COUILLARD-DESPRÉS, EMMANUEL, arpenteur, seigneur, officier de milice, constructeur et cultivateur, né le 22 mai 1792 à L’Islet, Bas-Canada, fils d’Emmanuel Couillard-Després et de Marie-Françoise Robichaud ; décédé le 15 juillet 1853 à Saint-Aimé (Massueville, Québec).
Emmanuel Couillard-Després descendait par son père en droite ligne (sixième génération) de Guillaume Couillard* de Lespinay, gendre de Louis Hébert*. Fils de Geneviève Desprez (Després), son trisaïeul, Jacques Couillard, avait été le premier à ajouter le nom de sa mère à son nom qui deviendra par la suite Couillard-Després. En 1732, son arrière-grand-père, Jean-Baptiste Couillard-Després, avait rendu foi et hommage à titre de coseigneur de L’Islet. Vers 1793, son père avait délaissé les terres de cette seigneurie, dont il avait hérité, pour venir s’installer avec son épouse à Saint-Hyacinthe, au moment où les belles et riches terres de la seigneurie Delorme s’ouvraient à la colonisation. Quelques colons de la paroisse Saint-Thomas (à Montmagny), dont d’autres Couillard-Després, s’y trouvaient déjà. Il acheta plusieurs lots, afin d’y établir sa famille. Il se fixa lui-même sur une terre située dans le deuxième rang de la seigneurie.
L’aîné d’une famille de dix enfants, Emmanuel Couillard-Després fit des études au séminaire de Nicolet de 1810 à 1815. À la fin de son cours, il se crut appelé à la prêtrise et prit la soutane. Il vint offrir ses services à Antoine Girouard*, curé de Saint-Hyacinthe, qui avait fondé le collège de Saint-Hyacinthe en 1811. Le jeune Emmanuel y fut le premier professeur de mathématiques. Au bout de quatre ans, se rendant compte qu’il s’était mépris au sujet de sa vocation, il quitta la vie religieuse. Son goût des chiffres l’amena ensuite à se livrer à l’étude du génie civil et, le 25 juillet 1821, il reçut sa commission d’arpenteur.
En 1824, Couillard-Després commença à exercer sa profession à Saint-Hyacinthe. Le 18 mai de la même année, il épousait à Saint-Denis, sur le Richelieu, Louise-Esther Bourdages, fille du grand tribun Louis Bourdages*, député de la circonscription de Buckingham à la chambre d’Assemblée du Bas-Canada. Le mariage fut célébré avec grande solennité par Girouard, ami personnel du marié, en présence de tous les notables de la paroisse et des paroisses avoisinantes. Peu après, les jeunes époux s’établirent à Saint-Hyacinthe. Le 8 novembre, Couillard-Després prit ses parents à rentes, héritant ainsi du domaine de son père. Le 10 février 1831, Couillard-Després fut nommé capitaine dans le 1er bataillon de milice du comté de Saint-Hyacinthe. Après avoir perdu sa femme cette année-là, il consacra la majeure partie de son temps à son travail.
Lors d’une élection partielle tenue en 1832, Couillard-Després se présenta comme candidat au poste de député de la circonscription de Saint-Hyacinthe, mais il fut défait, ainsi que Thomas Boutillier*, par Louis Poulin. En août de la même année, Couillard-Després se voyait confier la tâche de délimiter le terrain sur lequel l’église d’une nouvelle paroisse, Sainte-Rosalie, près de Saint-Hyacinthe, devait être construite. En 1835, il bâtit le premier palais de justice de Saint-Hyacinthe et dut le consolider une dizaine d’années plus tard au moyen de tiges de fer et de chaînes qui maintinrent l’édifice debout jusqu’à ce qu’un incendie le détruise de fond en comble en 1859.
En 1836, Couillard-Després effectua quelques transactions foncières. Le 3 mai de cette année-là, il vendit la terre du deuxième rang de la seigneurie Delon-ne à François Morel pour la somme de 4 500, avec en plus l’obligation pour l’acheteur d’acquitter la rente que versait auparavant le vendeur à ses parents. La même année, Couillard-Després se délimita pour lui-même une immense concession seigneuriale de 10 arpents sur 30 à l’ouest du village de Saint-Hyacinthe et s’étendant jusqu’au delà des limites de l’emplacement actuel de l’aqueduc municipal.
Lorsque la rébellion éclata en 1837, Couillard-Després, qui était capitaine dans la milice de Saint-Hyacinthe, eut maille à partir avec les patriotes. Comme il désapprouvait leurs actes de violence, il dut subir des ennuis de toutes sortes. Les patriotes se vengèrent de lui en lui faisant des charivaris sans nom, en brisant des portes et des fenêtres et en causant d’autres dégâts assez considérables à l’intérieur de sa maison.
Durant les 15 années suivantes, Couillard-Després poursuivit sa carrière d’arpenteur. En 1853, il décida d’aller s’établir à Sainte-Rosalie où il se fit cultivateur, puis à Saint-Aimé où il fit de même. Il mourut dans cette dernière localité le 15 juillet de cette année-là, à l’âge de 61 ans, et fut inhumé trois jours plus tard dans le caveau de la cathédrale de Saint-Hyacinthe.
Emmanuel Couillard-Després a accompli un travail considérable en tant qu’arpenteur, comme en témoignent les sept volumes de procès-verbaux qu’il a rédigés durant ses 29 années d’exercice. Son épouse et lui n’eurent qu’un fils, Emmanuel-Louis-Rémi, qui sera notamment le premier secrétaire-trésorier de la ville de Saint-Hyacinthe. Une rue de cette municipalité porte aujourd’hui le nom de Després et rappelle l’existence du « village Després », appellation donnée dans les années 1860 à un groupe de maisons qui s’étendait sur une partie de l’ancienne concession de Couillard-Després.
Les volumes des procès-verbaux d’Emmanuel Couillard-Després (1821–1853) sont déposés aux ANQ-M, sous la cote CA1-17.
ANQ-M, CE2-1, 18 juill. 1853 ; CE2-12, 18 mai 1824 ; CN2-22, 3 mai 1836 ; CN2-80, 18 mai, 8 nov. 1824.— ANQ-Q, CE2-3, 22 mai 1792 ; P-52.— APC, MG 30, Dl, 9 : 69–71 ; RG 68, General, index, 1651–1841 : 665.— ASSH, F, Fg–41, Dossier 5.2.— Le Courrier de Saint-Hyacinthe (Saint-Hyacinthe, Québec), 19 juill. 1853.— Liste de la milice du Bas-Canada pour 1832 (Québec, s.d.).— Allaire, Hist. de Saint-Denis-sur-Richelieu, 212.— J.-B.-O. Archambault, Monographie de la paroisse de Sainte-Rosalie (Saint-Hyacinthe, 1939), 47–48.— Choquette, Hist. du séminaire de Saint-Hyacinthe, 2 ; Histoire de la ville de Saint-Hyacinthe (Saint-Hyacinthe, 1930), 51, 98–99, 209, 414–415.— Azarie Couillard-Després, Histoire des seigneurs de la rivière du Sud et de leurs alliés canadiens et acadiens (Saint-Hyacinthe, 1912), 79–84, 200, 206–208, 308–310, 374–380 ; la Première Famille française au Canada, ses alliés et ses descendants (Montréal, 1906), 306–307.— Douville, Hist. du collège-séminaire de Nicolet.
Jeanne D’Aigle, « COUILLARD-DESPRÉS, EMMANUEL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/couillard_despres_emmanuel_8F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1985 |
Année de la révision: | 1985 |
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