COCHRANE, JOHN, sculpteur, baptisé le 31 mars 1813 près de Perth, Écosse, fils de James Cochrane et d’Elizabeth Paton ; décédé célibataire le 31 juillet 1850 à Toronto.

En mai 1845, John Cochrane quitta l’Écosse pour Toronto en compagnie de sa mère et de ses frères, James et David. Artisans accomplis, les trois frères jouissaient d’une excellente réputation dans la région de Perth et tout le monde déplora leur départ. Même s’il n’était pas l’aîné, c’est apparemment John qui prit l’initiative de fonder une entreprise pour laquelle ils travaillèrent probablement tous les trois. Il fit paraître, le 31 août 1847, une réclame dans le British Colonist de Toronto pour annoncer à la population qu’il était « sculpteur sur marbre et sur pierre », spécialisé dans les « statues, blasons, monuments, pierres tombales, cadrans solaires, fonts baptismaux, vases, pièces décoratives pour cheminées, modelages, ornements et autres ».

Après son arrivée au pays, le sculpteur eut tôt fait de s’associer à l’architecte torontois William Thomas*, qui eut recours aux services des frères Cochrane pour toutes ses commandes importantes entre 1845 et 1850. John travailla avec lui à la décoration intérieure de l’église anglicane St Paul de London. Les ornements de pierre et de stuc de la cathédrale catholique St Michael de Toronto sont également son œuvre ainsi que les sculptures de pierre, dont un blason, qui ornent le gable central du palais épiscopal, situé juste au nord de la cathédrale. En 1850, les trois frères Cochrane travaillèrent à l’ornementation extérieure du chef-d’œuvre de Thomas à Toronto, le St Lawrence Hall. Parmi les décorations remarquables qu’ils y réalisèrent figurent les 16 chapiteaux corinthiens de la façade, ainsi que les consoles, guirlandes, rosaces et panneaux finement sculptés. Sur les clefs de voûte des trois entrées du rez-de-chaussée, ils sculptèrent trois têtes dont on dit qu’elles symbolisent respectivement les dieux du fleuve Saint-Laurent, du lac Ontario et des chutes du Niagara. C’est toutefois dans les blasons qu’on retrouve le travail de sculpture le plus raffiné de l’édifice. John Cochrane avait d’ailleurs déjà gagné la faveur populaire par les blasons qu’il avait sculptés avant 1850, grâce, entre autres, à celui qu’il avait réalisé peu après son arrivée à Toronto pour orner l’édifice de la Banque de l’Amérique septentrionale britannique, démoli depuis. Au fronton de la façade du St Lawrence Hall, il reproduisit les armes de la ville de Toronto combinées aux armes royales et aux statues en pied d’un Indien et de Britannia. Cette œuvre constitue presque certainement l’une de ses dernières réalisations.

Même si aucun document ne permet d’associer le nom de Cochrane à d’autres édifices, c’est probablement lui qui est l’auteur des nombreuses sculptures qui ornent la résidence personnelle de Thomas, Oakham House, au 322 de la rue Church. Il est également possible qu’en 1848 Cochrane ait travaillé à l’église (maintenant démolie) de la congrégation de John Jennings* située à l’angle sud-est des rues Richmond et Bay, un autre des projets de Thomas. Cochrane et Thomas n’étaient probablement pas seulement des associés, mais des amis : le portrait de Thomas sculpté dans la pierre sur un mur de l’entrée principale du palais épiscopal est beaucoup plus ressemblant que celui de Mgr Michael Power qui apparaît sur le mur opposé. On enterra Cochrane et Thomas dans des lots adjacents du cimetière St James de Toronto.

Après la mort de John, ses frères s’occupèrent de l’entreprise avec le tailleur de pierre Robert Pollock, sous le nom de Cochranes and Pollock. Cette association dura jusqu’à ce que David Cochrane et Pollock en forment une nouvelle en 1852.

En 1847, à l’occasion de l’exposition de la Toronto Society of Arts, Cochrane avait exposé une tête gothique sculptée dans la pierre (une tête d’ange réalisée d’après un dessin de Thomas) et les plans de l’intérieur de l’église St Paul. L’année suivante, il fit partie du comité d’administration de l’exposition, et cette fois il exposa une statue de plâtre qui représentait Joseph Brant [Thayendanegea*]. En 1848, à l’exposition du Toronto Mechanics’ Institute, il présenta un plâtre du blason royal, un cadran solaire rustique et la statue de Brant, qui était sa propriété. Cette statue lui valut bien des éloges en raison de l’abondance de détails authentiques, et il est possible qu’on l’ait utilisée comme modèle pour l’Indien que l’on retrouve sur le fronton de la façade du St Lawrence Hall.

Si John Cochrane demeure un personnage obscur dont les œuvres se confondent souvent avec celles de ses frères, il n’en reste pas moins que ses sculptures qui subsistent encore témoignent de la supériorité de son talent. Sa mort prématurée, à l’âge de 38 ans, priva sûrement sa ville adoptive d’un bon nombre de belles sculptures de pierre.

C. M. Pfaff et L. R. Pfaff

MTRL, Toronto, Mechanics’ Institute papers, D25.— Toronto Soc. of Arts, Toronto Society of Arts : first exhibition, 1847 [...] ([Toronto, 1847]) ; Toronto Society of Arts : second exhibition, 1848 [...] ([Toronto, 1848]).— British Canadian, and Canada West Commercial and General Advertiser (Toronto), 27 mars 1847.— British Colonist, 19, 26 mars, 31 août, 3 sept. 1847, 28 avril 1848, 2 août 1850.— Globe, 1er août 1850.— E. [R.] Arthur, Toronto, no mean city ([Toronto], 1964).— M. E. et Merilyn McKelvey, Toronto, carved in stone (Toronto, 1984).— C. D. Lowrey, « The Toronto Society of Arts, 1847–48 : patriotism and the pursuit of culture in Canada West », RACAR (Québec et Toronto), 12 (1985) : 3–44.

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C. M. Pfaff et L. R. Pfaff, « COCHRANE, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/cochrane_john_7F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
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