COLLIER, sir GEORGE, officier de marine, né le 11 mai 1738 à Londres, fils aîné de George Collier ; il épousa, le 3 septembre 1763, Christiana Gwyn (ils eurent un fils) et, en secondes noces, le 19 juillet 1781, à Exeter, Angleterre, Elizabeth Fryer (ils eurent deux fils et quatre filles) ; décédé le 6 avril 1795, à Londres.

Homme aux qualités de chef évidentes, George Collier devait connaître le succès dans sa carrière dans la marine royale ; il y entra en 1751 et, trois ans plus tard, il était promu lieutenant. En juillet 1762, il fut promu capitaine et, en 1775, fait chevalier. L’année suivante, lors de la guerre d’Indépendance américaine, comme membre de l’escadre du commodore William Hotham, il aida au transport des troupes hessoises jusqu’à la ville de New York. Là, il participa aux opérations du lieutenant général sir William Howe contre l’armée rebelle. Ce fut avec « un étonnement indicible et avec inquiétude » qu’il vit Howe négliger de détruire les forces américaines qui battirent en retraite après la bataille de l’île Long, le 27 août 1776.

Le mois suivant, Collier fut envoyé pour organiser la défense navale de la Nouvelle-Écosse ; il s’acquitta de ce commandement avec grand succès jusqu’à son départ, en 1778. Son escadre fut particulièrement heureuse relativement à la capture de navires américains ; à la fin de 1777, quelque 76 navires ennemis avaient été pris ou brûlés, dont un tiers peut-être étaient des navires britanniques d’abord saisis par les Américains. En juillet 1777, l’escadre captura le « vaisseau amiral » de la flotte de corsaires de la Nouvelle-Angleterre, le Hancock (32 canons). À titre d’officier naval le plus élevé en grade à Halifax, Collier était également responsable du regroupement des transports nécessaires à l’évacuation en France de la population des îles Saint-Pierre et Miquelon, forcée d’abandonner ses demeures par une escadre britannique au commandement du commodore John Evans, en 1778 [V. Charles-Gabriel-Sébastien de L’Espérance].

Face aux menaces d’une invasion de la Nouvelle-Écosse, Collier fit montre de la même initiative. Peu après son arrivée à Halifax, il dépêcha une escadre pour secourir le fort Cumberland (près de Sackville, Nouveau-Brunswick) dont la garnison, sous les ordres de Joseph Goreham, était assiégée par « un nombre insignifiant de bandits de la Nouvelle-Angleterre » ayant à leur tête Jonathan Eddy*. L’escadre arriva après que les attaques d’Eddy eurent été repoussées, mais débarqua des troupes qui collaborèrent avec la garnison à la déroute des rebelles le 29 novembre 1776. En juin 1777, Collier entendit dire qu’un groupe de rebelles s’était concentré à Machias (Maine) en vue de s’assurer une alliance avec les Indiens et d’attaquer la Nouvelle-Écosse. Rapidement, il dépêcha une force constituée de six navires, qui débarquèrent des troupes aux ordres du major de brigade Gilfred Studholme ; à la suite d’une escarmouche, la menace américaine fut réduite à néant.

Après le rappel du contre-amiral James Gambier, au printemps de 1779, Collier assuma le commandement de l’escadre nord-américaine. En mai, il transporta un corps expéditionnaire en Virginie et y captura ou brûla 137 navires ennemis. À son retour à New York, il assista à la prise du fort Lafayette (près de Verplanck). En août, Collier se porta au secours du fort Majebigwaduce (Castine, Maine) dont la garnison, sous les ordres du général de brigade Francis McLean, était assiégée par une troupe nombreuse composée d’Américains. Sa puissante escadre mit les Américains en déroute et détruisit leur flotte de 19 navires armés en guerre et de 24 navires de transport et de ravitaillement. Informé de ces succès, George III fit le commentaire suivant : « Il est remarquable que sir G. Collier, avec des effectifs si faibles, ait été capable, pendant ces cinq mois, de produire plus d’effets contre les rebelles que les amiraux qui commandaient de si grandes flottes. »

Les succès remarquables de Collier restèrent curieusement sans récompense. À son retour à New York, en provenance du Maine, il fut relevé de son commandement, qui de toute manière devait n’être que temporaire, par le contre-amiral Mariot Arbuthnot. Il servit plus tard dans la flotte de la Manche, fut présent au dégagement de Gibraltar en 1781, mais jamais plus il ne détint un commandement indépendant su : mer. Le fait qu’il ne reçut aucun grade supérieur à celui de capitaine ou qu’il n’obtint aucune autre reconnaissance publique pour ses services – il se porta deux fois candidat, en vain, à un titre de baronnet – amena Collier à résigner son commandement au sein de la flotte de la Manche, un peu plus tard en 1781. En 1784, il fut élu au parlement, y représentant Honiton. Il fut enfin promu contre-amiral en 1793, et vice-amiral l’année suivante ; en 1795, il fut nommé commandant en chef au mouillage de Nore, dans l’estuaire de la Tamise. Obligé de démissionner à cause de sa santé, Collier mourut en avril de cette même année. Il avait fait une petite fortune grâce à l’argent des prises, et le principal avoir menionné dans son testament est une somme de £16 667 placée à 3 p. cent dans les Consolidated Annuities.

Julian Gwyn

[George Collier], « To my inexpressible astonishment » : Admiral Sir George Collier’s observations on the battle of Long Island, L. L. Tucker, édit., N.Y. Hist. Soc., Quarterly (New York), XLVIII (1964) : 292–305.

Clements Library, Sir Henry Clinton papers.— National Maritime Museum, HIS/7, A detail of some particular services performed in America during the years 1776, 1777, 1778 and 1779, by Commodore Sir George Collier [...], G. J. Rainier, compil. ; JOD/9, A journal of the war in America by Sir George Collier.— PRO, Adm. 1/1 611–1 612 ; 6/19–21 ; PRO 30/8/124, ff.166–168 ; Prob. 11/1 259, ff.115–117. Sheffield City Libraries (Sheffield, Angl.), Wentworth Woodhouse Muniments, R.111/32–40.— Naval Chronicle (Londres), XXXII (1814) : 265–296, 353–400.— The private papers of John, Earl of Sandwich, first lord of the Admiralty, 1771–1782, G. R. Barnes et J. H. Owen, édit. (4 vol., Londres, 1932–1938), III : 135.— DNB. Namier et Brooke, House of Commons, II : 239.

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Julian Gwyn, « COLLIER, sir GEORGE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/collier_george_4F.html.

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Année de la publication:    1980
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