COQUART, CLAUDE-GODEFROY, prêtre, jésuite, missionnaire, né à Melun, France, le 2 février 1706 et décédé à la mission de Chicoutimi le 4 juillet 1765.
Claude-Godefroy Coquart entra au noviciat de la Compagnie de Jésus, à Paris, le 14 mai 1726. Il arriva au collège de Québec probablement en 1739. L’année suivante, Pierre Gaultier de Varennes et de La Vérendrye demanda un aumônier pour remplacer le père Jean-Pierre Aulneau*, massacré au lac des Bois (Lake of the Woods, Ont.) en 1736, et le père Coquart, à cause de sa jeunesse, fut choisi de préférence à plusieurs autres missionnaires qui postulèrent ce poste. Il quitta Montréal le 26 juin 1741 accompagnant La Vérendrye. Mais par suite de certaines jalousies et intrigues, de la part d’adversaires que l’explorateur ne nomme pas, et parce que l’établissement d’une mission stable chez les nouvelles nations découvertes semblait peu sûr, La Vérendrye se vit contraint, à son grand regret, de laisser le père Coquart à Michillimakinac. Ce dernier y était en août 1743, alors qu’il rejoignit La Vérendrye au fort La Reine (Portage-la-Prairie, Man.). Au début de 1744, le missionnaire revint probablement de ce voyage en compagnie de l’explorateur, lequel était forcé d’abandonner son poste de commandant. Le père Coquart était le premier missionnaire à se rendre au Manitoba actuel et le premier à se rendre aussi loin à l’ouest [V. Charles-Michel Mésaiger].
Le père Coquart séjourna par la suite dans la vallée du Saint-Laurent et, en 1746, à la mort du père Jean-Baptiste Maurice, il fut désigné pour la mission du Saguenay. Son premier séjour dans cette mission allait durer onze ans. Nommé d’abord pour aller exercer son ministère auprès des Français des postes situés le long de la rive nord du fleuve, il partit de Québec le 13 mai, et c’est à son retour, le 17 juillet, qu’il fut nommé missionnaire au Saguenay. Le 27 octobre il quitta de nouveau Québec pour se rendre hiverner à Chicoutimi où il arriva le 20 novembre. L’année suivante, il s’installa à Tadoussac où, selon le vœu de son prédécesseur, il entreprit la construction d’une chapelle dédiée à sainte Anne. Les travaux commencés le 16 mai 1747 furent complétés le 24 juin 1750, grâce à la générosité des intendants Hocquart* et Bigot*, l’un ayant fourni les planches, les madriers, les bardeaux et les clous, l’autre y allant d’une gratification de 200# en 1749.
En 1748 et en 1749, Coquart hiverna à Chicoutimi, faisant cependant plusieurs voyages au lac Saint-Jean. Il admirait la foi des Indiens et leur égalité d’humeur au milieu des famines et des épreuves qu’ils supportaient « sans se plaindre ». À la demande de Mgr de Pontbriand [Dubreil], le missionnaire exerça son ministère d’une manière plus régulière à l’île aux Coudres, de 1751 à 1757. II y passait l’hiver afin d’éviter aux habitants de traverser le fleuve en canot pour avoir un prêtre, et, durant l’été, il faisait la tournée de ses missions jusqu’à Sept-Îles.
En 1750, le père Coquart rédigea, à la demande de l’intendant Bigot, un rapport confidentiel sur l’administration et le rendement des postes du Domaine du roi. Le missionnaire traça un tableau détaillé de la situation aux postes de La Malbaie, de Tadoussac, des îlets Jérémie, de Chicoutimi et de Sept-Îles, ne manquant pas au passage de suggérer plusieurs améliorations peu coûteuses pour le roi et dictées par son expérience, ses observations et son sens pratique. Selon son rapport, les postes ne produisaient pas autant qu’ils auraient dû, parce que les fermiers manquaient d’initiative et que les engagés, mal distribués parmi les postes, y perdaient leur temps, à l’exception des filles qui, elles, travaillaient « au de la meme de leurs forces ». Coquart décrit le poste de La Malbaie comme étant la plus belle ferme du Domaine « cause de la « bonté des terres » et de la grande facilité d’y élever des bestiaux. Il suggère d’y fabriquer du goudron en exploitant les pineraies et d’y encourager la pêche au saumon. Le poste de Tadoussac produisait peu de pelleteries. La chasse au loup marin y était très importante mais il manquait de chasseurs ; il faudrait y envoyer les orphelins du poste de Chicoutimi. Les îlets Jérémie produisaient une grande quantité d’huile de loup marin tandis que le poste de Chicoutimi était remarquable par la quantité et la qualité de ses pelleteries et l’importance de son moulin à scier, situé sur la rivière Pepaouetiche. Enfin, le poste de Sept-Îles fournissait les plus belles fourrures mais en quantité limitée ; il faudrait y encourager la pêche au saumon.
En 1757, le père Coquart revint à Québec. Il demeurait au collège des jésuites, étant à l’occasion confesseur soit à l’Hôtel-Dieu, soit à l’Hôpital Général. Au printemps de 1759, le missionnaire redescendit le fleuve en longeant la rive nord, s’arrêtant aux divers postes du Domaine du roi. II entrevit la flotte anglaise du côté de la rive sud. Pendant qu’il accomplissait sa tournée missionnaire, les Anglais attaquaient Québec. À l’automne, il revint dans une ville déjà occupée par l’ennemi et il dut trouver refuge chez des amis, le collège étant occupé par la garnison anglaise ; par la suite il logea chez les ursulines.
En avril 1762, le père Coquart revint à l’île aux Coudres et y demeura jusqu’au 28 août. Par la suite, il retrouva ses Montagnais qui n’écoutaient plus aussi docilement leur missionnaire. En effet, avec le changement d’allégeance, la vente d’eau-de-vie aux Indiens rendait le ministère plus difficile et le père Coquart dut servir à ses ouailles quelques mercuriales. Mais le missionnaire défendit quand même ses Montagnais lorsqu’ils s’inquiétèrent de voir leurs terres occupées par les Anglais et que le bruit courut que ces derniers voulaient se les approprier. En 1765, quelques mois avant sa mort, le père Coquart adressa au gouverneur James Murray* une supplique contenant les doléances que ses Indiens lui avaient exprimées de vive voix.
Le père Coquart mourut à Chicoutimi le 4 juillet 1765, à l’âge de 59 ans, sans qu’aucun de ses confrères ne puisse le secourir. Ce sont les Français du poste qui l’inhumèrent dans le cimetière montagnais. Le missionnaire avait exprimé, avant de mourir, le désir d’être inhumé dans sa chapelle de Tadoussac, ce qui fut fait en 1793.
ASJCF, 637, ff.1–16 ; 638, ff.2–23 ; Fonds Rochemonteix, 4 028 bis, f.28.— JR (Thwaites), LXIX : 80–126, 136–140.— Antonio Dragon, Trente robes noires au Saguenay (Texte revu et corrigé par Adrien Pouliot, « publication de la SHS », 24, Chicoutimi, 1971).— L.-A. Prud’homme, Le P. Claude-Godefroy Coquart, s.j., premier apôtre de la Rivière-Rouge, Revue Canadienne, XXXIII (1897) : 81–92.— Marcel Trudel, Il y a Coquart et Cocquart, BRH, LX (1954) : 9s.
Joseph Cossette, « COQUART, CLAUDE-GODEFROY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/coquart_claude_godefroy_3F.html.
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Auteur de l'article: | Joseph Cossette |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1974 |
Année de la révision: | 1974 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |