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McGILLIVRAY, SIMON, homme d’affaires, né vers 1783, ou plus probablement en 1785, dans la paroisse de Dunlichty, Inverness-shire, Écosse, fils de Donald McGillivray et d’Anne McTavish ; le 23 novembre 1837, il épousa Ann Easthope, et ils eurent deux filles, dont l’une posthume ; décédé le 9 juin 1840 à Blackheath (Londres).
Fils d’un pauvre tenancier du domaine de Clovendale, Simon McGillivray bénéficia, à l’instar de ses frères aînés William* et Duncan*, de l’aide de son oncle maternel Simon McTavish*, qui prit en charge son instruction. En raison d’une infirmité qu’il avait à un pied, au lieu de venir au Canada et d’être soumis au même type d’apprentissage que ses deux frères, il travailla pour la firme McTavish, Fraser and Company de Londres. McTavish avait créé cette entreprise dans le but de porter les profits de la North West Company au plus haut niveau possible ; elle devait ravitailler la compagnie montréalaise en produits de traite, lui procurer le crédit dont elle avait besoin, assurer ses cargaisons et écouler ses pelleteries au prix le plus avantageux sur le marché de Londres.
À la mort de son oncle en 1804, McGillivray hérita de £500. L’année suivante, il devint l’un des associés de la McTavish, Fraser and Company qui lui attribua une action sur un total de neuf ; en 1808, il s’en vit octroyer une seconde. En 1811, on le promut associé de la McTavish, McGillivrays and Company (l’ancienne McTavish, Frobisher and Company), qui détenait déjà quatre des neuf actions de la McTavish, Fraser and Company et qui, par le fait même, accrut aux deux tiers sa participation dans l’entreprise. McGillivray était venu à Montréal à l’occasion de la mort de son oncle. Au cours des années qui suivirent, son expérience des affaires de la compagnie augmenta rapidement. En plus de son rôle dans les transactions ordinaires de l’entreprise, il fut mêlé aux négociations concernant l’obtention d’une charte pour la North West Company et aux démarches de William en vue de s’assurer dans une certaine mesure la haute main sur l’actif de la Hudson’s Bay Company. Lorsque lord Selkirk [Douglas*] tourna cette dernière tentative à son profit et annonça sa ferme intention d’établir une colonie sur les bords de la rivière Rouge, on chargea Simon de monter une campagne de presse en Angleterre contre le colonisateur, mais il n’eut pas de succès. Aux hivernants de la North West Company, il écrivit : « on doit le [Selkirk] forcer à l’abandonner [son projet de colonisation], car s’il réussit c’est l’existence même de notre commerce qui est mise en danger ». En 1814, au moment de la réorganisation de la McTavish, McGillivrays and Company, McGillivray, qui était venu à Montréal pour la circonstance, apparut avec ses trois actions comme l’héritier présomptif de son frère William ; avec celui-ci, il était le seul représentant légitime de la North West Company en Angleterre. Dans la McTavish, Fraser and Company où il travaillait quotidiennement, son autorité n’avait cessé de croître, alors que celle de son parent John Fraser, expert financier de la compagnie à l’époque de McTavish, s’était émoussée peu à peu. Depuis septembre 1808, l’entreprise londonienne ne comptait plus aucun étranger dans ses rangs.
C’est de Londres surtout et dans le cadre des activités de la McTavish, Fraser and Company que McGillivray se trouva à participer, pendant longtemps sans vraiment en saisir la signification, à l’émergence et à l’approfondissement d’une crise au sein de la North West Company. Mais à mesure que s’intensifiait la lutte contre Selkirk et la Hudson’s Bay Company, et que se poursuivait la baisse des profits, il devenait impossible de ne pas acquérir le sentiment de la fragilité des choses. En octobre 1820, William McGillivray s’était enfin rendu compte de la gravité de la situation. Dès lors, le rôle de Simon devint prépondérant : la solution qu’il découvrit avec l’aide d’Edward Ellice* consistait en la fusion des deux grandes compagnies de pelleteries. Plus tard, il écrivit : « en décembre 1820, j’entamai des négociations avec la Hudson’s Bay Company dans le but d’en arriver à une organisation générale qui reposerait sur une base nouvelle ; grâce à la collaboration de mon ami M. Ellice, un accord fut conclu au bout de trois mois ». Colin Robertson notait en janvier 1821 à propos des deux hommes engagés dans les pourparlers au nom de la North West Company : « Je préfère Simon à son ami, membre de la chambre des Communes ; il y a chez ce petit homme cette fierté des Highlanders et une franchise qui me plaisent. » À la fin de mars, l’union des deux grands concurrents était réalisée. Le 27 mai, Simon était à Montréal afin de promouvoir l’acceptation des ententes. Accompagné de William, il quitta Montréal le 12 juin pour aller au fort William (Thunder Bay, Ontario) afin d’y rencontrer les associés de la North West Company. Sa mission accomplie, il partit le 21 juillet pour la baie d’Hudson. Le 12, Robertson avait écrit : « Simon McGillivray a mené les choses sans rencontrer la moindre opposition. Le premier jour, il a ouvert les discussions, le deuxième jour on signait l’acte et la décharge et le troisième jour tout n’était plus que paix et harmonie. » Malgré un semblant d’équilibre à l’intérieur de la nouvelle organisation, et malgré la présence de William et de Simon au sein du comité conjoint, la situation ne cessa de se détériorer jusqu’à la disparition de la McTavish, McGillivrays and Company en 1822, sa renaissance cette année-là sous le nom de McGillivrays, Thain and Company et finalement la faillite de 1825.
On peut sans doute s’interroger sur le rôle de Simon McGillivray dans toute cette affaire. Toutefois, il est certain qu’Ellice fut l’un des principaux bénéficiaires de ces transactions. Depuis l’époque de la Révolution américaine, la famille Ellice s’était davantage intéressée à la traite dans le Sud-Ouest, mais elle avait probablement aspiré à maîtriser les richesses du Nord-Ouest. Il ne serait pas surprenant que le dénouement de la crise ait été en partie le résultat d’une longue et patiente recherche de la part de cette famille pour s’assurer la suprématie dans l’économie des pelleteries.
La carrière de Simon McGillivray ne prit pas fin pour autant. En 1829, l’United Mexican Mining Association de Londres le choisit pour participer à la réorganisation administrative de ses mines d’argent. En 1835, de retour de Mexico, il devint l’un des propriétaires du Morning Chronicle and London Advertiser. En 1837, il épousa la fille aînée de son associé John Easthope. Lorsqu’il mourut en 1840, il était encore grand maître provincial de la loge maçonnique du Haut-Canada, poste qu’il occupait depuis 1822.
Les Bourgeois de la Compagnie du Nord-Ouest (Masson).— Docs. relating to the NWC (Wallace).— Innis, Fur trade in Canada (1962).— E. A. Mitchell, Fort Timiskaming and the fur trade (Toronto et Buffalo, N.Y., 1977).— Rich, Fur trade (1967).— J. R. Robertson, The history of freemasonry in Canada from its introduction in 1749 [...] (2 vol., Toronto, 1899).— M. [E.] Wilkins Campbell, McGillivray, lord of the northwest (Toronto, 1962) ; Northwest to the sea ; a biography of William McGillivray (Toronto et Vancouver, 1975).— Wallace McLeod, « Simon McGillivray (ca 1785–1840) », Ars Quatuor Coronatorum (Margate, Angl.), 96 (1983) : 1–35.
Fernand Ouellet, « McGILLIVRAY, SIMON », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/mcgillivray_simon_7F.html.
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Auteur de l'article: | Fernand Ouellet |
Titre de l'article: | McGILLIVRAY, SIMON |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1988 |
Année de la révision: | 1988 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |