Titre original :  CHABERT Joseph-Bernard marquis de COGOLIN (1724-1805)

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CHABERT DE COGOLIN, JOSEPH-BERNARD DE, marquis de CHABERT (il signait tantôt Chabert, tantôt Chabert-Cogollin), officier de marine et hydrographe, né le 28 février 1724 à Toulon, France, fils de Joseph-François de Chabert et de Madeleine de Bernard ; le 1er décembre 1771, il épousa Hélène-Marguerite-Barbe Tricher ; décédé le 1er décembre 1805 à Paris.

Petit-fils d’un chef d’escadre et fils aîné d’un capitaine de vaisseau qui mourut de blessures reçues au combat, Joseph-Bernard de Chabert de Cogolin suivit la tradition familiale en entrant dans la marine, comme garde-marine, en juillet 1741. Après plusieurs voyages dans la Méditerranée, au cours desquels il s’intéressa à la science et fit montre de talent pour la cartographie, ce qui attira sur lui l’attention du ministre de la Marine, il fut nommé sous-brigadier des gardes-marine et cantonné à Brest. En 1746, il fit deux voyages pour reconnaître les côtes d’Acadie et corriger les défauts des cartes françaises. Pendant qu’il était à bord de la frégate Castor, il dressa une carte de la rade et du havre de la baie de Chibouctou (havre de Halifax) ; plus tard, la même année, il fut envoyé, à bord de la Sirène, reconnaître le port d’Annapolis Royal et espionner les navires britanniques qui y mouillaient. Le printemps suivant, il se joignit à l’escadre de Jacques-Pierre de Taffanel* de La Jonquière, à bord de la Gloire, et fut fait prisonnier par les Britanniques pendant la bataille qui se déroula au large du cap Ortegal, en Espagne. Rapatrié, Chabert fut promu enseigne en avril 1748 et retenu à Paris par le ministre qui voulait qu’il apprît l’astronomie, de façon à pouvoir l’enseigner aux officiers de marine. Deux ans plus tard, il fut désigné pour aller à l’île Royale (île du Cap-Breton) et pour continuer son examen des côtes de l’Acadie. Son expédition fut organisée par Roland-Michel Barrin* de La Galissonière, alors chef du Dépôt des cartes et plans de la Marine, à Paris.

Chabert arriva à Louisbourg en août 1750 et entreprit immédiatement une longue série d’observations sur les eaux de l’île Royale. En dépit d’un mauvais temps persistant, il entra dans ce qui est maintenant le détroit de Canso, en calcula la longitude à partir de la rive et par deux fois en observa la latitude astronomique. Il nota aussi le mouvement des marées et les variations du compas, puis dressa une carte du détroit. À Canso même, il fit des observations semblables et dessina une seconde carte avant de retourner à Louisbourg. Il fit alors les relevés hydrographiques des côtes de l’île Royale, à partir de l’île Guyon, au sud-ouest du cap Gabarus, en direction nord, jusqu’au delà de l’île Scatarie. Pendant l’hiver, il fit construire un abri sur les remparts de Louisbourg et, malgré le climat rigoureux, il réussit avant le printemps à établir la longitude de la ville. En juin 1751, il partit pour le cap de Sable, à l’extrémité sud-est de la Nouvelle-Écosse, pour en déterminer la latitude et la longitude, puis il suivit la côte. À la fin de son exploration, il découvrit que la longueur de la Nouvelle-Écosse était environ de 15 à 20 lieues plus courte que ne le montraient les cartes contemporaines. Le mois suivant, il réussit à situer correctement l’île de Sable et, en août, il dressa la carte de la côte sud de Terre-Neuve, du cap Ray au cap Race.

Parti pour la France en novembre, Chabert fut attaché au Dépôt de la Marine, sous la direction de La Galissonière ; il y prépara ses relevés, en vue de les publier. Ils parurent en 1753 sous le titre de Voyage fait par ordre du roi en 1750 et 1751, dans l’Amérique septentrionale [...]. L’ouvrage comporte deux parties : la première constitue un abrégé de son journal, accompagné de cartes ; la seconde est consacrée à ses observations astronomiques. Il contient le relevé hydrographique le plus exact qui avait été fait jusque-là de la côte est ; le ministre de la Marine en subventionna la publication, se réservant 200 exemplaires pour ses propres besoins. En 1754, Chabert fut fait chevalier de Saint-Louis en récompense de ses services ; deux ans plus tard, il était promu lieutenant.

Chabert servit en mer pendant une courte période entre 1756 et 1758, puis il retourna au Dépôt de la Marine. Pendant le quart de siècle qui suivit, il fit de fréquentes communications à l’Académie des sciences, dont il devint membre en 1758. En 1760, il contribua grandement au choix d’un endroit, dans l’océan Pacifique, devant permettre aux Français d’observer le passage de Vénus sur le disque du soleil. Au cours de la décennie suivante, Chabert se consacra à la cartographie de la Méditerranée, qu’il avait commencée dans les années 1750. En 1771, il fut promu capitaine de vaisseau, et, deux ans plus tard, il devenait chef adjoint du Dépôt de la Marine. Il fut encore promu brigadier des armées navales en 1776. Après la signature de l’alliance franco-américaine, Chabert obtint le commandement du Vaillant (1778–1779) dans l’escadre des Antilles du vice-amiral Jean-Baptiste-Charles d’Estaing ; il servit plus tard (1781–1782) sous les ordres du contre-amiral François-Joseph-Paul de Grasse. Le 5 septembre 1781, il fut gravement blessé pendant un engagement contre cinq navires de ligne de la flotte de Thomas Graves. Il fut promu chef d’escadre en janvier 1782.

Le 1er janvier 1792, en récompense de ses longues années de service, Chabert fut élevé au grade de vice-amiral. La Révolution le força à fuir en Angleterre ; il rentra en France en 1802. Pendant qu’il travaillait à son dernier grand ouvrage, un atlas maritime général de la Méditerranée, il fut frappé de cécité. À sa mort, il avait reçu tous les honneurs que son pays pouvait conférer : doyen des amiraux de la marine française, commandeur de l’ordre de Saint-Louis et membre de l’Académie des sciences et de l’Académie de marine. Il était aussi membre d’organismes scientifiques à Berlin, Stockholm et Cologne, ainsi que de la Royal Society of London. Sa longue carrière avait été marquée au coin de la compétence dans le domaine hydrographique et du courage au combat.

James Pritchard

Joseph-Bernard de Chabert de Cogolin est l’auteur de Voyage fait par ordre du roi en 1750 et 1751, dans l’Amérique septentrionale, pour rectifier les cartes des côtes de l’Acadie, de l’ isle Royale & de l’ isle de Terre-Neuve ; et pour en fixer les principaux points par des observations astronomiques (Paris, 1753 ; réimpr., [East Ardsley, Angl., et New York], 1966).

La plus grande partie des renseignements concernant Chabert se trouvent aux AN, Marine, C7, 58 (dossier Chabert-Cogolin) ; ce dossier est plus complet que la plupart des autres. Parmi les autres sources manuscrites, mentionnons : AN, Marine, B2, 343 : f.413 ; B3, 535 : f.123 ; B4, 63 : ff.261–261v. ; 3JJ, 272–273 ; et Bibliothèque nationale (Paris), mss, Fr., 12224 : ff.405–406. Trois des lettres de Chabert conservées aux AN, Marine, 3JJ, et le rapport de son expédition à Louisbourg lu devant l’Académie des sciences de Paris en 1753 ont été reproduits dans Roland Lamontagne, Chabert de Cogolin et l’expédition de Louisbourg (Montréal, 1964). Des notices biographiques apparaissent dans Biographie universelle (Michaud et Desplaces) ; DBF ; Nouvelle biographie générale [...], [J.-C.-F.] Hoefer, édit. (46 vol., Paris, 1852–1866).  [j. s. p.]

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James Pritchard, « CHABERT DE COGOLIN (Chabert, Chabert-Cogollin), JOSEPH-BERNARD DE, marquis de CHABERT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/chabert_de_cogolin_joseph_bernard_de_5F.html.

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Auteur de l'article:    James Pritchard
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
Année de la révision:    1983
Date de consultation:    28 novembre 2024