COOPER, WILLIAM, instituteur, homme d’affaires et fonctionnaire, né vers 1761 à Bath, en Angleterre ; il épousa d’abord une prénommée Ann (décédée en 1826), et ils eurent un fils et trois filles, puis le 6 janvier 1829 à York (Toronto) Isabella Watson, et de ce mariage naquit un fils ; décédé le 28 octobre 1840 à Toronto.

William Cooper affirmait s’être installé à York en 1793 et y avoir construit la première maison de l’endroit ; chose certaine, il y demeurait en 1794 et la maison inachevée qu’il vendit à Abner Miles* en novembre était l’une des premières de la nouvelle agglomération. En juillet 1796, il vivait sur son lot de la rue Yonge, au nord de la ville, mais l’année suivante il était revenu habiter York. En décembre 1797, il se disait instituteur et voulait obtenir une plus grande superficie parce que sa maison et son lot étaient « trop petits pour son occupation du moment », mais on refusa sa demande. En novembre de l’année suivante, il ouvrit officiellement ce qui fut probablement la première école de Toronto. Moyennant une somme de 8s par mois par élève, il enseigna aux enfants de James Macaulay*, Thomas Ridout*, William Chewett et John Denison, de même qu’à ceux d’autres habitants de la ville et de soldats de la garnison. Parmi ses élèves se trouvait un jeune Noir dont les cours étaient payés par Peter Russell*, l’administrateur de la province, qui possédait des esclaves.

En 1800, Cooper obtint un permis d’encanteur puis devint coroner du district de Home, poste qu’il conserva jusqu’en 1834, et huissier de la Cour du banc du roi. Lorsqu’il n’y avait pas de ministre à York, il présidait des offices anglicans dans l’édifice du Parlement. Même s’il avait obtenu un permis d’enseigner en 1799, il ferma son école au bout de deux ans pour devenir aubergiste. Comme l’hôtel d’Abner Miles venait juste de fermer, c’est le Toronto Coffee House de Cooper qui devint le nouveau centre d’activités sociales.

Depuis son arrivée dans le Haut-Canada, Cooper avait fait de la spéculation foncière à York même et le long de la rivière Humber. En 1806, il vendit son hôtel et entreprit la construction d’un moulin sur la rivière Humber, à la hauteur de la rue Dundas. Le moulin du roi, situé près de l’actuelle rue Bloor, était alors le seul sur la rivière ; il appartenait au gouvernement et était mal administré. Cooper ouvrit son moulin le 1er décembre 1807. Le gouvernement lui avait fourni la machine à condition qu’il en paie le prix ou qu’il la remette avant 18 mois. Le moulin ne disposait alors que d’une paire de meules, mais à partir de lui, Cooper créa le premier complexe industriel de la rivière Humber, qui allait couvrir des centaines d’acres de terrain sur les deux rives. Il finit en effet par posséder une meunerie, une scierie, un moulin à foulon, une distillerie, une tonnellerie, une tannerie, un atelier de forge, un magasin et une taverne, de même qu’une ferme de 40 acres et des maisons pour loger ses ouvriers spécialisés. Vers 1820, le barrage qu’il avait construit dans le lit de la rivière, entre ses moulins, lui attira des ennuis parce qu’il entravait la migration du saumon. Deux ans plus tard, comme le barrage bloquait le passage du bois, le solliciteur général, Henry John Boulton*, écrivit en réponse à une plainte de Robert Farr : « les installations, qui sont une nuisance publique [...] peuvent être supprimées par quiconque est assez fort pour se défendre advenant qu’il soit attaqué pendant l’opération ». Les marchands de bois ne tardèrent pas à suivre l’avis de l’homme de loi.

À titre de minotier, Cooper s’intéressait à la navigation. En novembre 1815, il demanda qu’on lui concède un lot de grève à York pour y construire le premier quai commercial de la ville ainsi qu’un hangar, un chantier de scierie et une taverne ; il obtint un lot près du bas de la rue Church. Le quai de Cooper était terminé à l’été de 1817 lorsque les premiers vapeurs commencèrent à naviguer sur le lac Ontario [V. James McKenzie*]. Au même moment, un groupe de marchands influents dirigé par William Allan* entreprenait la construction du Merchants’ Wharf.

Pendant quelques années, Cooper géra de front ses moulins sur la rivière Humber et son quai à York. En mars 1827, toutefois, il céda à son fils Thomas la plus grande partie de ses biens de la rivière Humber. En février 1828, il vendit son lot de grève, mais un mois plus tard il acheta le Merchants’ Wharf, qui était beaucoup plus long, et continua ses activités de transitaire, de marchand commissionnaire et de propriétaire de quai. Dans la soixantaine avancée, il épousa Isabella Watson, protégée de John Strachan* et de sa famille. Au printemps de 1830, comme il « trouvait les activités du Merchant’s Wharf trop exigeantes à son âge », il vendit ses intérêts portuaires à la firme d’Alexander Murray et de James Newbigging. Il mourut en 1840 à l’âge de 79 ans, après une longue maladie.

La carrière de William Cooper dans le Haut-Canada témoigne à la fois de sa polyvalence et de son opportunisme. Il savait déceler les besoins de ses concitoyens et fut souvent le premier à y répondre. Son peu de respect pour l’autorité lui valut de fréquents démêlés avec la justice sur des questions qui touchaient la corvée, les permis de taverne ou les taxes et même des poursuites pour voies de fait. Malgré tout, il fut un industriel prospère dans une colonie naissante, et ses diverses entreprises servirent à la fois ses intérêts personnels et ceux de ses concitoyens.

Edith G. Firth

AO, MS 75 ; RG 22, sér. 94.— APC, MG 23, HII, 6, 1 : 131 ; RG 1, E3, 12 : 81 ; 34, part. 2 : 151–152, 166 ; L3, 89 C1/119 ; 98 : C10/122 ; 147 : C misc. leases/60 ; RG 5, A1, particulièrement : 13950–13952, 28570–28573, 30657, 33793–33795 ; B9, 53 ; RG 7, G16C, 5 : 29, 38, 80, 129 ; 31 : 203 ; RG 68, General index, 1651–1841 : 162, 164.— MTRL, William Allan papers, account-books of Abner and [James] Miles, 1793–1809 ; William Cooper papers ; Humber Valley archive ; Abner Miles, day-book B, 1er sept. 1795–15 déc. 1796 ; Peter Russell papers.— Corr. of Hon. Peter Russell (Cruikshank et Hunter).— « Minutes of the Court of General Quarter Sessions of the Peace for the Home District, 13th March, 1800, to 28th December, 1811 », AO Report, 1932.— Town of York, 1793–1815 (Firth) ; 1815–34 (Firth).— York, Upper Canada : minutes of town meetings and lists of inhabitants, 1797–1823, Christine Mosser, édit. (Toronto, 1984).— Canadian Freeman, 1825–1834.— Church, 7 nov. 1840.— Colonial Advocate, 1824–1834.— Examiner (Toronto), 11 nov. 1840.— Upper Canada Gazette, 1793–1828.— John Andre, Infant Toronto as Simcoe’s folly (Toronto, 1971).— S. T. Fisher, The merchant-millers of the Humber valley : a study of the early economy of Canada (Toronto, 1985).— E. C. Guillet, Toronto from trading post to great city (Toronto, 1934).— K. M. Lizars, The valley of the Humber, 1615–1913 (Toronto, 1913 ; réimpr., 1974).— Ontario, Dept. of Planning and Development, Humber valley report (Toronto, 1948).— Robertson’s landmarks of Toronto.— T. W. Acheson, « The nature and structure of York commerce in the 1820s », CHR, 50 (1969) : 406–428.— Douglas McCalla, « The « loyalist » economy of Upper Canada, 1784–1806 », HS, 16 (1983) : 279–304.

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Edith G. Firth, « COOPER, WILLIAM (mort en 1840) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/cooper_william_1840_7F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
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