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CROIL, JAMES, fermier, agent ecclésiastique, auteur, historien et rédacteur en chef de périodiques, né le 4 septembre 1821 à Glasgow, fils de James Croil et d’une dénommée Richardson ; le 8 juin 1847, il épousa à Halifax Christina Elizabeth Richardson, sœur de la femme de son frère aîné William Richardson Croil, et ils eurent cinq enfants, dont deux moururent avant lui ; décédé le 28 novembre 1916 à Montréal.
Troisième garçon d’une famille de dix enfants, James Croil était le fils d’un riche marchand qui faisait du commerce avec les Antilles. Il fit d’abord ses études à Glasgow, à Édimbourg et à Sunderland, dans le comté de Durham. En 1838–1839, il fréquenta la University of Glasgow. Puis il travailla un petit moment dans une maison de commerce de Glasgow avant d’être placé chez son oncle, dans le comté d’East Lothian, pour apprendre l’agriculture. Il passa une bonne partie de son temps à cet endroit à faire des travaux de charpentier et de forgeron.
Pendant l’été de 1841, James Croil alla rejoindre son frère William Richardson, qui cultivait la terre dans une île du Saint-Laurent, l’île Stacey (île Croil, État de New York). Au bout de deux ans, il retourna en Écosse pour acheter une ferme, mais, n’en ayant pas trouvé à son goût, il retourna chez son frère en 1844. En 1845, il acheta la ferme de John Crysler* dans le Haut-Canada, propriété où avait eu lieu une fameuse bataille en 1813 [V. Joseph Wanton Morrison*]. Comme elle était louée pour deux ans, il parcourut entre-temps les vallées de l’Ohio et du Mississippi. En 1847, une fois établi dans sa propriété, il devint conseiller presbytéral de l’Église presbytérienne du Canada, affiliée à l’Église d’Écosse, et épousa Christina Elizabeth Richardson, fille de Matthew Richardson, de Halifax, qui était peut-être l’oncle de sa mère. Il avait probablement reçu un gros héritage de sa propre famille, car il versa 6 000 $ comptant pour sa propriété de 500 acres. En 1855, il se fit construire une maison d’après des plans de l’architecte George Browne*. Selon son propre témoignage, il avait « une résidence digne d’un duc, bientôt [...] entourée de plantations, de vergers, de jardins et de massifs d’arbustes ». Il fabriqua bon nombre de ses instruments aratoires, mais, de son propre aveu, il n’était pas un « vrai fermier ». Toujours en 1855, il loua sa terre et se consacra à d’autres occupations, par exemple la fabrication de meubles pour sa maison.
Croil n’avait manifesté ni les aptitudes ni la force physique nécessaires pour être fermier, mais il fit en 1857 un voyage en mer qui le revigora. En 1860, il participa à une tournée de collecte pour renflouer le Fonds des biens temporels de l’Église presbytérienne [V. William Snodgrass*] ; l’année suivante, il répéta l’expérience. Ces tournées permirent de récolter près de 30 000 $. Cinq ans plus tard, le fonds eut besoin d’être regarni, et Croil devint l’agent financier de son Église dans le Haut et le Bas-Canada. En l’espace de 16 mois, il parcourut plus de 12 000 milles et visita 126 assemblées de fidèles. De 1865 à 1874, l’Église recueillit 120 000 $ pour le Fonds des biens temporels, le Fonds des missions intérieures et le Fonds de secours pour le clergé pauvre. En 1865, Croil publia un compte rendu de ses tournées ; encore aujourd’hui, ce document constitue une source précieuse de renseignements sur l’histoire de l’Église presbytérienne.
En 1867, en raison de ses qualités d’administrateur, Croil fut nommé secrétaire-trésorier du conseil qui gérait les 450 000 $ d’actif du Fonds des biens temporels. Après s’être installé à Montréal en 1869 et avoir vendu sa ferme l’année suivante, il se consacra de plus en plus aux affaires de l’Église. Durant sept ans, il fut surintendant de l’école du dimanche à l’église St Paul et président de la Sabbath School Association de Montréal. À compter de 1870, il publia régulièrement, dans le mensuel de l’Église, le Presbyterian, un compte rendu des pourparlers sur la fusion des quatre Églises presbytériennes du Canada. Selon Snodgrass, directeur du Queen’s College de Kingston, en Ontario, ce fut « peut-être plus [grâce à Croil] qu’à aucune autre personne » si les négociations portèrent fruit en 1875.
En octobre 1872, Croil avait succédé à Douglas Brymner* en tant que rédacteur en chef du Presbyterian. En 1876, après la fusion des revues des quatre Églises presbytériennes, il devint directeur administratif du nouveau périodique, le Presbyterian Record. Lorsqu’il quitta la direction 16 ans plus tard, le Presbyterian Record tirait à 46 000 exemplaires, ce qui était plus que toute autre publication confessionnelle au Canada.
En 1873 et en 1876, à la suite de feu son frère William Richardson, Croil était devenu successivement secrétaire et trésorier du Fonds des veuves et orphelins des ministres, mais il abandonna ces fonctions en quittant la direction du Record. À cause de ses compétences comme dirigeant et de son sens des affaires, il fut nommé vice-président de l’Association des commis voyageurs de la Puissance et agent de la Scottish Provident Institution (mutuelle d’assurance-vie), et il appartint pendant une courte période au conseil d’administration de la Banque consolidée du Canada.
Croil aimait voyager, et ses fonctions au sein de l’Église l’appelaient souvent à l’étranger. Il fut délégué à des assemblées de l’Église d’Écosse en 1875, de l’Église libre d’Écosse en 1879 ainsi que de l’Église presbytérienne des États-Unis et de l’Église presbytérienne unie de l’Amérique du Nord en 1876. Il fut également délégué à l’Alliance of Reformed Churches holding the Presbyterian System lorsqu’elle se réunit à Édimbourg en 1877, à Philadelphie en 1880, à Belfast en 1884 et à Washington en 1899. Enfin, il fut délégué au Raikes Centenary Sabbath School Convention à Londres en 1880 ainsi qu’à la conférence générale de l’Evangelical Alliance à Copenhague en 1884. En outre, il fit plusieurs voyages d’agrément en Grande-Bretagne et sur le continent européen. En 1886–1887, il parcourut l’Allemagne, la Suisse, la France et l’Italie. Il a raconté ce voyage dans des lettres publiées dans le Presbyterian Record du mois d’août 1886 au mois de décembre 1887 ainsi que dans une série d’articles intitulée « Editorial brieflets », qui parut dans le Record de janvier à décembre 1889 et de mars à novembre 1890. Il visita Saint-Pétersbourg et Moscou en 1893. Au retour de l’assemblée générale de l’Église presbytérienne à Vancouver en 1903, il se rendit au Japon. L’année suivante, à l’âge de 83 ans, il fit un voyage en Belgique, en Allemagne et en Scandinavie.
James Croil aimait écrire depuis son enfance, et il devint un historien amateur prolifique et accompli. Encouragé par le révérend Alexander Ferrie Kemp*, il composa sur le comté de Dundas un manuscrit qui remporta le prix du meilleur rapport d’un comté haut-canadien à un concours tenu en 1859. Deux ans plus tard, après avoir remanié le texte, il le publia sous le titre de Dundas ; or, a sketch of Canadian history. Encore aujourd’hui, on considère cet ouvrage comme l’un des meilleurs documents d’histoire de comté produits au Canada au xixe siècle. En outre, Croil publia notamment des rapports sur les affaires ecclésiastiques, une biographie du révérend Alexander Mathieson* et des ouvrages d’histoire de l’Église et des missionnaires presbytériens. Il écrivit aussi un livre sur la navigation à vapeur. Son autobiographie parut après sa mort. Son apport à l’Église presbytérienne est cependant plus remarquable encore que son œuvre littéraire. Laïque au service de l’Église (ce qui n’était pas courant au xixe siècle), il n’aurait sans doute pas pu en faire autant pour elle si sa fortune personnelle n’avait pas suppléé son maigre salaire de rédacteur en chef et d’agent ecclésiastique.
James Croil est l’auteur des ouvrages suivants : Dundas ; or, a sketch of Canadian history, and more particularly of the county of Dundas, one of the earliest settled counties in Upper Canada (Montréal, 1861) ; A historical and statistical report of the Presbyterian Church of Canada, in connection with the Church of Scotland, for the year 1866 (Montréal, 1867 ; 2e éd., 1868) ; Life of the Rev. Alex. Mathieson, D.D., minister of St Andrew’s Church, Montreal [...] (Montréal, 1870) ; The missionary problem : containing a history of Protestant missions in some of the principal fields of missionary enterprise ; together with a historical and statistical account of the rise and progress of missionary societies in the nineteenth century (Toronto, 1883) ; The noble army of martyrs and roll of Protestant missionary martyrs from A.D. 1661 to 1891 (Philadelphie, 1894) ; Steam navigation and its relation to the commerce of Canada and the United States (Toronto et Montréal, 1898 ; réimpr., Toronto, 1973) ; Jubilee report of the Ministers’ Widows’ and Orphans’ Fund of the synod of the Presbyterian Church of Canada, in connection with the Church of Scotland ([Montréal, 1899]) ; Historical report of the administration of the Temporalities’ Fund of the Presbyterian Church of Canada, in connection with the Church of Scotland, 1856–1900 (Montréal, 1900) ; Genesis of churches in the United States of America, in Newfoundland and the Dominion of Canada (Montréal, 1907) ; A souvenir (Montréal, 1910) ; Gleanings from the nineteenth century (Montréal, 1913) ; Life of James Croil, Montreal : an autobiography, 1821–1916 (Montréal, 1918). Croil a aussi rédigé de nombreux articles dont « Pioneer work and workers in each of the provinces », en collaboration avec R. Murray et al., dans Historic sketches of the pioneer work and the missionary, educational and benevolent agencies of the Presbyterian Church in Canada (Toronto, 1903), 9–28, et d’autres dans les revues montréalaises Presbyterian et Presbyterian Record, dont il fut rédacteur en chef d’octobre 1872 à 1875 et de 1876 à 1891, respectivement.
AC, Montréal, État civil, Presbytériens, St Paul’s Church (Montréal), 29 nov. 1916.— AN, MG 29, D61 : 1999–2013.— EUC-C, Biog. file ; Fonds 3070.— Gazette (Montréal), 29, 30 nov. 1916.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898 et 1912).— The matriculation albums of the University of Glasgow from 1728 to 1858, W. I. Addison, compil. (Glasgow, 1913).— N.S. vital statistics, 1835–1839 ; 1844–1847 (Holder).— « The passing of James Croil, former editor of the Record », Presbyterian Record, 42 (1917) : 3.— Margaret Ray, « Two manuscripts of James Croil », EUC, Committee on Arch., Bull. (Toronto), no 6 (1953) : 20–26.— Standard dict. of Canadian biog. (Roberts et Tunnell), 2.
John S. Moir, « CROIL, JAMES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/croil_james_14F.html.
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Auteur de l'article: | John S. Moir |
Titre de l'article: | CROIL, JAMES |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1998 |
Année de la révision: | 1998 |
Date de consultation: | 2 décembre 2024 |