CHAPERON, JOHN (baptisé Jean), notaire et fonctionnaire, né le 1er avril 1825 à La Malbaie, Bas-Canada, fils de Michel Chaperon, négociant, et de Constance Simard ; décédé le 13 novembre 1851 à Rivière-du-Moulin (Chicoutimi, Québec).

John Chaperon appartenait à une famille originaire de Berne, en Suisse, qui fit souche dans la région de Charlevoix. Il fréquente l’école primaire de La Malbaie. Il semble cependant qu’il n’ait pas fait d’études classiques. Vers 1842, il entre comme clerc de notaire dans l’étude de Laughlan Thomas Macpherson, à Québec, où il fait son stage. Le 2 décembre 1847, à l’âge de 22 ans, Chaperon reçoit sa commission de la Chambre des notaires de Québec. Le 18 janvier 1848, il épouse à Québec Aurélie-Rosalie Bolduc, fille de Henri Bolduc, notaire de cette ville, et de ce mariage naîtront trois enfants. Quelques mois plus tard, il quitte Québec avec sa jeune épouse pour aller s’installer à Rivière-du-Moulin, près de Chicoutimi.

Premier notaire à se fixer dans la région du Saguenay, Chaperon y passe son premier acte le 18 avril 1848. Peter McLeod, maître incontestable des lieux à l’époque, ne tarde pas à en faire son notaire attitré. Montagnais par sa mère et associé dans le commerce du bois à William Price*, de Québec, McLeod faisait valoir son titre de fils du sol en vertu duquel il pouvait revendiquer tous les droits sur les terres et les forêts des environs. Une analyse du minutier de Chaperon a d’ailleurs permis de constater l’entêtement de McLeod à défendre ses droits. Ses prétentions ambitieuses lui occasionnent de nombreux démêlés avec les colons de l’endroit. Des 378 actes passés par Chaperon, 66 le sont à la demande expresse de McLeod. Les protêts occupent une place d’honneur (18 actes), suivis de près par les confessions de jugements en faveur de McLeod (17 actes). Viennent ensuite, par ordre d’importance, les quittances, les prêts, les procurations, les transports de dettes et enfin une résiliation de vente.

Le minutier de Chaperon décrit à sa façon la foule anonyme des petites gens, ces hommes qui sont avant tout des ouvriers de la forêt. Chose surprenante, tous s’attribuent le titre de cultivateur. À travers cette toile de fond du petit peuple besogneux surgissent ici et là certains individus qui se réclament d’un titre pompeux : les maîtres navigateurs, les maîtres arrimeurs, les maîtres mesureurs de bois, les maîtres forgerons, sans parler bien sûr du maître boulanger, du maître cordonnier et du maître meublier.

Dans cette société chicoutimienne nominalement bien structurée apparaît, à un degré plus élevé, la classe dite bourgeoise, représentée par le gérant McLeod, le médecin Pierre-Cyrille-Adolphe Dubois, beau-frère de Chaperon, l’agent général George Forest et le curé Jean-Baptiste Gagnon. Il ne faut pas oublier non plus les commis-marchands, le contremaître général, le teneur de livres, le maître d’école et les huissiers.

Notaire de la place, Chaperon vient dans cette hiérarchie tout au haut de l’échelle sociale, à peine au-dessous de McLeod. Pourtant, ses revenus personnels, tirés de l’exercice de sa profession, ne sont pas exorbitants. À la fin de chaque année, il en fait un bilan consciencieux. En 1848, il inscrit 84 actes qui lui donnent un revenu de £54 4 shillings. En 1849, il atteint un sommet : 163 actes pour une somme de £104 17 shillings 6 pence. En 1850, il doit se disputer la clientèle avec un nouveau venu, Ovide Bossé, qui s’installe à Chicoutimi. Du coup, les gens délaissent son cabinet, et il ne rédige alors que 79 actes, ce qui lui rapporte la modeste somme de £46 17 shillings 6 pence. Le 31 octobre de cette année-là, il est nommé greffier à la Cour de circuit de Chicoutimi, et le revenu d’appoint qu’il tire de l’exercice de sa nouvelle charge est fort bien accepté dans les circonstances. En 1851, il rédige seulement 52 actes, dont le dernier le 21 octobre, qu’il n’aura pas le temps de comptabiliser.

John Chaperon meurt prématurément à Rivière-du-Moulin le 13 novembre 1851, à l’âge de 26 ans. Il est inhumé deux jours plus tard dans le cimetière de la paroisse Saint-François-Xavier, à Chicoutimi. Surtout connu comme le premier notaire de la région du Saguenay, Chaperon a laissé un minutier peu considérable, mais qui constitue une source de renseignements précieux sur la vie économique, politique et sociale de ce coin de terre bas-canadienne en train de passer du stade de l’établissement purement forestier vers la fin des années 1840 à celui de colonie agricole.

Jean-Paul Simard

Le minutier de John Chaperon, contenant des actes passés entre 1848 et 1851, est conservé aux ANQ-SLSJ, sous la cote CN1-3.

ANQ-Q, CE1-1, 18 janv. 1848 ; CE4-3, 1er avril 1825.— ANQ-SLSJ, CE1-2, 15 nov. 1851.— APC, RG 68, General index, 1841–1867 : 35.— Arch. de la Compagnie Price Limitée (Chicoutimi, Québec), nº 699.— Le Canadien, 24 nov. 1851.— Frère Éloi-Gérard [Talbot], Recueil de généalogies des comtés de Charlevoix et Saguenay depuis l’origine jusqu’à 1939 (La Malbaie, Québec, 1941), 118.— J.-E. Roy, Hist. du notariat, 3 : 175.— Léonidas Bélanger, « les Notaires du Saguenay », Saguenayensia (Chicoutimi), 8 (1966) : 128–130.

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Jean-Paul Simard, « CHAPERON, JOHN (baptisé Jean) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/chaperon_john_8F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
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