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CLINKSKILL, JAMES, homme d’affaires, milicien, homme politique, administrateur d’université et auteur, né le 11 mai 1840 ; baptisé le 7 juin suivant dans la paroisse d’East Greenock, Écosse ; fils de James Clinkskill, ingénieur, et de Josephine Marie Katrine Michel ; le 4 avril 1884, il épousa à Winnipeg Dora Babington Taylor, et ils eurent sept filles et un fils, puis en août 1918, à Saskatoon, Georgina Gibson, née Daunais ; décédé le 6 août 1936 à Saskatoon.
Il y a une différence de 13 ans entre l’information au sujet de la date de naissance de James Clinkskill (et de son frère jumeau Joseph) inscrite au registre paroissial d’East Greenock – soit le 11 mai 1840 – et celle que Clinkskill fournit lui-même – soit « mai 1853 » – lorsqu’il répondit à un questionnaire envoyé par Henry James Morgan*, qui élabora divers guides biographiques sur d’éminents Canadiens. C’est cette date erronée, ou parfois mai 1854, que mentionnent tous les comptes rendus publiés sur la vie de Clinkskill. Il est donc difficile d’établir avec certitude une chronologie des événements antérieurs à 1881, date à laquelle, d’après ses mémoires, il envisagea pour la première fois d’immigrer au Canada.
Selon ses dires, Clinkskill fréquenta le Madras College de St Andrews, en Écosse, avant de commencer, à l’âge de 17 ans, son apprentissage dans l’industrie du coton et du fil, à laquelle son père avait été lié pendant de nombreuses années. Il laissa son travail dans le secteur du textile pour acheter sa propre épicerie dans l’est de Glasgow. Après avoir vendu son commerce, Clinkskill quitta l’Écosse au début de 1882 pour tenter l’aventure et chercher un emploi plus rémunérateur au Canada, dans les Territoires du Nord-Ouest. Il arriva à Winnipeg en mars et, plus tard au cours de l’année, il ouvrit un magasin général à Prince Albert (Saskatchewan) avec Thomas E. Mahaffy ; l’année suivante, ils partirent pour Battleford, où les perspectives commerciales semblaient meilleures. Clinkskill s’installerait finalement à Saskatoon en 1899.
Clinkskill vécut deux événements majeurs de l’histoire des territoires ; il fut victime de l’un d’eux et prit une part active à l’autre. Dans son autobiographie, il donne un compte rendu de la rébellion du Nord-Ouest [V. Louis Riel*], dont il fut témoin, du point de vue d’un marchand de Battleford et d’un membre de la Home Guard locale. Les habitants de Battleford, parmi lesquels se trouvait Clinkskill, s’étaient réfugiés dans les casernes de la Police à cheval du Nord-Ouest, pendant que les Amérindiens saccageaient les bâtiments du village. La résidence de Clinkskill fut endommagée et dévalisée, et son magasin fut pillé avant d’être entièrement brûlé.
Le deuxième événement marquant fut l’élection, en 1888, de la première Assemblée législative des territoires. Clinkskill, d’allégeance conservatrice, fut élu membre pour Battleford, une circonscription électorale qui s’étendait sur 60 000 milles carrés. Il fut réélu en 1891 et en 1894, et ses dix années de service prendraient fin le 19 septembre 1898 ; ce fut toutefois pendant son premier mandat qu’il participa à un changement important au sein du gouvernement territorial. En novembre 1889, Clinkskill, avec Frederick William Gordon Haultain* et d’autres membres de l’Assemblée, s’opposa au conseil consultatif de Robert George Brett*, et joua par le fait même un rôle fondamental en aidant les Territoires du Nord-Ouest à obtenir un gouvernement entièrement responsable.
Même si Clinkskill manifestait une profonde admiration pour Haultain, les deux hommes différaient sur certaines questions. Nommé au premier Comité exécutif des territoires en décembre 1891, Clinkskill démissionna au mois de février suivant parce qu’il était en désaccord avec la politique éducative de Haultain, alors chef du comité. Ce dernier avait présenté un projet de loi qui contestait l’existence d’écoles séparées et l’instruction en français, deux éléments centraux de la plate-forme de Clinkskill [V. Alexandre-Antonin Taché*]. Clinkskill, presbytérien, avait de nombreux électeurs catholiques dans sa circonscription et tenait à faire valoir leurs intérêts. Il s’était par le passé publiquement opposé au double système scolaire, mais il avait fini par comprendre qu’il avait besoin de l’appui des catholiques pour conserver son poste. Pendant la course qui précéda l’élection de 1891, il s’engagea à soutenir les écoles séparées ; cette promesse, cependant, ne lui permit pas d’obtenir un nombre significatif de votes catholiques. Les résultats de la lutte de 1894 furent différents. Le jour de l’élection, un de ses partisans à Onion Lake colporta la rumeur que le candidat libéral avait fait prêter serment à un catholique sur une bible protestante. Clinkskill ne s’opposa pas à cette « ruse » (ce fut ainsi qu’il la décrivit) en sa faveur ; avec l’appui de ses électeurs, en grande partie catholiques, il l’emporta sur son adversaire.
En 1899, les Clinkskill quittèrent Battleford pour s’installer à Saskatoon ; James s’assit à l’arrière du chariot afin qu’aucun de ses enfants n’en tombe. Il partit parce que la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique avait construit une ligne qui traversait Saskatoon, tandis que la voie (longtemps promise) qui devait mener à Battleford ne s’était jamais concrétisée. Clinkskill prenait un risque : en 1901, Saskatoon ne comptait que 113 habitants et il était le premier marchand dans ce qui deviendrait le centre de la ville. Il laissa son magasin en pierre de la 1re avenue pour un immeuble de ciment dans la 21e rue, où serait bâtie la gare ferroviaire, puis occupa finalement un édifice en brique sur la 2e avenue, l’artère principale de Saskatoon. Comme marchand, il prendrait sa retraite en 1923.
Clinkskill reprit sa carrière politique à Saskatoon ; il fut membre de l’Assemblée législative territoriale de 1902 à 1905, époque pendant laquelle la création de l’Alberta et de la Saskatchewan fit l’objet de débats, et entra par la suite en politique municipale. Il était maire lorsque, en 1906, Saskatoon devint officiellement une ville, ainsi qu’en 1911–1912, lorsqu’il supervisa les dernières années d’une période de croissance rapide et de courte durée dans le développement de la ville. Il fut de nouveau candidat à la mairie en 1916, mais il perdit l’élection. Comme d’autres notables, il prit part à des consortiums commerciaux. Il fut l’un des directeurs de la J. C. Drinkle Company, qui implanta le téléphone à Saskatoon. Il fut également associé dans une entreprise de blocs de béton et membre d’un groupe qui proposait de construire un barrage sur la rivière Saskatchewan à des fins énergétiques ; ce dernier plan échoua. Il se joignit aux francs-maçons, dont il deviendrait membre à vie en 1926. Il servit aussi grandement sa communauté. Il fut cofondateur de l’Associated Charities, association visant à soulager les pauvres à Saskatoon, et du Fonds patriotique canadien, et fut le principal organisateur de la Returned Soldiers’ Welcome and Aid League. Comme son unique fils, James Thomas, avait combattu et péri au cours de la Première Guerre mondiale, ces deux derniers organismes furent sans doute particulièrement importants pour lui.
La contribution la plus durable de Clinkskill à la communauté fut cependant l’aide qu’il apporta à la création de la University of Saskatchewan [V. Walter Charles Murray*]. En 1907, il avait fait partie des neuf administrateurs universitaires nommés dans le but de déterminer la portée, le but et l’emplacement du futur établissement. Bien qu’il ait été un conservateur toute sa vie, Clinkskill donna son appui à un libéral, Archibald Peter McNab*, à l’élection provinciale de 1908, en raison de la promesse faite par ce dernier d’établir la nouvelle université à Saskatoon ou de démissionner. McNab tint sa promesse. Lorsqu’on annonça, le 8 avril 1909, que l’université verrait le jour à Saskatoon, Clinkskill, son collègue administrateur William J. Bell et McNab furent traités en héros. Clinkskill écrivit dans ses mémoires, à propos de la réception faite aux trois hommes à leur retour de Regina, que « les sifflets à vapeur sifflaient et les cloches sonnaient et les acclamations et les hourras retentirent jusqu’à ce que les gorges deviennent douloureuses ». L’implication de Clinkskill au sein du conseil et auprès de la direction de l’université se poursuivrait jusqu’en 1925.
En 1917, Clinkskill termina le compte rendu de sa vie dans les Territoires du Nord-Ouest et en Saskatchewan. Intitulé A prairie memoir, le récit s’arrête en 1912. Il présente aux lecteurs un récit personnel et détaillé des vies et des événements qui façonnèrent la région.
Lorsque James Clinkskill mourut, le 6 août 1936, il avait survécu à presque tous les premiers bâtisseurs de Saskatoon. Son inhumation au cimetière Woodlawn fut menée par sa loge maçonnique.
James Clinkskill est l’auteur de A prairie memoir : the life and times of James Clinkskill, 1853–1936, S. D. Hanson, édit. (Regina, 2003).
NRS, OPR Births & Baptisms, Greenock East (Renfrew), 11 mai 1840 (aussi accessible en ligne à www.scotlandspeople.gov.uk).— Saskatoon Star-Phoenix, 4 mars 1932.— D. [C.] Kerr et S. [D.] Hanson, Saskatoon : the first half-century (Edmonton, 1982).— M. R. Lupul, The Roman Catholic Church and the North-West school question : a study in church-state relations in western Canada, 1875–1905 (Toronto, 1974).— L. H. Thomas, The struggle for responsible government in the North-West Territories, 1870–1897 (Toronto, 1956).
Donald Cameron Kerr, « CLINKSKILL, JAMES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/clinkskill_james_16F.html.
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Auteur de l'article: | Donald Cameron Kerr |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2015 |
Année de la révision: | 2015 |
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