (Chicago, 1936) ; Short-horn cattle […] (Chicago, 1900).— « Thistle Ha’ : a national historic farm » : www.thistleha.com (consulté le 26 janv. 2017).
Margaret E. Derry, « DAVIDSON, JAMES IRONSIDE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/davidson_james_ironside_13F.html.
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Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
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