COULON DE VILLIERS, FRANÇOIS, capitaine dans les troupes de la Marine, né en 1712 à Montréal ou à Verchères (Québec), fils de Nicolas-Antoine Coulon* de Villiers et d’Angélique Jarret de Verchères, décédé le 22 mai 1794 à La Nouvelle-Orléans, Louisiane espagnole.

François Coulon de Villiers était issu d’une famille notable de militaires de la noblesse canadienne. En 1733, alors qu’il avait le grade honoraire de cadet à l’aiguillette, ce qui indiquerait qu’il avait déjà fait quelques années de service militaire, il fut gravement blessé dans un combat contre un groupe de Renards près de Baie-des-Puants (Green Bay, Wisconsin). Son père, commandant du district, et un frère furent tués dans l’escarmouche. Pour dédommager la famille de ses pertes, ses frères Louis* et Nicolas-Antoine* furent nommés respectivement enseigne en second et lieutenant, et François reçut le brevet d’enseigne le 15 août 1736. Dans son rapport au ministre de la Marine en 1739, le gouverneur général Beauharnois* constatait que Coulon de Villiers était un « bon officier, zelé pour le service, d’une bonne conduite ». Plus tard, il fut transféré dans la colonie de la Louisiane et promu lieutenant en 1746. Alors qu’il faisait son service dans le pays des Illinois, Coulon de Villiers se maria deux fois, d’abord avec Élisabeth Groston de Saint-Ange, du pays des Illinois, puis avec Marie-Madeleine Marin, du fort de Chartres (près de Prairie du Rocher, Illinois). De son premier mariage il eut une fille, née en 1740, et de son second, un fils, en 1757.

Le 1er février 1754, Coulon de Villiers fut nommé capitaine. La même année, alors que l’Angleterre et la France étaient encore en paix, un détachement de la milice de Virginie, conduit par George Washington, attira dans une embuscade un groupe d’émissaires français commandé par le frère de François, Joseph Coulon* de Villiers de Jumonville, qui fut tué dans l’échauffourée. Pendant les hostilités qui s’ensuivirent, François ne perdit aucune occasion de venger la mort de son frère. En 1756, il prit la tête d’un parti de 23 hommes des troupes de la Marine et de 32 Indiens lors d’un assaut sur le fort Granville (près de Lewiston, Pennsylvanie) à quelque 60 milles de Philadelphie, s’en empara, fit environ 30 prisonniers, incendia le fort avec son ravitaillement de six mois et se retira sain et sauf. L’année suivante, il remplit les fonctions d’aide-major au fort de Chartres et continua à diriger des patrouilles qui dévastèrent les régions frontalières de la Virginie. En septembre 1758, il fit partie de la troupe qui infligea une défaite à l’avant-garde du général de brigade John Forbes* près du fort Duquesne (Pittsburgh, Pennsylvanie). La situation se renversa en 1759 lorsque les Anglo-Américains assiégèrent le fort Niagara (près de Youngstown, New York). Une troupe de secours de la garnison de l’Ohio se précipita à l’aide du fort et fut taillée en pièces dans un guet-apens. Parmi ceux qui furent faits prisonniers se trouvait Coulon de Villiers. Après avoir été échangé à New York contre un officier anglais détenu par les Français, il se dirigea vers La Nouvelle-Orléans où il reçut la croix de Saint-Louis le 1er août 1759.

Lorsque la Louisiane fut cédée à l’Espagne, Coulon de Villiers abandonna son brevet dans l’armée française, s’engagea au service de l’Espagne et fut nommé au commandement à Natchitoches. Le 28 juin 1762, il épousa Marie-Geneviève Énault de Livaudais à La Nouvelle-Orléans et acheta une plantation dont elle était vraisemblablement propriétaire, à Pointe Coupée (près de New Roads, Louisiane). En 1768, alors qu’il faisait du service à Natchitoches, les Canadiens notables de La Nouvelle-Orléans se soulevèrent contre leurs dirigeants espagnols. L’année suivante, 3 000 soldats espagnols envoyés de Cuba réprimèrent durement cette révolte. Probablement en reconnaissance du fait qu’il n’avait pas pris part à ce soulèvement, Coulon de Villiers fut nommé l’un des alcaldes de La Nouvelle-Orléans, important poste administratif et judiciaire dans le gouvernement local. Il établit alors sa demeure dans la spacieuse résidence de sa femme à La Nouvelle-Orléans, tenue par huit esclaves.

Lorsqu’il fit son testament le 18 février 1794, François Coulon de Villiers pouvait se remémorer une carrière remarquable sous deux couronnes. Il avait eu la chance de réchapper des guerres ; il eut également la bonne fortune de mourir cette année-là. Pour un noble qui avait appelé son plus jeune fils Jumonville, en souvenir de son frère tué par George Washington, il eût été douloureux de vivre dix ans de plus, se trouvant de ce fait sous l’autorité américaine.

W. J. Eccles

AN, Col., D2C, 47, ff.688s. ; 48, ff.38, 41 ; 49, ff.320, 326 ; 61, f.89.— La. State Museum (Nouvelle-Orléans), cathédrale Saint-Louis de la Nouvelle-Orléans, Registre des mariages, 28 juin 1762.— Natchitoches Court Record Office (Natchitoches, La.), Conveyances, 5, f.826 ; 6, f.865 ; 10, f.1 220 ; 11, f.1 257 ; Spanish translations, 45, no 1 198.— New Orleans Court Record Office, Greffe de François Broutin, 18 févr. 1794.— New Orleans Public Library, Department of Archives, Census of New Orleans, 6 nov. 1791.— St Martin Parish Court House (St Martin, La.), Original acts, 1–15, 1760–1794.— G. R. Conrad, First families of Louisiana (2 vol., Baton Rouge, La., 1970), I : 170.— Stanley, New France.— A. [-E.] Gosselin, Notes sur la famille Coulon de Villiers, BRH, XII (1906) : 174, 257–275.

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W. J. Eccles, « COULON DE VILLIERS, FRANÇOIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/coulon_de_villiers_francois_4F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
Année de la révision:    1980
Date de consultation:    28 novembre 2024