DARLINGTON, WILLIAM, forgeron et dirigeant syndical, né en 1855 à Birmingham, Angleterre ; décédé célibataire le 9 mars 1913 à Montréal, et inhumé le 11 dans la même ville.

Peu après son arrivée au Canada en 1886, William Darlington s’engage activement dans le syndicalisme montréalais. Il milite chez les Chevaliers du travail, [V. Olivier-David Benoît*], où il compte parmi les organisateurs d’une manifestation tenue en 1888 pour protester contre la politique d’immigration du gouvernement fédéral. Il est aussi l’un des fondateurs de l’Association de défense des locataires, qui réclame pour ceux-ci le droit de vote aux élections municipales, mesure très attendue des syndicats montréalais. Il devient maître-ouvrier (président) de l’assemblée Dominion no 2436 des Chevaliers du travail en 1889 et remplit cette charge jusqu’en 1891. À ce titre, il représente son organisation à l’assemblée de district no 2 de la ville de Montréal.

Délégué au Congrès des métiers et du travail du Canada à plusieurs reprises de 1889 à 1899 et membre durant quelques années de son comité législatif pour le Québec, Darlington joue un rôle très actif pendant les réunions. Il présente notamment des propositions en faveur de la création d’écoles techniques, de la journée maximale de travail de huit heures dans les travaux publics, de la nomination d’un gouverneur général issu du Canada, et de l’interdiction aux municipalités désireuses d’attirer des manufactures d’offrir des primes ou des exemptions fiscales. À l’occasion d’une intervention en 1889, il plaide pour une mesure controversée au Québec, soit l’établissement d’un système scolaire gratuit, obligatoire et non confessionnel pour tous les enfants.

Ayant probablement subi l’influence des idées socialistes en Angleterre, Darlington appuie en 1889 une proposition d’un délégué au Congrès des métiers et du travail du Canada visant la formation d’un parti politique indépendant, voué à la défense des intérêts des travailleurs. Selon Darlington, ce troisième parti serait un levier qui permettrait d’adopter les réformes souhaitées par les travailleurs, car les deux partis traditionnels ne s’en occupent pas. La proposition est adoptée mais rien de concret n’est fait à Montréal pour sa mise en pratique. En 1894, Darlington croit que l’action de représentation exercée par le Congrès des métiers et du travail du Canada auprès du gouvernement est une perte de temps et qu’il vaudrait mieux que l’organisme se concentre sur l’action politique.

Fidèle à ses principes, Darlington met sur pied avec Richard J. Kerrigan, lui aussi un ouvrier d’origine britannique, le premier groupe socialiste à Montréal. Il s’agit d’une cellule du Parti socialiste ouvrier des États-Unis, que dirige alors Daniel De Leon. En 1894, le jour de la Fête du travail, Darlington et Kerrigan distribuent leur manifeste aux travailleurs. Ils y allèguent que « l’appropriation par des particuliers des sources naturelles de production et des instruments du travail est la cause indiscutable de toute servitude économique et de toute dépendance politique ». Cinq ans plus tard, avec notamment Joseph-Alphonse Rodier*, Darlington est membre du comité d’organisation du Parti ouvrier à Montréal, dont le programme s’avère cependant plus modéré.

À la fin du siècle, William Darlington quitte les Chevaliers du travail au moment où leur popularité s’effrite à Montréal. Délégué en 1899 à la réunion du Congrès des métiers et du travail du Canada, il propose même une résolution visant à exclure les assemblées « parce qu’elles n’exist[ent] que de nom et qu’elles jet[tent] le discrédit sur les corps ouvriers canadiens ». En laissant les Chevaliers du travail, il va rejoindre le syndicat de son métier, le Journeymen Horseshoers’ International Union of America, auquel il demeure fidèle jusqu’à son décès. Pendant les dernières années de sa vie, il se tient toutefois à l’écart des fonctions de direction.

Jacques Rouillard

AC, Montréal, État civil, Anglicans, Grace Anglican Church (Montréal), 11 mars 1913.— Le Canada (Montréal), 11 mars 1913.— Montreal Daily Star, 31 août 1889, 10 mars 1913.— La Patrie, 22 sept. 1899, 10 mars 1913.— La Presse, 2 oct. 1899.— Congrès des métiers et du travail du Canada, Délibérations de la session annuelle ([Montréal, et autre lieux, 5 (1889) ; 6 (1890) ; 16 (1900).— Eugene Forsey, Trade unions in Canada, 1812–1902 (Toronto, 1982).— Le Réveil (Montréal), 8 sept. 1894.— Jacques Rouillard, « l’Action politique ouvrière au début du 20e siècle », dans le Mouvement ouvrier au Québec, sous la dir. de Fernand Harvey (Montréal, 1980), 185–213.

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Jacques Rouillard, « DARLINGTON, WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/darlington_william_14F.html.

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Auteur de l'article:    Jacques Rouillard
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
Année de la révision:    1998
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