DAVIDSON, GORDON CHARLES, historien, professeur, officier et auteur, né le 8 août 1884 à Union, comté d’Elgin, Ontario, un des huit enfants de James Davidson, fermier et forgeron, et de Jane Grant ; décédé célibataire, par suicide, le 30 mai 1922 à Vancouver.
Gordon Charles Davidson s’installa en Colombie-Britannique dès son jeune âge. En 1906, il obtint un diplôme de premier cycle de la University of Toronto en suivant des cours hors faculté par l’entremise du Columbian Methodist College de New Westminster, où avaient enseigné deux de ses frères. Resté dans l’Ouest pour continuer ses études, il termina en 1908 une maîtrise en histoire à la University of California à Berkeley. Son mémoire portait sur les manuscrits de la collection Bancroft relatifs à la Colombie-Britannique. Après trois ans d’enseignement secondaire en Californie, il retourna faire son doctorat à Berkeley. Il passa l’année 1914–1915 en Angleterre grâce à une bourse de voyage et reçut son doctorat en philosophie en 1916. Sa thèse sur la traite des fourrures dans l’Ouest canadien s’appuyait sur des recherches exhaustives dans des archives canadiennes, britanniques et californiennes. Elle parut deux ans plus tard à Berkeley sous le titre The North West Company.
Principale œuvre d’érudition accomplie par Davidson au cours de sa brève carrière, The North West Company raconte en détail l’histoire de cette compagnie de traite à compter de sa formation à la fin du xviiie siècle [V. Simon McTavish*] jusqu’à sa fusion avec la Hudson’s Bay Company en 1821 [V. Simon McGillivray*]. Selon l’historien et auteur Lawrence Johnson Burpee*, cette première étude universitaire consacrée à la compagnie elle-même est « un excellent ouvrage, savant, appliqué, précis et en même temps d’une lecture aisée ». Son plus grand mérite, notait Burpee, était peut-être de présenter une profusion de renseignements de première main qui ne s’étaient encore jamais trouvés dans une publication.
Par sa prédilection pour la recherche dans les sources de première main, Davidson incarnait les idéaux d’une nouvelle génération d’historiens canadiens professionnels, formés à l’université. Dans le programme américain d’études supérieures qu’il avait suivi, la recherche – prémisse de la profession naissante d’historien – comptait davantage que dans les programmes canadiens et britanniques. En outre, la perspective dans laquelle il avait écrit The North West Company dénotait des influences américaines. À Berkeley, il avait été séduit par l’enseignement de Herbert Eugene Bolton, qui défendait une approche hémisphérique, mettait l’accent sur les forces matérielles et affirmait que le « mouvement vers l’Ouest » déterminait l’histoire du continent. Aussi ne retrouve-t-on pas, chez Davidson, deux des traits alors dominants dans l’historiographie de son pays, à savoir l’insistance sur le politico-constitutionnel et sur le centre du Canada.
La Première Guerre mondiale allait interrompre la carrière prometteuse de Davidson. Il s’était enrôlé dans le 196th (Western Universities) Battalion à Vancouver en juin 1916 et, pendant qu’il était outre-mer, il fut nommé lieutenant en premier dans le 1st Canadian Mounted Rifles Regiment. Il se distingua bientôt au combat sur le front de l’Ouest et reçut la Croix militaire à la bataille de Passchendaele en octobre 1917. Gravement blessé à la tête (fracture du maxillaire droit causée par un éclat), il passa six mois à l’hôpital. Démobilisé le 31 mars 1919, Davidson finit par reprendre sa vie professionnelle : en 1921, il obtint un poste temporaire à la University of British Columbia (où son frère James Grant Davidson était professeur adjoint de physique). Cependant, la guerre, qui avait tué deux de ses frères, étendait toujours son ombre sur lui. Au bout de quelques mois, les contraintes de l’enseignement pesaient lourd sur sa psyché, fragilisée par sa blessure et par les combats en France et en Belgique, et l’université l’informa que son engagement ne serait pas renouvelé. Le 30 mai 1922, en faisant ses bagages pour retourner à la ferme paternelle à Union, il se donna la mort avec son revolver de l’armée.
S’il avait vécu, Gordon Charles Davidson aurait sans doute contribué de manière importante à l’historiographie canadienne, et surtout britanno-colombienne. Cet habitué des fonds d’archives, qui était attaché à l’idéal de la recherche et avait été exposé aux plus récentes tendances historiographiques de l’Ouest américain, fut l’un des premiers historiens universitaires à réaliser une analyse savante sur l’Ouest canadien.
Gordon Charles Davidson est l’auteur de The North West Company (Berkeley, Calif., 1918 ; réimpr., New York, 1967), ouvrage qui repose sur sa thèse de doctorat, du même titre, présentée à la Univ. of California, de Berkeley, en 1916. Les notes qu’il a prises pour rédiger sa thèse et une copie de son « Report on the manuscripts on British Columbia in the Bancroft collection [...] » (thèse de m.litt., Univ. of California, 1908) se trouvent à la Bancroft Library, Univ. of California.
AO, RG 80-2-0-211, no 6046.— BAC, RG 31, C1, 1891, Yarmouth, Ontario ; RG 150, Acc. 1992–93/166, boîte 2319-49.— Univ. of B.C. Library, Univ. Arch. (Vancouver), President’s office, corr. ; W. N. Sage, boxes 32–39 (misc. corr.).— Vancouver Daily Province, 3 juin 1922.— Vancouver Sun, 31 mai, 1er juin 1922.— World (Vancouver), 31 mai 1922.— L. J. Burpee, « The North West Company [...] », CHR, 1 (1920) : 71–74.
Chad Reimer, « DAVIDSON, GORDON CHARLES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/davidson_gordon_charles_15F.html.
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Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
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