COLLIER, JOHN, officier, membre du Conseil de la Nouvelle-Écosse, juge de la Cour de la vice-amirauté et de la Cour suprême de la Nouvelle-Écosse, né en Angleterre, décédé à Falmouth, Nouvelle-Écosse, le 14 avril 1769.
La fondation de Halifax, en Nouvelle-Écosse, en 1749 permit à John Collier d’embrasser une nouvelle carrière. Alors capitaine à la retraite, on sait qu’il jouissait de la protection du comte de Halifax. Les qualités de Collier, qui, selon le gouverneur Edward Cornwallis*, « appartenait à la meilleure catégorie d’habitants », le destinaient à une nomination dans la colonie. Il devint juge de paix, le 18 juillet 1749, et membre du Conseil de la Nouvelle-Écosse, le 27 janvier 1752. Le 12 avril 1753, on lui confia le mandat de juge de la Cour de la vice-amirauté, poste de premier plan dans la colonie, en remplacement de Benjamin Green*.
C’est à ce poste qu’il contribua de façon remarquable au développement de la jeune colonie. La Cour de la vice-amirauté joua en effet un grand rôle dans l’administration de la justice en Nouvelle-Écosse, en particulier durant la guerre de Sept Ans. Collier, qui était alors président du tribunal, refusa fermement de se laisser influencer par les pressions locales. Sa position non équivoque en matière juridique explique en partie son impopularité auprès du gouverneur Charles Lawrence, qui tenta à plusieurs reprises de s’ingérer dans les décisions de la Cour. En août 1756, par exemple, Collier eut à examiner une pétition concernant l’Equito, navire français capturé par une escadre britannique au large de Louisbourg ; il déclara cette prise légale puisqu’elle avait été faite après la déclaration de la guerre au printemps. Lawrence lui ordonna d’arrêter les procédures, mais Collier refusa et imposa finalement ses vues. En avril 1757, il décida que le Patience, vaisseau hollandais capturé par le corsaire Musketto, qui avait son port d’attache à Halifax, ne constituait pas une prise de guerre. Peu après, il entérinait la plainte de cinq marins du Patience, qui accusaient le capitaine et l’équipage du Musketto « d’extrême cruauté et de vol de marchandises » ; il ordonna à ces derniers de restituer leur butin et de payer une indemnité aux propriétaires hollandais.
Collier s’opposa aussi à Lawrence en tant que membre du Conseil de la Nouvelle-Écosse. Secondé par Charles Morris*, un collègue du Conseil, et par Robert Grant, marchand écossais qui allait également devenir conseiller, Collier, en janvier 1758, porta plainte devant les autorités impériales contre la présumée conduite dictatoriale du gouverneur Lawrence. Dans une lettre adressée à son protecteur, le comte de Halifax, Collier mentionnait que les habitants de Halifax étaient « suffisamment alarmés [... que] dans six mois [l’on retrouverait] la province entièrement sous un gouvernement militaire ». Bien qu’il fût très tôt partisan du gouvernement représentatif, Collier se trouva pourtant en désaccord avec la première assemblée de la Nouvelle-Écosse, vers la fin de 1758, lorsque celle-ci, sous la conduite de George Suckling, exigea qu’il publiât la liste des droits perçus par la Cour de la vice-amirauté. Collier s’y opposa, alléguant qu’il détenait son poste de juge d’un mandat impérial et que par conséquent il ne devait aucun compte à l’assemblée ; ce refus lui valut une réprimande officielle de la part de celleci. II s’agissait là de la première querelle financière entre le conseil et l’assemblée.
Collier possédait une forte personnalité et des idées d’une grande cohérence, qualités dont il tira profit comme juge de la Cour de la vice-amirauté et qui expliquent aussi sa querelle soutenue au Conseil avec le juge en chef Jonathan Belcher*, lieutenant-gouverneur de 1761 à 1763, lequel était tout aussi opiniâtre. Collier travailla contre Belcher et, selon la procédure habituelle, adressa une pétition aux autorités impériales concernant « le genre de conduite irrégulière et irrésolue qui imprégnait toute l’administration du lieutenant gouverneur ». Après juin 1764, alors qu’il devint juge adjoint de la Cour suprême de la Nouvelle-Écosse avec Charles Morris, Collier continua de s’opposer à Belcher ; leurs disputes, devenues plus personnelles, étaient basées sur le refus de ce dernier de partager les responsabilités avec ses collègues juges.
Collier joua un rôle de premier plan dans la vie civile des premiers temps de Halifax. Il fut nommé syndic de l’église St Paul’s en 1759 et siégea au sein d’une commission chargée d’allouer les subventions du gouvernement à l’église. Il fut également capitaine de milice et membre du conseil d’administration qui fonda et soutint la Halifax Common.
Il assista au conseil pour la dernière fois en juin 1768. II mourut intestat en avril de l’année suivante, probablement sans s’être marié. Il avait acquis dans la région de Falmouth une propriété considérable que l’on dut vendre en entier pour faire face à de nombreuses dettes.
PAC, MG 11, Nova Scotia A, 62, pp. 51s. ; 69, pp. 174–191 ; 91, pp. 218–252 ; MG 18, F20.— PANS, RG 1, 164/2, pp. 277, 302–304 ; 206 ; 215 ; 216 ; 492 ; 493.— Nova Scotia Chronicle and Weekly Advertiser, 18 avril, 10 mai 1769.— Brebner, Neutral Yankees.— R. V. Harris, The Church of Saint Paul in Halifax, Nova Scotia : 1749–1949 (Toronto, 1949).— T. B. Akins, History of Halifax City, Coll of the N.S. Hist. Soc., VIII (1895).— D. G. L. Fraser, The origin and function of the Court of Vice- Admiralty in Halifax 1749–1759, Coll. of the N.S. Hist. Soc., XXXIII (1961) : 57–80.
William B. Hamilton, « COLLIER, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/collier_john_3F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1974 |
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