Titre original :  Guillaume Couture., BM1,S5,P0458

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COUTURE (Coutu), GUILLAUME (William), musicien, professeur et auteur, né le 23 octobre 1851 à Montréal, fils de Louis Coutu, charretier, et de Marguerite Bouthillé ; le 1er juin 1871, il épousa à Montréal Malvina Hazen, et ils eurent deux filles, puis le 17 mai 1881 dans la même ville Mercédès Papineau, petite-nièce de Louis-Joseph Papineau*, et le couple eut trois fils et une fille ; décédé le 15 janvier 1915 dans sa ville natale.

Guillaume Couture voit le jour dans le faubourg Québec, à Montréal. Ses parents sont de condition modeste. Il fait ses études primaires à l’école Sainte-Brigide, confiée aux Frères des écoles chrétiennes, et il chante aux offices célébrés dans leur chapelle. Les frères l’auraient initié au solfège, au violon et à l’orgue. En 1871, Couture devient professeur de solfège à l’école normale Jacques-Cartier. À cette époque, il prend la direction du chœur de l’église Saint-Jacques. Mais, au printemps de 1873, il s’embarque pour Paris, grâce au vicaire Léon-Alfred Sentenne qui lui a procuré des fonds pour la poursuite de sa formation en Europe.

Au Conservatoire de Paris, pendant les sessions 1873–1874 et 1874–1875, Couture travaille l’harmonie, le contrepoint et la fugue avec Théodore Dubois. Au concours, il décroche un premier accessit. Il est le premier Canadien diplômé de ce célèbre établissement. Il prend aussi des leçons de chant avec Romain Bassine et, finalement, s’attaque à la composition. En 1875, la Société nationale de musique crée, à Paris, deux de ses œuvres, le motet Memorare et le poème symphonique Rêverie. Durant les vacances de 1874, il a voyagé en Belgique, en Hollande et en Italie.

Dès le retour de Couture à Montréal en septembre 1875, la Minerve requiert ses services. Les chroniques constituent le médium privilégié par le musicien à cette époque. Adoptant des normes élevées pour le milieu, il matraque les enseignants et les interprètes qu’il juge incompétents. Par compétence, il entend la démonstration de qualités pédagogiques et la possession d’une formation adéquate comprenant non seulement l’apprentissage d’un instrument, mais aussi l’étude du solfège, de la théorie et, idéalement, de l’écriture musicale. Le langage est outrancier, le ton acerbe. Une levée de boucliers l’incite à repartir.

Le second séjour de Couture à Paris (été 1876–automne 1877) est marqué par l’obtention, au cours de l’hiver de 1877, du poste de maître de chapelle de Sainte-Clotilde, aux côtés de l’organiste César Franck. Il fréquente assidûment les salons et les concerts. Malgré les déboires de son premier retour à Montréal, il y rentre définitivement le 6 décembre 1877, vraisemblablement pour des raisons matérielles.

Couture reprend ses chroniques, dans un esprit plus constructif. Il écrit pour la Revue de Montréal (1878–1879), la Patrie (1884) et, sous le pseudonyme de Symphony, pour le Montreal Daily Star (1889–1890). Toutefois, afin d’assurer la réalisation de ses objectifs, il préfère maintenant les contacts directs avec les apprentis et les exécutants, par l’enseignement, la direction artistique et la musique à l’église.

Couture se spécialise dans des matières peu enseignées à Montréal, soit le chant et l’écriture musicale (harmonie, contrepoint, fugue). Il donne également des leçons de solfège et de théorie. Parmi ceux qui passent par son studio, on compte Alexis Contant, Lynnwood Farnam, Achille Fortier, Henri Gagnon*, Arthur Laurendeau, Léo-Pol Morin*, Frédéric Pelletier et Rodolphe Plamondon. Couture est aussi professeur à l’académie des Sœurs des Saints-Noms de Jésus et de Marie (1881–1882 et 1899–1901), à la High School for Girls de Montréal (1885–1914), au pensionnat Villa-Maria (1899–1912) et au McGill Conservatorium of Music (1904–1907). En outre, de 1892 à 1895, il exerce les fonctions de directeur musical des écoles pour le compte du bureau des commissaires d’écoles catholiques romains de la cité de Montréal. En 1894, il prononce une conférence sur l’enseignement de la musique dont il souhaite l’introduction dans toutes les écoles élémentaires, avec une approche méthodique (chant choral, solfège, base théorique). En 1896, il ouvre un studio à Boston et, durant deux ans, partage son temps entre les deux villes.

La vocation d’éducateur de Couture transcende l’enseignement pour imprégner son action de directeur artistique. Il dirige les sociétés musicales montréalaises les plus importantes du xixe siècle dans leur domaine respectif. La Société philharmonique de Montréal (1877–1899), dont il devient le directeur en 1880, s’inspire des festivals britanniques et américains ; elle présente surtout des fresques chorales, et son noyau est un chœur qui compte jusqu’à 300 membres, accompagné par un orchestre parfois importé des États-Unis. Le Montreal Symphony Orchestra (1894–1896), société coopérative, offre des programmes variés tout en familiarisant le public avec des genres sur lesquels il est moins porté, comme la symphonie.

Outre le Montreal Amateur Operatic Club (1891), troupe dont le répertoire consiste en opérettes, Couture fonde la Montreal Ladies Vocal Society (1891), qui permet aux apprenties de monter sur scène, et la Montreal Church Choral Society (1895) qui, pour la première fois à Montréal, propose une série de concerts sacrés dominicaux. Ces organisations disparaissent à la fin du xixe siècle, au moment où s’amorce le déclin de la bourgeoisie anglo-saxonne locale. Dès lors, Couture concentre ses énergies sur les francophones.

La carrière de Couture dans les églises de Montréal s’échelonne sur un demi-siècle. Après avoir été maître de chapelle à Saint-Jacques (circa 1868–1873, 1875–1876 et 1878–1881) et au Gesù (1882–1883), il passe chez les anglicans pour diriger les chœurs de la cathédrale Christ Church (1885–1888) et de l’église Trinity (1889), puis il revient chez les catholiques, d’abord à l’église Notre-Dame (1891). Sa nomination déclenche une polémique attisée par son appartenance à la franc-maçonnerie [V. Charles Labelle*]. Ceci ne l’empêche pas de devenir le premier maître de chapelle (1893–1914) de la nouvelle cathédrale Saint-Jacques et d’occuper ainsi le poste le plus convoité par les musiciens montréalais d’expression française.

Après que l’évêque de Montréal, Édouard-Charles Fabre*, eut banni les chœurs mixtes des églises catholiques de son diocèse en 1878, Couture réduit pour voix d’hommes des œuvres écrites pour voix mixtes. Il harmonise aussi du plain-chant. Désormais, ses travaux d’écriture musicale, à l’exception de l’oratorio Jean le Précurseur, composé de 1907 à 1911, et de quelques mélodies, sont destinés au culte. La Messe de requiem, créée en 1905, domine cette production utilitaire.

Comme ses confrères de diverses confessions, Couture organise des concerts qui font appel aux chœurs d’église. Les soirées au profit de l’Union nationale française (1894–1905) et les concerts annuels du chœur de la cathédrale (1898–1901) lui permettent de donner libre cours à sa prédilection pour la musique française. Il ne néglige pas pour autant les ouvres de Canadiens. À partir de 1893, il leur consacre des programmes entiers. En 1897, une ultime traversée le mène au festival de Bayreuth et à Paris, où il revoit ses anciens professeurs.

Dès la disparition de Guillaume Couture en janvier 1915, la presse salue ce pionnier de la musique au Canada ; elle vante sa science et souligne son perfectionnisme. À Montréal, Couture n’était pas le seul à diriger des concerts et à faire de la musique à l’église. Cependant, il dépassait tous ses confrères par l’éventail des formations qu’il animait, par la quantité d’œuvres souvent inconnues et la diversité des compositeurs et des genres qu’il proposait au public, sans compter la possibilité qu’il offrait aux professionnels et amateurs locaux de se faire valoir. Il a travaillé inlassablement à hisser Montréal au rang des grandes villes musicales nord-américaines. Par son enseignement, ses exigences relatives à l’exécution de la musique et son répertoire, il a contribué à relever les normes d’interprétation et à modifier le goût des Montréalais. Certains de ses élèves joueraient un rôle de premier plan dans la vie artistique montréalaise de l’entre-deux-guerres. Ils poursuivraient son œuvre, à l’instar de son petit-fils Jean Papineau-Couture.

Pierre Quenneville

Outre les chroniques musicales, articles et comptes rendus parus dans la revue et les journaux mentionnés dans la biographie, Guillaume Couture a aussi publié des articles dans les périodiques montréalais suivants : Arcadia, 1, no 2 (mai 1892) : 28s. ; l’Art musical, 3, no 2 (nov. 1898) : 20s. ; le Canada artistique, 1 (1890) : 161–163 ; Gazette, 12 févr. 1879 ; Journal de l’Instruction publique, 13 (1894–1895), no 1 : 45–54 ; le Monde illustré, 4 juill. 1891 ; Montreal Daily Star, 29 juill. 1893 ; l’Opinion publique, 5 avril 1883 ; la Patrie, 26 nov. 1901 ; la Presse, 5 nov. 1892, 30 sept. 1893.

Des lettres et des photographies de Couture sont conservées aux Arch. de l’unie. de Montréal, sous la cote P 14 (fonds Guillaume-Couture), et d’autres échangées avec le doyen Charles Albert Edwin Harriss*, aux McGill Univ. Arch. (Montréal), sous la cote RG 39 (Faculty of Music).

Des œuvres musicales de Couture sont conservées aux Arch. de l’univ. de Montréal, dans le fonds P 14 et P 226 (fonds du chœur de la basilique-cathédrale de Montréal), à la Bibliothèque de musique, de l’univ. de Montréal, dans la collection Villeneuve, à la Bibliothèque nationale du Québec (Montréal), dans la collection des partitions musicales, et aux ANQ-M, sous la cote P-185 (coll. Claude-Champagne). De plus, des œuvres de Couture sont publiées dans le Patrimoine musical canadien, Elaine Keillor et al., édit. (15 vol. (18 tomes) parus, Ottawa, 1983–  ), à compter du volume 5.

ANQ-M, CE1-33, 17 mai 1881 ; CE1-51, 24 oct. 1851, 1er juin 1871.— Dictionnaire biographique des musiciens canadiens (2e éd., Lachine, Québec, 1935).— Encyclopédie de la musique au Canada (Kallmann et al.).— Romain Gour, « Guillaume Couture, compositeur (1851–1915) », Qui ? (Montréal), 3 (1951–1952) : 3–24.— C.-O. Lamontagne, « Guillaume Couture », /e Canada musical (Montréal), 8 (1930–1931), no 7 : 7s.— Arthur Laurendeau, « Musiciens d’autrefois : Guillaume Couture », l’Action nationale (Montréal), 36 (1950–1951) : 19–34.— L.-P. Morin, Papiers de musique (Montréal, 1930), 7882.— The musical red book of Montreal [...], B. K. Sandwell, édit. (Montréal, 1907).— Jean Papineau-Couture, « Biographie de Guillaume Couture », le Musicien amateur (Outremont, Québec), 22 (hiver 1964) : 11–13 ; 23 (printemps 1965) : 6–8.— Pierre Quenneville, « Guillaume Couture (1851–1915), animateur de la vie musicale montréalaise (d’après le fonds Guillaume-Couture) » (mémoire de m.a., univ. de Montréal, 1980) ; « Guillaume Couture (1851–1915) : l’éducateur, le directeur artistique et le musicien d’église » (thèse de ph.d., univ. de Montréal, 1988) ; « Guillaume Couture, le pédagogue », Assoc. pour l’avancement de la recherche en musique du Québec, Cahiers (Montréal), 8 (1987) : 93–96 ; « Guillaume Couture, un musicien à l’aube du féminisme québécois », Trois (Laval, Québec), 4, no 3 (printemps–été 1989) : 64–71.

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Pierre Quenneville, « COUTURE (Coutu), GUILLAUME (William) (1851-1915) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/couture_guillaume_1851_1915_14F.html.

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Auteur de l'article:    Pierre Quenneville
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
Année de la révision:    1998
Date de consultation:    28 novembre 2024