COURREAUD (Courraud) DE LA COSTE (La Côte), PIERRE, marchand, baptisé le 7 mai 1696 dans la paroisse Saint-André, Angoulême, France, fils d’Élie Courreaud de La Coste, marchand, et de Catherine Coulaud, décédé à Montréal le 26 mars 1779.

Pierre Courreaud de La Coste se trouvait à Québec en mai 1717, alors qu’il s’engagea pour deux ans comme apprenti du chirurgien-barbier Simon Soupiran*, père. Mais Courreaud, fils de marchand, abandonna bientôt cet apprentissage pour aller faire du commerce à Montréal où il avait des parents. Le 26 septembre 1718, il y contracta un premier mariage avec Marie-Anne Massé (Macé), veuve de Guillaume Malhiot, forgeron et taillandier Courreaud n’avait alors que 22 ans mais prétendit en avoir 26 tandis que son épouse, âgée de 34 ans et qui avait quatre enfants à sa charge, ne se donna que 30 ans. Ces menus mensonges permirent à l’époux de se faire passer pour majeur et à sa femme d’éviter les mauvaises langues. Marie-Anne Massé mourut des suites d’un accouchement en septembre 1721 et Courreaud se remaria six mois plus tard avec une jeune fille de 20 ans, Marguerite Aubuchon, dit L’Espérance, dont le père était marchand à Longue-Pointe (Montréal). Sept enfants naquirent de cette union, mais il semble qu’ils étaient tous décédés à la mort de leur père.

Ni l’une ni l’autre de ses épouses ne lui apportèrent de biens considérables, mais il sut sans doute utiliser ses liens de parenté pour servir ses affaires. À l’époque de son premier mariage, Courreaud s’installa rue Saint-Paul, la rue des affaires de Montréal, où il vendait des marchandises aux habitants et aux « marchands-voyageurs » qui faisaient le commerce des fourrures. Associé à Julien Trottier Desrivières, il fournissait des marchandises de traite à son petit-cousin, Marin Hurtebise, qui fut mêlé aux entreprises de l’explorateur Pierre Gaultier* de Varennes et de La Vérendrye, de 1733 à 1735. Après la mort de Trottier en 1737, Courreaud demeura en relations d’affaires avec son parent : il avait chez lui des marchandises appartenant à Hurtebise lors des perquisitions générales – afin de trouver des peaux de castor non déclarées – effectuées à Montréal par la Compagnie des Indes en juillet 1741. Courreaud fut également associé à Jean-Baptiste Latour dans la vente de marchandises à l’île Royale (île du Cap-Breton), ainsi qu’à Pierre Latour, marchand intéressé comme lui au commerce dans les pays d’en haut. Grâce à ses diverses entreprises, Courreaud acquit une certaine aisance. Il possédait une maison de pierres à deux étages qu’il fit rénover en 1733 et à laquelle il fit ajouter une voûte l’année suivante. Dès 1729, il avait une domestique et il pouvait même se permettre, en 1737, de faire l’achat d’un jeune esclave noir de 12 ou 13 ans.

Vers la fin des années 1730, Courreaud, tout en continuant son commerce à Montréal, se mit à spéculer sur les terres. Certains de ces terrains provenaient sans doute de débiteurs insolvables ou récalcitrants, tel ce Gabriel Descary dont la dette fit l’objet de poursuites judiciaires de 1743 à 1759. Descary, associé de Marin Hurtebise, avait reçu de Courreaud en 1739 des marchandises de traite dont il contesta la valeur. Descary réussit à faire rabattre sa dette de 5 264# 14s. 4d. à 4 251# 1s. 4d. Courreaud en appela à la Prévôté de Québec mais perdit sa cause. Enfin, en 1759, un jugement du Conseil supérieur lui permit de saisir et de vendre à l’enchère les biens de Descary. Pour éviter de semblables situations, Courreaud obligea ses débiteurs à lui consentir des hypothèques à terme fixe dès que les créances devenaient quelque peu considérables.

Courreaud se retira des affaires peu de temps après la Conquête. En août 1764, il acheta de Marie-Thérèse Migeon de La Gauchetière une terre appelée « presville », située près du faubourg Saint-Laurent, ainsi que l’arrière-fief de La Gauchetière ; il se départissait de ses droits féodaux quatre ans plus tard, évitant ainsi de verser le droit de quint comme il aurait dû le faire lors de l’achat de son fief. Comme la plupart des Montréalais influents, Courreaud avait signé, en 1763, la pétition adressée à George III lui demandant de laisser entrer au pays les marchandises restées en France durant la guerre et d’intervenir auprès de la cour de France pour hâter le règlement des papiers du Canada. Le « La Coste fils » qui signa avec lui était vraisemblablement son fils Marin.

José E. Igartua

ANQ-M, État civil, Catholiques, Notre-Dame de Montréal, 26 sept. 1718, 22, 24 sept. 1721, 27 mars 1779, 20 avril 1784 ; Greffe de J.-B. Adhémar, 6 août, 29 sept., 24 nov., 6 déc. 1752, 2, 3 févr., 10 mai, 12 oct., 16, 24 nov. 1753, 9, 15 janv., 8 juill. 1754 ; Greffe de L.-L. Aumasson de Courville, 10 oct. 1770 ; Greffe de Gervais Hodiesne, 12 déc. 1754, 20 févr., 20, 21 mars, 28 juin, 11 oct. 1755, 25 juin 1756, 9 janv. 1761, 27 oct. 1763 ; Greffe de Michel Lepallieur de Laferté, 25 sept. 1718 ; Greffe de Pierre Panet, 14 mars 1757, 18 sept. 1760, 22 août 1764, 17 juill., 30 oct. 1767, 8 juin 1768 ; Greffe de Simon Sanguinet, 2 mai 1778 ; Greffe de Nicolas Senet, 20 mars 1722 ; Greffe de François Simonnet, 25 sept. 1750, 9 nov. 1754, 21 mars 1755, 14 févr. 1756, 16 juin 1758, 14 mai 1768, 18 févr. 1769, 6 oct. 1773.— ANQ-Q, NF 11, 59, ff.74–77 ; 61, ff.19v.–26 ; 69, ff.19, 31v.–32, 39v.–41.— Archives municipales, Angoulême (dép. de la Charente, France), État civil, Saint-André d’Angoulême, 7 mai 1696.— PRO, CO 42/24, ff.72–74v. (mfm aux APC).— Aveu et dénombrement de messire Louis Normand, prêtre du séminaire de Saint-Sulpice de Montréal, au nom et comme fondé de procuration de messire Charles-Maurice Le Pelletier, supérieur du séminaire de Saint-Sulpice de Paris, pour la seigneurie de l’île de Montréal (1731), ANQ Rapport, 1941–1942, 27.— Doc. relatifs à la monnaie sous le Régime français (Shortt), II : 968, 970.— Montréal en 1787 [...], Claude Perrault, édit. (Montréal, 1969), 23s., 121–124.— Recensement de Montréal, 1741 (Massicotte), 26.— Marguilliers de la paroisse de Notre-Dame de Ville-Marie de 1657 à 1913, BRH, XIX (1913) : 279.— P.-G. Roy, Inv. jug. et délib., 1717–1760, IV : 110, 149, 188 ; VI : 133, 140, 143s., 148s.— Tanguay, Dictionnaire.— P.-G. Roy, La famille Courault de La Coste, BRH, XLV (1939) : 366–368.

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José E. Igartua, « COURREAUD (Courraud) DE LA COSTE (La Côte), PIERRE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/courreaud_de_la_coste_pierre_4F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
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