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CRÉPEAU, AURÉLIE (baptisée Aurélie-Éléonore), dite mère Youville, institutrice, fondatrice et supérieure des Sœurs grises nicolétaines, née le 30 mars 1833 à Sorel, Bas-Canada, fille de Médard Crépeau, boucher, et de Geneviève Hus-Lemoine ; décédée le 21 décembre 1910 à Nicolet, Québec.
Septième enfant d’une famille de 13, Aurélie Crépeau étudie chez les religieuses de la Congrégation de Notre-Dame à Berthier (Berthierville, Québec). Par la suite, elle enseigne en milieu rural dans sa campagne natale. Pierre-Cyrille Lemoyne, son cousin et ancien élève, la décrit ainsi : « Physionomie ouverte, traits fins et délicats, manières affables, caractère gai, spirituel et franc comme l’or, dons de conquête, en somme utilisés avec sagesse. »
À 26 ans, Aurélie Crépeau opte pour la vie religieuse et entre chez les Sœurs de la charité de Saint-Hyacinthe le 26 mai 1859. Elle fait sa profession deux ans plus tard sous le nom de sœur Youville. Elle devient sœur grise selon le nom populaire donné à la communauté fondée à Montréal en 1737 par Marie-Marguerite d’Youville [Dufrost*]. La communauté qui œuvre à Saint-Hyacinthe depuis 1840 est autonome et poursuit les traditions de la maison mère. Sœur Youville participe dès lors aux multiples labeurs reliés au service des pauvres et remplit la fonction d’annaliste de la communauté. Ce n’est pas une sinécure. Pour faire l’histoire de l’institution, elle ne peut s’appuyer sur aucun document d’archives. Ceux-ci, empruntés par l’évêque de Montréal, Mgr Ignace Bourget*, pour une étude, sont disparus dans l’incendie de l’évêché en 1852. En plus de cette tâche, sœur Youville s’acquitte de celle de conseillère, puis de secrétaire générale de 1869 à 1886.
En 1886, Mgr Elphège Gravel, premier évêque du nouveau diocèse de Nicolet, demande des sœurs grises pour ouvrir un sillon de charité qu’il veut autonome dès son tout début. L’entreprise est attirante, contestée, acceptée. Elle signifie le détachement définitif du foyer de formation religieuse. L’évêque de Saint-Hyacinthe, Mgr Louis-Zéphirin Moreau, choisit sœur Youville pour fonder et diriger cette nouvelle communauté et lui adjoint trois religieuses pour la seconder.
Mère Youville arrive à Nicolet dans une pauvreté totale. L’un des premiers dons qu’elle reçoit consiste en sept sous que lui offre une pauvresse. Mgr Graves, le promoteur de l’œuvre, essaie de recruter des bienfaiteurs pour aider les religieuses. Il va même jusqu’en France pour rapatrier l’abbé Jules Paradis, qui offre le don substantiel qui permet d’entreprendre la construction du premier Hôtel-Dieu. Ce dernier sera l’un des premiers occupants de l’hôpital en 1889, et il y mourra l’année suivante.
En 1889, l’hôpital, qui accueille aussi des vieillards, des pauvres et des orphelins, reçoit ses 26 premiers occupants. De son côté, le noviciat est déjà fondé. Il assure la relève dans la communauté. En 1893, mère Youville peut même se permettre d’envoyer des religieuses chez les Pieds-Noirs, au sud de ce qui deviendra l’Alberta, afin de seconder le père Albert Lacombe* ; elles y ouvriront deux écoles-pensionnats et un hôpital.
Mère Youville est une femme d’une activité débordante. Elle trouve des moyens secondaires pour soutenir l’œuvre de la communauté dans le milieu. Elle met sur pied l’Association des dames de charité, et tout surgit ensuite de la population. C’est parmi elle qu’on trouve les plus constants bienfaiteurs. Sans négliger les malades hospitalisés, dont le nombre croît régulièrement, mère Youville fait des visites à domicile, veille les mourants, ensevelit les morts, se dévoue auprès des victimes lors des épidémies. Mère Youville poursuit aussi son travail d’annaliste. Elle remplit six registres, d’une main rapide, sans apprêt. Son style reste courant et naturel. Son récit prolixe, légèrement incomplet, demeure fidèle. Elle note les moindres détails, par souci d’exactitude et pour les besoins de l’administration, autant que par désir de faire l’histoire de sa communauté.
Mère Youville a été supérieure générale des Sœurs grises nicolétaines de 1886 à 1897, puis de 1900 à 1903. Elle a rempli les fonctions d’assistante et de secrétaire entre ses supériorats jusqu’en 1910. Cette année-là, l’Hôtel-Dieu de Nicolet compte 359 personnes. Cinq maisons dépendantes de la maison mère ont été fondées. La centième sœur grise a été admise au noviciat lorsque mère Youville meurt, le 21 décembre 1910. Femme d’une physionomie attachante, elle était énergique et déterminée et, par-dessus tout, une sœur de la charité qui aimait profondément les pauvres.
L’essentiel de la documentation sur Aurélie Crépeau se trouve dans l’ouvrage de M.-C. René, Sœurs grises nicolétaines ; mère Youville (Aurélie Crépeau) ; ses auxiliaires ; son œuvre (Trois-Rivières, Québec, 1948) et dans les Cahiers nicolétains (Nicolet, Québec), 8 (1986) : 43–143, numéro entièrement consacré aux Sœurs grises nicolétaines. L’acte de baptême du sujet est conservé aux ANQ-M, CE3-7, 30 mars 1833.
Marie-Carmen René, « CRÉPEAU, AURÉLIE (baptisée Aurélie-Éléonore), dite mère Youville », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/crepeau_aurelie_13F.html.
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Auteur de l'article: | Marie-Carmen René |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1994 |
Année de la révision: | 1994 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |