MILLER, ROBERT, éleveur et importateur de bétail, né le 15 juillet 1857 à Brougham (Pickering, Ontario), troisième fils de John Miller* et de Margaret Whiteside ; le 3 juin 1896, il épousa, dans le comté de Waukesha, Wisconsin, Josephine Baldwin Harding (décédée le 29 octobre 1918), et ils eurent un fils qui survécut, puis, vers 1921, la sœur de Josephine, Jessie M. Harding, de 27 ans sa cadette, et aucun enfant ne naquit de ce mariage ; décédé le 24 novembre 1935, avec sa seconde femme, quand leur voiture fut frappée par un train à Langstaff, Ontario ; ils furent inhumés deux jours plus tard à Stouffville, Ontario.

Robert Miller naquit dans une famille écossaise d’une importance exceptionnelle pour le milieu de l’élevage du bétail en Ontario. Les Miller avaient immigré du Dumfriesshire pour s’installer dans une région au nord-est de Toronto à partir de 1832. Le père de Robert, John, arriva en 1835 avec du bétail. L’année suivante, il exposa un taureau américain à la Provincial Exhibition de Toronto. Ainsi débuta un engagement de plusieurs générations dans l’achat et la vente d’animaux importés. Les moutons et les chevaux joueraient un rôle dans le commerce des Miller au fil des ans ; les bovins shorthorns furent cependant le moteur des affaires familiales, comme de toutes les entreprises d’importation de bétail en Ontario jusque dans les années 1920. En 1899, Robert dirait à des collègues éleveurs : « Mon père est venu ici il y a plus de 60 ans et a apporté des shorthorns avec lui à ce moment-là […] Je ne sais rien d’autre. »

Robert naquit dans la région de Brougham du canton de Pickering, probablement dans la ferme de son père, Thistle Ha’. Son intérêt pour le bétail de qualité se développa dès l’enfance ; à 10 ans, il exposa des moutons avec succès. Il fréquenta l’école locale et avait déjà terminé ses études à l’âge de 16 ans. Il se consacra alors à l’agriculture à plein temps en participant activement à l’entreprise de bétail de son père, John Miller and Sons, pour laquelle son frère aîné, William M., était acheteur en chef. Les Miller obtenaient des shorthorns d’éleveurs écossais importants tels que Sylvester Campbell et Amos Cruickshank. Des catalogues qui ont été conservés montrent que la société orchestrait des ventes de grande envergure ; des Américains d’aussi loin que l’Oregon venaient à Thistle Ha’ pour acheter du bétail. De nombreux fermiers de leur région partageaient l’intérêt des Miller pour l’importation d’animaux de race pure. Parmi ceux-ci se trouvaient James Ironside Davidson* et John Dryden*, avec lesquels la famille noua des liens commerciaux et personnels.

Robert fut effectivement responsable des opérations de l’entreprise quand William M. quitta la maison à la suite de son mariage avec Mary Ironside Davidson, en 1876. Après la mort prématurée de William M., dix ans plus tard, il assumerait également les fonctions d’acheteur en chef. Il effectua son premier voyage en Écosse pour John Miller and Sons en 1881. Un avis de décès noterait : « En peu de temps, sa sagesse dans la sélection d’animaux à des fins de reproduction au Canada lui fit une réputation dans les îles britanniques, en France et en Allemagne. » En 1920, quand il entreprit son dernier voyage, il avait déjà traversé l’Atlantique 25 fois pour acheter des shorthorns et d’autres animaux pour lui-même, la famille et des clients en Amérique du Nord, au Mexique, en Amérique centrale et en Amérique du Sud. Ses talents en matière de marchandisage contribuèrent à faire de Thistle Ha’ un centre d’activité encore plus important pour l’élevage du bétail et lui permirent également de négocier des ventes pour d’autres éleveurs. Ce fut lui, par exemple, qui persuada la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique d’acheter des taureaux de l’Ontario pour améliorer le bétail de l’Ouest. Le premier troupeau – quelque 70 têtes – fut expédié en 1898 ou 1899. Miller vendait des animaux avec facilité, mais il ne réussit pas toujours à obtenir des prix élevés pour le bétail importé ou élevé au pays. L’importation était onéreuse et il perdait souvent de l’argent. Même s’il avait tendance à se concentrer sur la vente aux fermiers, et non pas aux industriels qui se procuraient du bétail à haut prix comme passe-temps, il agissait à l’occasion au nom de ces riches éleveurs. En 1900, par exemple, Edwin Stewart Kelly, fabricant américain de pneus, lui demanda d’acquérir un troupeau de shorthorns en Grande-Bretagne sans imposer de limite de prix.

Les liens étroits des Miller avec des Américains favorisèrent les initiatives de commercialisation de Robert, comme l’illustrent bien les relations que la famille de George Harding, composée d’éleveurs de shorthorns et de moutons dans le Wisconsin, entretenait avec Thistle Ha’. À la fin du xixe siècle, George Harding était un agent pour de nombreux éleveurs américains et envoyait son fils Frank Waller à Thistle Ha’ plusieurs fois par année pour acheter des moutons et des shorthorns. Robert épousa la sœur de Frank Waller, Josephine Baldwin, en 1896, et le couple s’installa à Stouffville. Tout en exploitant sa propre ferme non loin de là, Burnbrae, Robert continua de travailler avec John Miller and Sons jusqu’à ce que l’entreprise ferme ses portes à la mort de son père, en 1904. Le lien avec les Harding accrut les activités de commercialisation de Robert sur la scène internationale, non seulement aux États-Unis, mais aussi à l’extérieur de l’Amérique du Nord, car Frank Waller, à titre de secrétaire de l’American Shorthorn Breeders’ Association à compter de 1913, passait beaucoup de temps à promouvoir la race au Mexique et en Amérique du Sud. Le voyage de Frank Waller en Argentine en 1914, par exemple, eut pour résultat la nomination de Robert comme juge de moutons à l’exposition de Palermo, à Buenos Aires, en 1916. Robert avait aussi acheté du bétail pour Porfirio Díaz, président du Mexique pendant longtemps ; en 1902, il fut nommé membre à vie de l’Association des éleveurs de bétail du Mexique. Il encouragea la vente d’animaux canadiens dans ces pays.

En plus du bétail, Miller éleva des chevaux (des clydesdales et des hackneys) et différentes races de moutons au cours de sa vie. Il importa probablement plus de moutons au Canada que quiconque. Après sa mort, en 1935, Duncan McLean Marshall*, collègue éleveur de shorthorns et ministre ontarien de l’Agriculture à l’époque, dirait que « toutes les bonnes bêtes des champs éveillaient son intérêt, mais les shorthorns et les moutons étaient une passion ». Dans les dernières années de sa vie, quand une maladie causée par des vers intestinaux ravagea ses troupeaux de moutons, il se concentra davantage sur son cheptel de shorthorns. Comme passe-temps, il gardait des poneys et en faisait l’élevage. Il fut le premier Canadien à importer des poneys welsh mountain et il lança le croisement welsh hackney. Il possédait également quelques shetlands comme animaux de compagnie.

Parmi les réalisations les plus importantes de Miller, en ce qui a trait à l’histoire de l’élevage du bétail au Canada, figurent ses efforts inlassables et fructueux en vue de réduire les tarifs ferroviaires de transport du bétail pure race dans les années 1890 et au début du xxe siècle. Ses tentatives pour augmenter les tarifs pour les animaux croisés, et ainsi restreindre l’importation du bétail de qualité inférieure, furent aussi marquantes. Il entreprit de mettre la réglementation tarifaire canadienne en perspective pour le compte des associations d’éleveurs en expliquant leur contexte historique. En 1904, il soutint le plan controversé de nationaliser tous les livres de généalogie des animaux du pays, qui, jusque-là, avaient été maintenus par divers départements gouvernementaux provinciaux et organismes privés, et de les centraliser dans un bureau à Ottawa. Son autorisation était cruciale pour obtenir un changement d’attitude de la part des éleveurs. À cause de la peur du contrôle gouvernemental de leurs affaires, beaucoup d’entre eux s’opposèrent à cette idée. Le respect dont Miller faisait l’objet dans l’industrie de l’élevage les assura qu’aucune interférence n’en résulterait. Le ministre fédéral de l’Agriculture, Sydney Arthur Fisher*, les rassura également sur ce point au cours des réunions tenues en 1905 pour établir la nouvelle entité : le Bureau canadien national de l’enregistrement des animaux. L’opposition persista tout de même.

Miller se répandit en injures contre les règlements mis en vigueur pour limiter l’entrée au Canada de bétail tuberculeux. Comme beaucoup d’autres, dont John Dryden, il soutenait que le test de tuberculine obligatoire – et d’une imprécision notoire – introduit en 1894 par l’inspecteur vétérinaire en chef, Duncan McNab McEachran*, détruirait le commerce d’importation. En 1899, il déclara que si ces règlements n’étaient pas révoqués, il émigrerait aux États-Unis. (Ni l’une ni l’autre situation ne se produisit.) Il s’échauffa particulièrement, cette année-là, parce qu’on ordonna d’abattre des animaux qu’il avait importés en 1898, même si les résultats des tests n’étaient pas clairs et qu’il ne reçut aucune compensation.

Robert Miller fut actif au sein de nombreuses organisations d’éleveurs de bétail au fil des ans. Il devint président de la Dominion Sheep Breeders’ Association, de la Canadian Hackney Horse Society et de la Dominion Short-horn Breeders’ Association. Il fut aussi membre du conseil de direction de la Clydesdale Horse Association of Canada et de l’Ontario Horse Breeders’ Association. Il présida le conseil d’administration des Canadian National Live Stock Records à deux reprises (de 1905 à 1909 et en 1924–1925) et assura également la présidence du comité des registres nationaux pendant une période critique. L’un des directeurs de la Toronto Industrial Exhibition (renommée Canadian National Exhibition en 1912) de 1902 à 1923, il en devint le premier président fermier en 1923 ; il fut aussi le premier président non domicilié à Toronto, « honneur inhabituel » selon un journal local. Il siégea au conseil d’administration de l’International Live Stock Exposition à Chicago un certain nombre d’années, et fut membre de l’American Shorthorn Breeders’ Association et de l’American Clydesdale Association. Son affection particulière pour les shorthorns dura jusqu’à ses derniers jours. Il mourut pendant un voyage au cours duquel il devait visiter une exposition de shorthorns à la Royal Agricultural Winter Fair à Toronto.

Margaret E. Derry

Robert Miller a été intronisé au Temple canadien de la renommée agricole en 1980. Son portrait est accroché dans la galerie du temple, au National Trade Centre de Toronto. La ferme Thistle Ha’, où il a vécu pendant environ 40 ans, a été déclarée bien patrimonial de l’Ontario en 1977 et site historique national en 1979.

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Margaret E. Derry, « MILLER, ROBERT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/miller_robert_16F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2016
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