CLAIRAMBAULT D’AIGREMONT, FRANÇOIS, commissaire de la marine au Canada, baptisé à Nuits-sur-Armançon (Yonne) le 26 mars 1659, mort célibataire à Québec le 1er décembre 1728.
Le père de François, Claude Clairambault, d’abord marchand, devint juge et notaire royal à Nuits. Il était cousin germain du premier commis de la marine, Nicolas Clairambault (1643–1730), du commissaire général de la marine, Charles Clairambault (1645–1720), et du célèbre généalogiste des ordres du roi, Pierre Clairambault (1651–1740). Les Clairambault, établis à Séboncourt (Aisne), auraient émigré dans la région de Nuits-sur-Armançon vers 1630. Le nom d’Aigremont provient d’une métairie, en ruine dès 1666, située dans la paroisse d’Étivey, canton de Noyers (Yonne). Les Clairambault n’étaient donc pas originaires de Franche-Comté comme le pensait P.-G. Roy.
On ne sait que peu de chose sur les débuts de la carrière de François. Il semble avoir été quelque temps intéressé dans les Fermes du Domaine d’Occident et, le 15 mai 1685, Louis XIV lui fit don de successions vacantes ouvertes à Saint-Domingue et aux îles d’Amérique. Grâce sans doute à des protections familiales, il entra au service de la marine à Dunkerque comme « inspecteur » à une date qu’il est impossible de préciser. Le 26 novembre 1683, l’intendant à Dunkerque, Jean-Baptiste Patoulet*, écrit au ministre pour faire l’éloge d’Aigremont « qui travaille icy depuis quelques années avec une aplication et une sagesse extraordinaire jointe à une fidélité éprouvée ». Le 1er juillet 1684, il devient secrétaire de Patoulet. Dans une requête de 1716, il prétendra avoir travaillé « trois ans au bureau du temps de M. de Seignelay » sans préciser à quelle époque, probablement vers 1685. Le 1er juillet 1690, on le retrouve secrétaire de l’intendant de la marine au Havre, Louvigny d’Orgemont, parent de Seignelay. Il exercera ces fonctions jusqu’à ce qu’il reçoive, le 1er juin 1701, une commission de commissaire de la marine au Canada où il va remplacer Tantouin de La Touche et débarquera à Québec, de la Seine, le 4 septembre 1701. Il était alors noté « très honneste homme, entendu et bon sujet ». Mais, l’année suivante, Louis XIV crée des charges vénales de commissaires et Clairambault se voit sommé d’en acheter une pour être maintenu dans ses fonctions. Lui qui se plaindra toujours d’être né sans bien ne peut trouver les 30 000# nécessaires et il exhale quelque amertume en déclarant « trouver rudde qu’après 20 ans de continuels et dés intéréssés services, on m’ait envoyé si loin chercher un employ pour m’en laisser jouir si peu de temps ».
L’intendant François de Beauharnois* de La Chaussaye, qui l’apprécie, arrange les choses en le prenant comme secrétaire avec 400# d’appointements supplémentaires, et le nomme, dès 1703, son subdélégué à Montréal, de sorte que presque rien n’est changé à ses attributions.
De toute évidence Clairambault est bien vu. En 1705, Pontchartrain [Phélypeaux] le recommande à l’intendant Jacques Raudot et, en 1707, on lui donne une importante marque de confiance en le chargeant d’une mission d’inspection dans les postes de l’intérieur « pour examiner, lui écrit le ministre, le commerce qui s’y fait et scavoir précisément l’estat auquel sont ces postes et si ceux qui y commandent ne font point le commerce déffendu [...] il faut que vous appronfindissiez sur les lieux l’utilité et l’inutilité de chacun [...] parce que Sa Majesté se déterminera sur ce que vous escrirez pour conserver les premiers et abandonner les autres ».
Clairambault quitte Montréal le 5 juin 1708 et s’acquitte de sa mission avec soin. Il en résume les conclusions dans un long rapport du 14 novembre 1708 qui reçut l’approbation ministérielle. « Sa Majesté y a reconnu tant de bonne foy qu’elle a résolu de suivre ses avis ». Lorsque Raudot regagne la France, c’est à Clairambault qu’il confie l’intérim de l’intendance et celui-ci l’exercera pendant près d’un an (novembre 1711 octobre 1712). Bégon*, successeur de Raudot, écrit que « les lumières et les veues du s. d’Aigremont luy seront d’un grand secours » ; aussi le nomme-t-il, fin 1712, contrôleur de la marine, le charge de récupérer les épaves de la flotte anglaise perdue dans le Saint-Laurent et demande pour lui une gratification. Mais les caisses du royaume sont vides et le pauvre contrôleur recevra seulement une lettre du ministre l’assurant qu’il est «très content de la manière dont [il sert] en Canada ».
La vénalité des charges de commissaire ayant été supprimée en 1716, Clairambault demanda à être réintégré dans son grade et cette requête fut chaudement appuyée par Rigaud de Vaudreuil et Bégon qui louèrent une fois de plus sa droiture et sa capacité. Il reçut donc une nouvelle commission le 17 février 1717. Sur la recommandation de ces derniers, une augmentation de solde de 600# lui fut accordée en 1724. Mais la fin de sa carrière fut assombrie par l’incendie du palais de Québec, survenu le 28 décembre 1725, dans lequel il perdit tout ce qu’il possédait, au demeurant peu de chose, environ 4 000# en meubles, argent et hardes. Les administrateurs demandent pour lui une indemnité qu’ils ne semblent pas avoir obtenue. En 1728, l’intendant Dupuy est rappelé et Clairambault se voit encore une fois confier l’intérim. Le 12 octobre, il rend une sentence contre l’intendant pour le condamner à payer diverses sommes dues à la caisse du roi. Le 20 octobre, paraît sous sa signature une ordonnance relative au commerce du castor. Le 4 décembre suivant, il était inhumé dans la cathédrale de Québec.
Clairambault fut, écrit le gouverneur général Charles de Beauharnois*, « universellement regretté [...] son désintéressement a esté si grand pendant sa vie qu’on n’a pas trouvé à sa mort de quoy l’enterrer ». Rarement officier n’a fait l’objet d’un tel concert de louanges, sans la moindre réserve.
Archives de la Côte d’Or (Dijon), C 2 885, 307 *— Archives d’Yonne (Auxerre), B, suppl. 225.— AN, Minutier, XCV, 41 ; Col., B, 22, f.275v. ; 23, ff.103v., 235 ; 27, f.30 ; 29, ff.89, 126 ; 30, ff.131, 169 ; 33, f.367v. ; 34, f.322 ; 35, f.306 ; 36, f.405 ; 37, f.141V. ; Col., C11A : 18, f.42 ; 19, ff.98, 223, 225 ; 20, ff.75v., 121, 217, 218 ; 21, f.104v. ; 22, f.206v. ; 29, f.26 ; 31, f.172 ; 32, ff.10, 222v. ; 33, ff.15v., 113, 131v., 260 ; 34, ff.104, 322 ; 35, f.232 ; 36, ff.27, 170 ; 45, f.70 ; 46, ff.6, 20, 189, 425 ; 49, ff.147, 532 ; 50 ; Col., E, 82 ; Marine, C2, 55.— BN, Cabinet des titres, Dossiers bleus 189, 4 919s.— Charland, Notre-Dame de Québec : le nécrologe de la crypte, BRH, XX (1914) : 181.— Le Jeune, Dictionnaire.— P.-G. Roy, François Clairambault d’Aigremont, BRH, XII (1906) : 114–118 ; Jean-Baptiste de Silly, BRH, XXII (1916) : 313 ; Les commissaires ordinaires de la marine en Nouvelle-France, BRH, XXIV (1918) : 53.
Étienne Taillemite, « CLAIRAMBAULT D’AIGREMONT, FRANÇOIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/clairambault_d_aigremont_francois_2F.html.
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Auteur de l'article: | Étienne Taillemite |
Titre de l'article: | CLAIRAMBAULT D’AIGREMONT, FRANÇOIS |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1969 |
Année de la révision: | 1991 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |